Les bénéfices d'ExxonMobil et Chevron rognés par le raffinage et les cours du gaz

Les bénéfices des géants américains du pétrole et du gaz ExxonMobil et Chevron ont été affectés au premier trimestre par des marges réduites dans le raffinage et par une...

Une raffinerie de Chevron à El Segundo (Californie), le 26 janvier 2022 © Patrick T. FALLON
Une raffinerie de Chevron à El Segundo (Californie), le 26 janvier 2022 © Patrick T. FALLON

Les bénéfices des géants américains du pétrole et du gaz ExxonMobil et Chevron ont été affectés au premier trimestre par des marges réduites dans le raffinage et par une baisse des cours du gaz naturel.

"Le bénéfice a diminué parce que les marges du secteur du raffinage et les prix du gaz naturel ont baissé par rapport aux plus hauts de l'année dernière, pour retrouver un niveau dans la moyenne des dix dernières années", a expliqué ExxonMobil.

Aux Etats-Unis, les cours du gaz naturel ont en effet baissé de 32% sur un an.

Entre janvier et mars, le groupe de Spring (Texas) a engrangé un chiffre d'affaires de 83,08 milliards de dollars (-4% sur un an) et un bénéfice net de 8,22 milliards (-28,1%), qui est inférieur au consensus des analystes de Factset. D'autres éléments ont également pesé sur ses performances, mais dans une moindre mesure.

A l'inverse, ExxonMobil a profité de volumes "plus importants" grâce à ses activités au Guyana et à l'agrandissement de sa raffinerie de Beaumont (Texas).

Cumulés à des réductions de coûts structurels, cela a permis de compenser, entre autres, la baisse des volumes due aux cessions et des dépenses de maintenance plus élevées.

La chute du bénéfice "a été un peu plus sévère que prévu", a relevé Peter McNally, analyste chez Third Bridge, reconnaissant que les cours du gaz naturel s'étaient "effondrés". 

A l'inverse, il a souligné une production de pétrole plus dynamique que chez ses concurrents, grâce à "l'essor" au Guyana.

Ce nouvel eldorado des énergies fossiles est d'ailleurs au coeur d'un litige impliquant notamment ExxonMobil et Chevron, qui fait l'objet d'une procédure d'arbitrage.

L'objet des convoitises est plus précisément l'immense champ pétrolier Stabroek Block, au large du Guyana.

Eldorado de l'or noir

Il appartient à ExxonMobil (45%), à l'entreprise chinoise Cnooc (25%) et au groupe américain Hess (30%). Chacun peut refuser l'acquisition du champ par une tierce partie.

Or Chevron a annoncé fin 2023 le rachat de Hess pour 53 milliards de dollars, en étant particulièrement motivé par sa part dans Stabroek. Il a indiqué fin février qu'il pourrait renoncer à Hess, s'il était refusé par les deux autres.

"Nous avons demandé au tribunal d'entendre les arguments au troisième trimestre, pour une décision au quatrième trimestre", a indiqué Mike Wirth, PDG de Chevron, lors d'une audioconférence avec des analystes consacrée aux résultats du premier trimestre.

"Nous ne voyons aucune raison légitime pour retarder ce calendrier qui correspond à la position d'Exxon", a-t-il souligné, précisant que cela permettrait de finaliser l'acquisition de Hess "peu après", en fonction de l'issue de l'arbitrage.

"Si la décision est défavorable à Chevron, nous pensons que la rationalité de la fusion (avec Hess) se dissipera considérablement", a commenté Stewart Glickman, analyste de CFRA.

Contrairement à ExxonMobil qui n'a répondu pas aux attentes des analystes, Chevron a annoncé vendredi matin des résultats pour le premier trimestre conformes au consensus tout en étant en recul sur un an.

Pour les mêmes raisons que son concurrent texan: la baisse des marges de raffinerie et des cours du gaz naturel. Et, tout comme pour ExxonMobil, la hausse des volumes de production l'a partiellement compensée.

Le groupe de San Ramon (Californie) a réalisé un chiffre d'affaires de 48,72 milliards de dollars, contre 50,79 milliards un an plus tôt. Son bénéfice net a reculé à 5,50 milliards, contre 6,57 milliards au premier trimestre 2023.

La production au Kazakhstan lui a également donné satisfaction, permettant de compenser en partie un temps d'arrêt planifié au Nigeria.

Chevron explique avoir, au cours du trimestre, pris la décision finale d'accroitre ses infrastructures pour augmenter la capacité d'extraction du champs de gaz naturel Tamar en Israël, s'être retiré au 1er avril d'actifs non opérationnels en Birmanie et avoir conclu un accord de prise de participation de 60% dans un bloc d'exploration en mer AREA OFF-1 en Uruguay.

Il n'est pas le seul à avoir eu un gros appétit en 2023: ExxonMobil a lancé le rachat de Pioneer Natural Resources, pour environ 60 milliards de dollars, dont il espère toujours la finalisation au deuxième trimestre.

Cette opération doit le renforcer dans le pétrole et le gaz de schiste.

Les actionnaires de Pioneer ont donné leur feu vert à la fusion le 7 février, a indiqué le PDG Darren Woods, qui a fait part de discussions "constructives" avec l'Autorité américaine de la concurrence (FTC), lors d'une audioconférence distincte avec des analystes.

"Nous sommes très confiants dans le fait que l'opération ne crée pas de problèmes anticoncurrentiels", a-t-il poursuivi, évoquant un potentiel de "synergies importantes" avec cette union.

A la clôture de la Bourse de New York, l'action ExxonMobil cédait 2,78% et celle de Chevron gagnait 0,37%.

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