Les experts-comptables des Hauts-de-France tiennent leur assemblée générale
Réunis en congrès les 18 et 19 novembre à Amiens, les experts-comptables des Hauts-de-France ont tenu leur assemblée générale ce mercredi. L’occasion de revenir sur les évolutions qui traversent leur profession.
Le Campus 2025 de l’Ordre des experts-comptables des Hauts-de-France, a réuni 300 experts-comptables et 150 experts-comptables stagiaires à la Mégacité d'Amiens, les 18 et 19 novembre, Lors du second jour, s'est déroulée l’assemblée générale. «Nous comptons aujourd’hui 22 000 experts-comptables en France et dans les Outre-mer, ainsi que 190 000 collaborateurs. Ce chiffre connaît une augmentation régulière et, malgré quelques difficultés de recrutement, on peut dire que la profession se porte plutôt bien», souligne, à cette occasion, Damien Charrier, président du Conseil national de l’Ordre des experts-comptables.
Ce dernier a également rappelé que près de 3,5 millions d’entreprises étaient accompagnées par un expert-comptable, soit la moitié des acteurs assujettis à la TVA. «Nous avons une place centrale dans ce tissu économique, et cela nous oblige», observe Damien Charrier. Alors que l’Ordre fête cette année son 80ᵉ anniversaire, Corinne Renart, présidente de l’Ordre des experts-comptables des Hauts-de-France, a de son côté souligné à quel point 2025 était une année charnière pour le secteur. «Deux grandes révolutions majeures s’invitent dans nos cabinets et redessinent notre quotidien : la facturation électronique et l’intelligence artificielle», pointe-t-elle.
La facturation électronique devient une réalité
À partir du 1er septembre 2026, les grandes entreprises et les acteurs de taille intermédiaire devront émettre des factures électroniques. Les PME, TPE et micro-entreprises devront, elles, se conformer à cette obligation à partir du 1er septembre 2027. En revanche, toutes devront être en mesure de recevoir des factures électroniques dès la rentrée 2026. «Cela nous bouscule, parce que cela va changer nos habitudes. Mais c’est aussi une formidable opportunité. La facturation électronique nous pousse à repenser nos processus, à renforcer notre rôle de conseil, à devenir encore davantage garants de la donnée financière», analyse Corinne Renart. La présidente de l’Ordre des experts-comptables des Hauts-de-France invite donc les professionnels à profiter de cette occasion pour faire évoluer leur organisation.
«D’après les derniers sondages, 60 % des entreprises n’ont pas encore engagé de plans d’action concernant la facturation électronique, alors qu’elles connaissent les dates butoirs», alerte pour sa part Franck Mordacq, directeur régional des finances publiques des Hauts-de-France et du département du Nord. Un chiffre inquiétant, qui montre la nécessité pour les experts-comptables d’accompagner leurs clients dans cette révolution.
Une profession en mouvement
«L’intelligence artificielle s’installe également dans notre quotidien. Elle automatise, elle prédit, elle synthétise, mais elle ne remplace pas le regard humain ni la relation de confiance que nous entretenons avec nos clients», rassure Corinne Renart. Pour elle, tout l’enjeu est de savoir l’utiliser intelligemment tout en préservant la valeur ajoutée humaine des experts-comptables.
L’IA va aussi entraîner l’arrivée de nouveaux profils dans les cabinets. Ces derniers intégreront ainsi des talents variés dans la data, le digital, la communication, le marketing ou encore les ressources humaines. «Nous restons toujours fidèles à notre mission, qui est de garantir la qualité, l’éthique et la confiance dans l’économie. Notre métier change profondément, mais c’est une formidable occasion de se réinventer, d’innover et de montrer notre utilité auprès des dirigeants et de l’économie», conclut-elle.
Facturation électronique, l’exemple belge
Issue d’une directive européenne, la facturation électronique est amenée à s’appliquer à l’ensemble des pays de l’UE. En Belgique, la bascule est programmée au 1er janvier prochain. «À entendre nos ministres, ce ne sera pas reporté. À entendre les entreprises, cela doit l’être, tout simplement parce qu’aujourd’hui nous n’avons que 600 000 entreprises, sur 1,2 million, inscrites sur Peppol [un système central international, ndlr]», explique Vincent Delvaux, vice-président de l’ITAA (Institute for Tax Advisors and Accountants).
Pourtant, depuis «au moins cinq ans », la structure — équivalent belge de l’Ordre des experts-comptables français — a alerté ses membres sur les échéances et sur les changements que cela allait entraîner pour la profession. «Le premier enjeu, c’est le business model de vos cabinets. Cela va demander une montée en compétences des collaborateurs et créer davantage d’attractivité pour les jeunes», prédit-il. Vincent Delvaux voit aussi la facturation électronique comme une opportunité de poursuivre la digitalisation des cabinets et de renforcer la partie conseil. «L’essentiel de notre carrière, c’est le conseil aux entreprises. Et quand les entreprises tournent, une économie tourne, un pays tourne», conclut-il.