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Les Français inégaux devant l'environnement

Il n'y a pas seulement le logement, les transports, le travail... Les inégalités sont aussi environnementales, montre le dernier rapport de l'Observatoire des inégalités.

(c) adobestock
(c) adobestock

Le 28 mai, l'Observatoire des inégalités publiait son « rapport sur les inégalités en France » qui conclut à une aggravation de ces dernières. Parmi les très nombreuses variables ( logement, travail, éducation...) prises en compte, figure aussi celle environnementale, entendue dans un sens large. « C'’est sans doute dans le travail que les inégalités environnementales sont les plus grandes », notent les analystes. Le tableau est sans appel. Bruit, produits cancérigènes, poussières ou fumées... Les différentes catégories de travailleurs n'y sont pas exposés de la même manière. Par exemple, 30 % des salariés déclarent respirer des poussières ou des fumées au travail, selon les données du ministère du Travail (2019). Mais ces nuisances concernent près des deux tiers des ouvriers contre un cadre supérieur sur dix. Dans le même sens, la moitié des ouvriers sont en contact avec des produits nocifs sur leur lieu de travail, contre 12 % des cadres et 6 % des employés administratifs. Dans le cas précis des produits cancérigènes, les ouvriers qualifiés sont trois fois plus soumis à ces produits que la moyenne des salariés, et seize fois plus que les cadres supérieurs.

Quant au bruit, près d’un tiers des ouvriers affirment subir cette nuisance dans le cadre de leur travail, contre 6 % des cadres supérieurs. Les employés, eux, sont pour l'instant peu touchés (un sur dix), mais la tendance est en forte hausse. « Ces nuisances subies tous les jours entraînent à la longue une fatigue, des maladies et des handicaps qui réduisent la qualité de vie de ceux qui y sont le plus soumis.

L’écart est très grand dans ce domaine entre l’univers des bureaux et l’environnement hostile subi par une grande majorité des ouvriers », pointent les chercheurs.

Inégalités devant les particules fines

Si le constat sur les inégalités environnementales dans le monde du travail est clair, le sujet est loin d'être simple, alerte l'Observatoire, qui met en garde contre deux « raccourcis ». « Les inégalités de pollution ne se superposent pas partout à celles des niveaux de vie (..) il ne faut pas confondre l’exposition à un environnement dégradé avec ses effets sur la santé, qui dépendent surtout de facteurs sociaux ». Exemple, avec la qualité de l'air. A l'échelle nationale, l'Ineris, Institut national de l’environnement industriel et des risques, a évalué le niveau d'exposition aux particules fines des bébés de familles favorisées, de classe moyenne et modestes. Les plus favorisés (qui habitent dans les métropoles polluées) sont ceux qui respirent un air de moins bonne qualité. Suivent les plus modestes qui habitent eux aussi dans des communes polluées. Les enfants des classes moyennes résidant dans l'espace péri-urbain, plus respirable, sont les moins exposés aux particules fines. En dépit de ce classement, ce ne sont pas les enfants des familles favorisées dont la santé est affectée par ce type de pollution qui fragilise en particulier le système respiratoire. Ce sont ceux des familles modestes : 5 % des 0-2 ans issus de familles qui se situent parmi les 10 % les plus pauvres ont été hospitalisés en urgence pour une bronchiolite (une infection respiratoire), contre 2,4 % de ceux des ménages les 10 % les plus riches. En cause, notamment, une détection plus précoce des maux chez les plus aisés.. « Les inégalités de santé des jeunes enfants résultent d’inégalités sociales liées aux modes de vie, à l’accès à la prévention et aux soins en général », conclut l'étude.