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Tendances

Les Français inquiets face au réchauffement climatique : une politique plus ambitieuse attendue

Les Français restent inquiets face au changement climatique et doutent davantage de la capacité collective à en limiter les effets, malgré leur implication personnelle plus soutenue depuis dix ans. Ils attendent une réponse politique plus ambitieuse et mieux coordonnée pour accélérer la transition écologique.


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Face à l’augmentation des événements climatiques extrêmes, les Français expriment une inquiétude massive et appellent à une réponse politique plus Les épisodes météo intenses qui se sont multipliés dans l’Hexagone en 2025 (vagues de chaleur, orages violents, inondations…) confirment le diagnostic du réchauffement climatique. Mais qu’en pensent les Français, dix ans après l’accord de Paris sur le climat? A l’occasion de la COP 30 de novembre 2025, l’Ademe , Agence de la transition écologique a livré une nouvelle photographie de l’opinion. La 26ème vague de son baromètre annuel dévoile un paradoxe : les Français ont modifié certaines de leurs habitudes, mais ils doutent de la dynamique collective. Pour Sylvain Waserman, président de l’organisme, ce baromètre « montre une attente forte : celle d’une accélération concomitante de l’action publique ».

L’inquiétude climatique s’installe durablement

Selon les données dévoilées, le changement climatique reste une préoccupation majeure pour les Français, même si d’autres urgences (prix, dette publique, sécurité ou immigration) prennent actuellement le dessus. Près d’un sur deux place le sujet en tête des problèmes environnementaux, devant la dégradation de la biodiversité (33%) ou la pollution des eaux (28%). Cette tendance s’appuie sur un vécu qui s’intensifie : 52% des sondés disent avoir déjà subi les effets directs du réchauffement climatique là où ils vivent, un chiffre qui a plus que doublé depuis 2015 (24%). Et si plus de la moitié d’entre eux (52%) jugent que les scientifiques évaluent correctement les risques, les perceptions se radicalisent : un quart pense que la communauté scientifique en sous-estime la gravité, (vs 22% l’inverse).

Et le pessimisme gagne du terrain : deux tiers des interrogés doutent que le changement climatique puisse être contenu d’ici la fin du siècle. La perspective de conditions de vie « extrêmement pénibles » gagne une dizaine de points, en dix ans. La capacité d’adaptation est aussi fragilisée : seuls 30% des Français pensent que l’on saura s’adapter sans trop de difficultés.

Pour une action publique à la hauteur

Si les citoyens sont prêts à agir, ils réclament une direction claire et ambitieuse. Plus de 60% des sondés estiment que les mesures prises depuis l’Accord de Paris en 2015 ne sont pas à la hauteur des objectifs. Une large majorité (76%) attendent un renforcement des règles environnementales, 23% un assouplissement. Deux tiers des Français plaident pour un soutient aux activités respectueuses de l’environnement. À l’inverse, 33% estiment qu’il faut aider tous les secteurs, malgré des impacts écologiques négatifs.

Dans ce contexte, les Etats (49%) et les les citoyens (46%) sont jugés les plus à même de répondre au défi climatique. Cependant, lorsqu’il s’agit d’identifier ceux qui agissent réellement, le regard change : les Français placent les citoyens en tête (41%), puis les collectivités (32%), et les Etats (26%), loin devant les entreprises (18%) ou les instances internationales (17%).

Pour près de 80% des Français, leur territoire devra adopter des mesures fortes dans les prochaines décennies pour faire face au changement climatique. Parmi ceux qui connaissent déjà les actions engagées (59%), 42% les jugent insuffisantes (+6 points par rapport à 2024). Ils se montrent favorables aux mesures à vocation écologique comme le développement des énergies renouvelables (82%), l’interdiction de la publicité pour les produits les plus polluants (77%), la rénovation obligatoire des logements lors des transactions (70%), des menus plus durables dans la restauration collective (67%) ou une taxation renforcée du transport aérien (62%).

Un engagement citoyen réel, mais sous tension

La dernière décennie a vu s’installer de nouvelles pratiques : mieux isoler son logement ou réduire sa consommation (+19 pts), acheter des produits de saison, limiter la viande, autant de gestes du quotidien davantage adoptés. Mais moins de personnes sont désormais prêtes se mobiliser au quotidien, la résistance à modifier son mode de vie progresse. Inquiétant, cet essoufflement s’observe particulièrement chez les jeunes. Exemple, 96% des plus de 65 ans trient leurs déchets, contre 51% des 18-24 ans. Ces derniers sont aussi moins nombreux que leurs aînés à baisser le chauffage l’hiver, acheter des légumes de saison ou réduire leur consommation de viande. Par ailleurs, seuls 19% d’entre eux estiment faire leur maximum, tandis que 27% ne sont pas prêts à changer radicalement leurs habitudes, des proportions plus élevées que la moyenne nationale ( respectivement 31 et 19%).

La présence d’enfants dans un foyer jour un rôle significatif dans l’accélération des inégalités salariales. L’écart de rémunération s’établit à 6,1% pour les salariés sans enfants, mais il double à 12% dès l’arrivée du premier enfant, puis atteint 20% pour les parents de deux enfants et grimpe à 29,5% pour les familles nombreuses avec trois enfants ou plus. « Ces différences proviennent à la fois de la baisse de salaire observée après la naissance mais aussi des carrières durablement ralenties des mères », souligne l’Insee.

AÏcha BAGHDAD et B.L