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Territoires

Les transporteurs attirent de nouvelles clientèles

Réunis en congrès à Orléans, les opérateurs des transports publics et les collectivités espèrent séduire les seniors et dénoncent les incivilités dont sont victimes les agents. Mais la principale préoccupation du secteur demeure le financement de ses infrastructures.


© Olivier RAZEMON pour DSI  Le Centre des congrès d’Orléans, où se tenaient les Rencontres nationales des transports publics est parfaitement relié au centre-ville par le tramway
© Olivier RAZEMON pour DSI Le Centre des congrès d’Orléans, où se tenaient les Rencontres nationales des transports publics est parfaitement relié au centre-ville par le tramway

Organiser un congrès de transports publics dans une ville mal desservie par les transports ? C’était le défi des Rencontres nationales des transports publics (RNTP), qui se tenaient début novembre à Orléans, où, en raison de la rénovation de la ligne ferroviaire avec Paris, les trains ne circulent que le matin et le soir. Il a donc fallu affréter des cars pour transporter les congressistes, élus, fournisseurs, consultants, qui participaient à cet événement bisannuel organisé par les transporteurs et les collectivités locales, le dernier avant les prochaines élections municipales.

Heureusement, le centre des congrès d’Orléans est parfaitement relié au centre-ville par le tramway, certes bondé aux heures de pointe. Car, dans la préfecture du Loiret comme ailleurs, les réseaux urbains ont enfin rattrapé, en 2023, selon les derniers chiffres publiés par l’Union des transports publics et ferroviaires (UTPF), la fréquentation de 2019, année précédant la pandémie. Les TGV ont enregistré une hausse de 5% par rapport à l’année de référence, les TER progressant de 9%, les bus et tramways non franciliens de 7,5% et les métros des grandes villes, hors Paris, de 10%. Seul le métro parisien continuait, en 2023, d’accuser une baisse de fréquentation de 2,3% par rapport à l’avant-Covid.

Fort de ces bons chiffres, le secteur réclame davantage de considération des pouvoirs publics nationaux. Les vertus environnementales du transport collectif sont bien connues, mais Thierry Mallet, président de l’UTPF et de l’opérateur Transdev n’en fait plus le cœur de son plaidoyer. « La décarbonation, c’est important, mais la priorité de notre métier, c’est le social », affirme-t-il, peut-être pour se sentir plus en phase avec une opinion qu’il imagine dominante.

Le transport urbain espère conquérir de nouvelles clientèles, comme l’a montré l’atelier consacré aux « seniors, avenir du transport collectif ». Les opérateurs et les collectivités ont compris que, dans une société vieillissante, la proportion des personnes moins à l’aise au volant ne fera que croître. Une opportunité pour les transporteurs ? A condition que les collectivités n’offrent pas de manière systématique la gratuité des transports aux plus de 65 ans, sans condition de revenus, ce que dénonce l’UTPF.

La séduction des seniors implique aussi d’installer des « assises » aux arrêts de bus, ce dont ne veulent pas toujours les architectes des bâtiments de France, et d’adapter l’éclairage public pour « révéler les contrastes », observe Béatrice Agamennone, vice-présidente en charge des transports à la métropole de Metz. Directeur général des transports publics à Cholet (Maine-et-Loire), Marc Delayer est conscient du hiatus « entre les usagers qui trouvent que le bus redémarre trop vite et le chauffeur qui considère que les personnes âgées mettent du temps à s’asseoir ».

Autre préoccupation des transporteurs, la sécurité des employés a tendance à se dégrader, affirme l’UTPF. « 55% des arrêts de travail s’expliquent par les conséquences psychologiques des agressions », indique Thierry Mallet. En moyenne, ces incivilités visant les agents entraînent « 80 jours d’incapacité de travail, contre 48 jours en 2013 ». Comme le constate Gillian Rondeau, conducteur de bus à Orléans, « tout est prétexte à agression, le fait de ne pas répondre à un bonjour, un retard, une remarque. On n’est jamais à l’abri ». Récemment passé de la présidence de la RATP à celle de la SNCF, Jean Castex raconte qu’il « s’efforçait d’appeler chaque victime d’agression ». Il réalisait alors « le caractère futile des prétextes » donnant lieu à une incivilité visant un chauffeur : « un appel de phare, un coup de klaxon ».

Plan vélo abandonné

Pour le secteur, le principal enjeu demeure toutefois la maintenance des réseaux et l’investissement. Une loi-cadre, qui doit avaliser la contribution des recettes des péages autoroutiers, a été promise par le ministre des Transports, Philippe Tabarot, resté à son poste après les remaniements successifs. « La mobilité doit payer la mobilité, et le ministre reprend notre slogan », se réjouit Louis Nègre, maire de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes) et président du Groupement des autorités responsables des transports (Gart), qui rassemble les collectivités.

La discussion parlementaire promet toutefois de révéler des visions opposées de l’avenir de la mobilité. La future loi confirmera-t-elle, par exemple, le financement des infrastructures cyclables ? Les élus qui le défendent sont pessimistes. Le congrès du Réseau vélo et marche, concomitant aux RNTP, déplore que le Plan vélo de l’Etat, encore doté de 50 millions d’euros en 2025, a été rejeté en commission parlementaire dans le budget pour 2026.