Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Ascensoristes

Les «trophées de l'ascenseur» fêtent leurs dix ans

Vieillissement de la population, respect de l'esthétique des lieux... ces trophées illustrent la manière dont les ascensoristes affrontent ces défis, parmi lesquels la sensibilisation des propriétaires à l'enjeu de la rénovation des appareils.

Pour la réalisation d'un ascenseur sur mesure, intégré dans un immeuble datant de1825 au cœur de Paris, chaque détail a été soigné jusque l’habillage de la porte du rez-de-chaussée, reprenant le motif du carrelage du hall. © Drieux-Combaluzier & Archi B.A-Beatriz Fernandes.
Pour la réalisation d'un ascenseur sur mesure, intégré dans un immeuble datant de1825 au cœur de Paris, chaque détail a été soigné jusque l’habillage de la porte du rez-de-chaussée, reprenant le motif du carrelage du hall. © Drieux-Combaluzier & Archi B.A-Beatriz Fernandes.

Dix ans. Le 23 octobre, la Fédération des ascensoristes, qui regroupe quelque 240 entreprises, présentait la dixième édition de ses « Trophées de l'ascenseur », en conférence de presse, à Paris. Huit trophées ont été décernés, qui illustrent les enjeux auxquels font face ces professionnels. A commencer par le vieillissement de la population. Par exemple, 45% des personnes de plus de 80 ans vivant en HLM ne disposent pas d'un ascenseur (selon un rapport interministériel de 2021). Cette année, le trophée « accès à l'habitat, individuel et collectif » a été attribué à un projet mené par SAIEM Malakoff Habitat, bailleur social et Schindler, ascensoriste, dans la résidence Barbusse ( Hauts-de-Seine). 

Responsabilité

Dans cet édifice de 17 étages, les 56 logements hébergent des locataires pour la plupart âgés de plus de 65 ans, voire 80, et certains à mobilité réduite. Le projet de remplacement de l'ascenseur, vétuste, avait été plusieurs fois repoussé en raison de difficultés techniques et de la complexité d'assurer une continuité de service aux occupants de l'immeuble, pendant les travaux. Au final, le maître d'ouvrage et ses équipes ont assuré un service de portage électrique le temps du chantier dont la durée a été réduite au minimum. En outre, un service de « conciergerie temporaire », (deux personnes) a été mis en place pour assurer la communication et rendre des services comme le portage des courses, des poubelles... Une information régulière a été fournie aux résidents sur les avancées du chantier.

Un autre trophée, celui dédié à la « responsabilité environnementale » (énergie, éco-responsabilité, diminution de l’empreinte carbone) a été attribué à un chantier porté par Praemia Reim, société de gestion d'actifs immobiliers et Otis, ascensoriste, dans le cadre de la rénovation complète d’une tour d’immeuble, dans les Hauts-de-Seine. Parmi les mesures prises pour améliorer la performance environnementale du projet, l'une est particulièrement remarquable, car encore exceptionnelle dans le secteur : le réemploi de dispositifs existants. Ce fut le cas pour les guides - ces structures rigides fixées au bâtiment le long desquelles se déplace la cabine- installés 20 ans auparavant. Cette démarche a permis de réduire des coûts, gagner du temps et économiser l'émission de 1760 tonnes équivalent CO2 sur l'ensemble du chantier.

Motifs en croisillon

Les enjeux atemporels de l'« Architecture et la valorisation du patrimoine » ne sont pas oubliés : un trophée récompense l'esthétique, le design, et l'intégration de l’ascenseur dans son environnement d'implantation. Cette année, il a été attribué à un trio : SDC 30, copropriété, Béatriz Fernandes, architecte et Drieux-Combaluzier, ascensoriste spécialiste du patrimoine, doté du label EPV, Entreprise du patrimoine vivant. Le projet résidait dans la réalisation d'un ascenseur entièrement sur mesure, intégré dans un immeuble datant de 1825, au cœur de Paris. Chaque détail a été soigné. Par exemple, dans le hall, un habillage en croisillon a été apposé sur la porte du rez-de-chaussé. Il reprend le motif du carrelage à damier noir et blanc du hall dans lequel l'ascenseur s'intègre ainsi parfaitement. Les autres trophées concernent des enjeux comme la responsabilité sociétale, l'accessibilité dans l'espace public et les bâtiments tertiaires, et l’engineering.

Sur le plan économique, pour elle-même, la fédération fait face à un défi de taille. Son activité est « plutôt stable », avec 2,8 milliards d'euros par an et 17 200 salariés, explique Florence Bigé, présidente de la fédération. La maintenance, qui représente 70% de l'activité (653 000 appareils entretenus ) fournit en effet une activité régulière. Le reste se partage, à parts égales, entre le remplacement ou la création dans les bâtiments neufs, d'une part, et la rénovation, d'autre part. Le segment du remplacement est boosté par l'état de vétusté du parc. En revanche, « la rénovation n'est pas été une priorité ni en termes de politique publique, ni pour les propriétaires », explique Florence Bigé. C'est donc le cheval de bataille actuel de la fédération : sensibiliser syndics et bailleurs sociaux au sujet de la rénovation des ascenseurs, une thématique pour l'instant « hors des radars », estime Florence Bigé. « Il faudrait intégrer les ascenseurs dans les plans pluriannuels de travaux qui donnent une visibilité sur les engagements à venir dans toutes les copropriétés », plaide Alain Meslier, délégué général de la fédération.