Lille Piano(s) festival : les folles journées du piano
Festival sans équivalent au nord de la Loire, le Lille Piano(s) festival attire chaque année un public plus nombreux séduit par le programme concocté par Fabio Sinacori, directeur de la programmation de l’Orchestre National de Lille, et son équipe. Pour sa 22e édition, du 13 au 15 juin, l'événement réunira une soixantaine d’artistes et célèbrera, entre autres, Maurice Ravel, Gabriel Fauré et Pierre Boulez au long de trois jours de concerts.

Si le Nouveau Siècle – traditionnellement le cœur du festival – est en travaux, le Lille Piano(s) Festival ne proposera pas moins de 40 concerts répartis entre classique, jazz, musiques du monde, électro… Le piano sera naturellement au cœur de cette édition mais tout une gamme de claviers, du clavecin aux synthétiseurs les plus récents, en passant par le pianoforte, seront à l’honneur.
Comme lors de chaque édition, l’Orchestre National de Lille, sous la direction de Jean-Claude Casadesus, ouvrira le festival, accompagné par le pianiste ouzbek Behzod Abduraimov. Après une belle entrée en matière avec l’ouverture de l’opéra Oberon (1826) de Carl Maria von Weber, le deuxième acte du concert offrira une plongée dans le Concerto pour piano n°1 opus 23, probablement le plus célèbre des concertos pour piano de Tchaïkovski. Une œuvre brillante et spectaculaire dont Behzod Abduraimov connait tous les secrets depuis qu’il en a livré un remarquable enregistrement en 2014, à seulement 23 ans !
Hommage à Maurice Ravel
Autre concert symphonique, celui donné par l'Orchestre de Picardie, avec Johanna Malangré à la baguette, avec l’une des œuvres les plus mésestimées de Chostakovitch. Créé par le compositeur en 1933, le Concerto pour piano, trompette et cordes réunit de manière inattendue une trompette et un piano qui échangent tout au long de quatre mouvements des citations de pièces de Beethoven ou d’airs traditionnels. Spécialiste de la musique russe, le pianiste Florian Noack s’associera au trompettiste Sergei Nakariakov. Puis le premier interprètera le vertigineux et lyrique Concerto en la mineur de Robert Schumann.
Le concert de clôture permettra d'entendre le Antwerp Symphony Orchestra, dirigé par Karl-Heinz Steffens, avec des extraits des Danses slaves d’Anton Dvorák. Au piano à quatre mains dans leur version originale ou dans leur version orchestrée par le compositeur, les Danses Slaves, inspirées du folklore tchèque chères à son auteur, figurent parmi les plus populaires du musicien. Ces pages dansantes évoquant la polka et des sonorités d’instruments populaires auraient été inspirées à Dvorák par les non moins célèbres Danses Hongroises de Johannes Brahms.
De nombreux récitals seront programmés durant le festival mais s'il fallait n'en retenir que deux, ce serait d'abord celui de Florent Boffard, pianiste soliste de l’Ensemble Intercontemporain de 1988 à 1999, créateur de bon nombre d’œuvres de Pierre Boulez, et donc l'artiste idoine pour rendre hommage au compositeur dont on célèbre le centenaire. Le programme proposé nous montrera à quel point Pierre Boulez fut le singulier continuateur d’Arnold Schoenberg, Anton Webern ou encore Alban Berg.
Puis le pianiste Bertrand Chamayou rendra hommage à Maurice Ravel, à l’occasion des 150 ans de sa naissance, en interprétant son intégrale de la musique pour piano seul. Depuis sa première rencontre au piano avec une œuvre de Ravel (son très jazzy et épuré Prélude) jusqu’à son récent enregistrement d’arrangements et de fragments méconnus du compositeur, le pianiste toulousain ne cesse de revenir à l’œuvre de Ravel et nous offrir une lecture pleine de liberté de ses partitions. Une lecture musicale rendra également hommage au compositeur basque avec des textes extraits de la courte et remarquable biographie-fiction de Maurice Ravel publiée en 2006 par l’écrivain Jean Echenoz aux éditions de Minuit. Un compositeur à la vie et à la psychologie fascinantes comme nous le raconte l’acteur Dominique Pinon accompagné par des pièces célèbres de Maurice Ravel interprétées par la pianiste Hélène Tysman, complice de l’acteur depuis plusieurs années sur scène.

Un programme jazz électrique
Projet unique créé par quatre stars du piano jazz sous l’impulsion du Tourcoing Jazz Festival en 2019, PianoForte réunit quatre lauréats aux Victoires du jazz : Bojan Z, Éric Legnini, Baptiste Trotignon et Pierre de Bethmann. Ces derniers s’amusent, à huit mains sur des pianos et des claviers Fender Rhodes électriques, à aborder ensemble un programme éclectique avec des arrangements personnels et sans paroles de pièces d’Antonio Carlos Jobim, Bud Powelll, Keith Jarrett ou encore du compositeur de musiques de films Hans Zimmer. Un patchwork jubilatoire qui devrait électriser le public !
Au rayon jazz, il ne faudra pas manquer aussi le concert de la pianiste et chanteuse italienne Francesca Tandoi. Formée au Conservatoire de La Haye, elle s’illustre par une approche unique qui allie un jeu fluide et expressif au piano, à la chaleur de sa voix. Son univers, qui navigue entre jazz, soul et musique latine, reflète son goût pour l’improvisation et son ouverture à différents styles. Sa musicalité, sa technique irréprochable et sa présence scénique captivante créent une connexion intime avec son public. Accompagnée de Sanders Smeets à la batterie et Matheus Nicolaiewsky à la contrebasse, son concert devrait être une expérience musicale riche en émotions.

Programme complet sur www.lillepianosfestival.fr