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Lin et chanvre européens : les fibres durables veulent se faire leur place

L'association Lin et Chanvre Bio a organisé, le 19 juin à Montcavrel, une journée dédiée à ces plantes à l'avenir certain. Situation des cultures, du marché et état de la recherche scientifique étaient au menu.

Les membres du programme européens sont certains de pouvoir créer un marché du chanvre textile. © Aletheia Press / D.Boulogne
Les membres du programme européens sont certains de pouvoir créer un marché du chanvre textile. © Aletheia Press / D.Boulogne

Les onzièmes Rencontres interprofessionnelles des filières textiles lin et chanvre bio se sont tenues à Montcavrel le 19 juin. Situation de la filière, état des recherches scientifiques et perspectives étaient au programme du conclave annuel organisé par l'association Lin et Chanvre Bio, créée en 2013. «Nous sommes dans une situation compliquée, souffle Dominique Baubion, le président de LCBio. Le marché est réactif et opaque, entraînant un climat d'incertitude. Nous devons développer le bio et faire que toute cette production soit mise en évidence dans une filière courte. Nous aurons des échecs, mais aussi de grandes réussites comme la récente certification GOTS (certification internationale appliquée aux textiles bio, ndlr) reconnaissant le lin bio». Le décor est posé. Et il ne concerne pas que la filière Bio. La situation est très semblable pour le lin et le chanvre «traditionnels».

Le marché du chanvre en construction

Le Ministère des Finances est représenté : «La France est la première productrice mondiale de lin et la deuxième pour le chanvre. Plusieurs dispositifs restent ouverts et nous avons déjà investis 42 millions d'euros ces deux dernières années pour du teillage ou dans la filature», explique Katel Broguière, responsable à la direction des entreprises à Bercy. 

Pour renforcer encore l'intérêt de ces cultures, le dernier maillon s'exprime : Julia Faure a fondé une marque de vêtements responsables et préside le Mouvement Impact France, l’équivalent du Medef du Développement Durable. «Chaque français achète en moyenne 50 vêtements neufs par an soit 3,5 milliards de vêtements ! Alors que nous n'avons jamais eu aussi peu d'industrie en France», se scandalise t-elle, appelant à relocaliser une partie de la production en se basant sur le lin et le chanvre.

«La fast fashion détruit des emplois, des savoir-faire et nous polluons. Une chemise produite en France, c'est 1,7 kg de CO2, en Chine, c'est 8,4 !» égrène t-elle. L'entrepreneuse déplore un déficit commercial de plus de 17 milliards d'euros en 2023. Julia Faure appelle à produire moins et mieux, en se basant sur le lin, «la matière la moins polluante», mais aussi «à une compé-tition loyale, pénalisant et freinant les importations de vêtements synthétiques» comme devrait le proposer la prochaine loi dite «fast fashion».

Créer une meilleure visibilité de ces fibres

Olivier Guillaume travaille pour Libeco, une entreprise textile belge : «Le marché des fibres est multiple. Si celui du chanvre est encore à construire, celui du lin est à pérenniser». Son prix est monté de manière exponentielle en passant de 2,5 à 10 euros la tonne l'année dernière. «Le manque de visibilité entraîne une baisse de confiance chez les transformateurs», explique t-il encore. Olivier Guillaume appelle à une meilleure visibilité à moyen terme pour renforcer l'ensemble de la filière.

LCBio fait état des recherches menées depuis quatre ans sur le chanvre dont les applications à suivre semblent nombreuses. Nathalie Revol, pour LCBio, estime que les rendements sont prometteurs et que de nouvelles variétés sont à tester : «Les fibres qui restent rigides comme le lin et la qualité du tissage continue de progresser».

Le programme européen HEMP4 Circularity dédié au chanvre a été financé. Grâce à cela, le ren-dement du chanvre une fois peigné est passé de 59% en 2022 à 65% en 2024. «Nous apprenons beaucoup, reprend Olivier Guillaume. L'éventail des productions s'élargit et les résultats sont très prometteurs». La filière investit pour «créer un marché à impact environnemental bas, à terme, avec une certification européenne. Et faire de ces fibres celles préférées à travers le monde».