Littoral des Hauts-de-France : la qualité des eaux de baignade est toujours bonne
Comme chaque année, l'Agence régionale de santé des Hauts-de-France et l'agence de l'eau Artois-Picardie ont publié leur classement des eaux de baignade en mer et en eau douce. Il se base selon les résultats des quatre dernières années. Les pluies de l’an dernier ont eu des conséquences.

Pour ce classement 2025, présenté à la base nautique Eolia à Fort-Mahon, deux tiers des sites conservent une bonne qualité. Sur les 43 sites du bassin Artois-Picardie huit baignades, affichent une qualité excellente : Zuydcoote, Gravelines, Ault, Cayeux-sur-Mer, Woignarue, Fourmies, Le Quesnoy et Fort-Mahon, 19 sont classés en bonne qualité et 12 en qualité suffisante. Quatre baignades sont classées en qualité insuffisante. Il s’agit d’Escalles, de Boulogne-sur-Mer, du Portel et de Camiers. 556 analyses ont été menées sur le bassin Artois-Picardie.
Evaluée au moyen de deux indicateurs
«La qualité des eaux de baignade est évaluée au moyen de deux indicateurs, explique Christophe Heyman, responsable du service régional d’évaluation des risques sanitaires à la direction de la sécurité sanitaire et de la santé environnementale à l’agence régionale de santé des Hauts-de-France. Elle repose sur les observations sur le terrain : pH, changement de coloration de l’eau, présence de macro déchets flottants…. et sur les analyses microbiologiques : pollution pouvant venir des eaux usées, de déjections des animaux, de cours d’eau rejetés dans la mer, de débordements de bassins de rétention d’eaux de pluie…»

L'été dernier, les évènements pluvieux de nature orageuse ont été défavorables pour la plupart des sites de baignade dont le classement s'est dégradé (poste de secours de Bray-Dune, Les Hemmes à Oye-Plage), Marck, Escalles, Le Portel, Camiers, Berck et Fort-Mahon). Ce constat renforce la nécessité d'une meilleure prise en compte de la gestion des eaux pluviales, de la renaturation et de la mise en œuvre d'aménagements urbains perméables qui privilégient l'infiltration de l'eau ou la création d'ouvrages de stockage.
Ainsi, au Portel, le nombre de déversements entre le 15 mai et le 15 septembre s'est élevé à 39. À l’avenir, à cause du réchauffement climatique, ces épisodes pluvieux pourraient être plus importants et plus fréquents. À noter que la baignade peut-être interdite momentanément (pas plus de 72 heures) par la personne responsable du site, le maire ou le préfet. Rappelons que les pollutions peuvent entrainer gastroentérites, problèmes oculaires ou pathologies de la sphère oto-rhino laryngée.
Une carte des plages grand public a été réalisée en format poche et carte routière. Elle sera disponible dans les offices de tourisme du littoral courant juin. Les informations peuvent être également trouvées en mairie, sur le site internet baignades.sante.gouv.fr, sur l'application «qualité rivière», sur le site de baignade et au poste de secours.
Accompagner les collectivités
«La mer commence ici, assure Isabelle Vincent, directrice générale adjointe de l'agence de l'eau Artois, Picardie en montrant une photo d'une plaque d'égout. Ce n'est pas qu'une image. Les eaux se chargent au fur et à mesure dans le bassin versant. Toutes les eaux de surface vont vers la mer. Si des villes littorales ou des villages en amont connaissent des problèmes d'assainissement, cela va arriver vers la mer. Nous allons accompagner les collectivités».
C’est une des raisons pour laquelle la plage du Crotoy, la seule au nord de la France exposée plein sud reste interdite à la baignade depuis 2018 : «L'amélioration a été assez notable jusque 2022, mais a recommencé à se dégrader», informe Ludovic Lemaire, chef de service mission littoral à l'agence de l'eau Artois-Picardie. Une nouvelle station d’épuration, l’amélioration du réseau d’assainissement ou le travail avec des propriétaires de camping n’aura pas encore suffit. Désormais, des mesures devront être prises à plus grande échelle pour la voir rouvrir dans le futur.

Tout un chacun peut contribuer à la qualité des eaux de baignade : «Non conformité des équipements d'assainissement collectifs ou non collectifs, déjections canines sur le trottoir, utilisation de certains produits ménagers ou de crèmes solaires ayant un impact sur l'environnement, mégots de cigarettes, produits chimiques dégradent leur qualité. Nous sommes dans une logique de résultats. Il faut gérer le problème à la source», souligne Isabelle Vincent.
Programme d’intervention ambitieux
Ainsi, l’agence de l’eau Artois-Picardie porte un douzième programme d’intervention ambitieux portant sur 2025/2030 avec cinq enjeux : préserver/restaurer la fonctionnalité écologique des milieux aquatiques et des zones humides ; garantir une eau potable en qualité et en quantité satisfaisantes ; s'appuyer sur le fonctionnement naturel des milieux pour prévenir et limiter les effets négatifs des inondations ; protéger le milieu littoral et marin et; mettre en œuvre des politiques publiques cohérentes avec le domaine de l'eau.
Le programme d'intervention s’élève à 1, 131 milliard. 164 millions sont consacrés à la gestion des eaux pluviales. Les eaux de baignades sont l'enjeu prioritaire de ce 12ème programme avec pour ambition, que toutes les eaux que toutes les eaux de baignade soient classées au moins en qualité suffisante et maintenir les sites classés en excellente ou bonne qualité.
Cela va passer notamment par l’intensification des interventions dans la gestion des eaux pluviales ; dans l'amélioration des performances de l’assainissement : généraliser les contrôles et mettre en conformité les raccordements des particuliers, poursuivre la mise en œuvre de l'auto surveillance des points critiques (trop plein, déversoirs d’orage…), améliorer les performances des stations d'épuration, contrôle et mise en conformité de l'assainissement non collectif dans les zones à enjeu sanitaire et un enjeu environnemental ; dans le déploiement des contrats de masse d’eau littorales (plan pluriannuels de travaux, démarche volontaire avec bonification des aides de l’agence de l’eau à la clé, atteindre l’objectif de qualité fixé pour chaque site de baignade) ; et mise en œuvre de plan d'action prioritaires.
En 2024, 12,6 millions d’aides financières ont été octroyés à la communauté d’agglomération Grand Calais Terres et Mers pour la mise en place d’une troisième file de traitement pluvial à la station d’épuration rue de Toul pour dépolluer l’eau avant de la rejeter dans le milieu naturel. Un investissement de 19,3 millions d’euros hors taxes.