Logement social : la Bourgogne-Franche-Comté sous tension
Malgré les réformes, la Bourgogne-Franche-Comté fait face à une hausse continue des demandes de logements sociaux tandis que les attributions diminuent. Une situation pointée par les acteurs du logement social, réunis à Dijon le 21 novembre.
La situation du logement social en Bourgogne-Franche-Comté illustre aujourd’hui une crise structurelle qui touche l’ensemble du pays : la demande progresse rapidement, l’offre se contracte et les ménages basculent de plus en plus tôt vers un parc social devenu le dernier refuge pour se loger dignement. Tel est le sombre constat dressé par les acteurs du logement social, réunis le 21 novembre dernier à Dijon par l’Union sociale pour l’habitat (USH).
En trois ans, en Bourgogne-Franche-Comté, les demandes ont bondi de 18%, atteignant 58 549, tandis que les attributions continuent de reculer de 12%, pour s’établir à 18 309 en 2024. Le taux de pression atteint désormais un niveau inédit de 3,2, soit environ trois demandes pour chaque logement attribué. Dans certains départements, comme le Jura ou la Côte-d’Or, la tension est encore plus forte, autour de 4, traduisant l’incapacité du marché à absorber les besoins.
Une réforme efficace…
Dans un tel contexte, la réforme des attributions, issue d’une succession de lois au cours des dix dernières années, vise à clarifier les règles, renforcer la transparence et redonner aux intercommunalités la responsabilité de piloter les politiques locales. Les professionnels saluent des outils jugés efficaces, comme le fichier partagé entre bailleurs, collectivités et services de l’État ou les conférences intercommunales du logement (CIA). Ces dispositifs permettent de mieux caractériser les besoins des ménages, de fluidifier le traitement des dossiers et d’améliorer la coopération locale.
Dans certaines agglomérations, comme Dijon ou Besançon, cette gouvernance rénovée commence à produire des effets positifs, notamment en renforçant le rôle moteur des villes-centres et en impliquant davantage les communes dans l’accueil des publics. «Nous observons une pression bien moindre sur notre service d’accueil, ce qui traduit la fluidification de la gestion des demandes», estime François Pezzoli, directeur habitat-logement de Grand Besançon Métropole.
… mais insuffisante
De fait, tous les acteurs s’accordent sur un point : même parfaitement appliquée, la réforme ne peut compenser le manque de logements disponibles. «Nous aurons beau rendre plus efficiente la gestion de la demande, la difficulté, c’est qu’il manque beaucoup de logements sociaux. Nous devrions construire beaucoup plus vite, mais les financements sont de plus en plus difficiles à assurer», résume Anne Schwerdorffer, directrice de l’USH Bourgogne-Franche-Comté et d’AREHA Est.
L’hébergement d’urgence, en particulier via le 115, est lui aussi saturé. Les demandes prioritaires explosent et, faute de solutions de sortie, les structures sociales se retrouvent dans une impasse. Le parc social n’a jamais été aussi sollicité, mais il n’a jamais été aussi contraint. La réduction des financements dédiés à la construction et la hausse des coûts fragilisent durablement la capacité des bailleurs à répondre aux besoins.
Pour Aletheia Press, Arnaud Morel