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Meca Glass Group, leader européen des moules de parfumerie et de cosmétiques

Dans la vallée de la Bresle, à l'ouest de la Somme et au nord de la Seine-Maritime, Stéphane Franconville a fait le choix de fusionner ses trois entreprises sous-traitantes dans l’industrie verrière de luxe. Deux vont être réunies sur un même site à Bouttencourt d’ici la fin de l’année. Le président de la Glass Vallée, qui regroupe 65 entreprises, évoque un secteur en repli qui attend des jours meilleurs.

Stéphane Franconville, président de Meca Glass Group.
Stéphane Franconville, président de Meca Glass Group.

Comment se porte la Glass Vallée, le premier pôle mondial du flaconnage de luxe ?
C’est très moyen depuis la fin de l’année dernière. Certains secteurs enregistrent de 10 à 15% de baisse d’activités. Nous faisons face à une incertitude en France mais aussi à l’international. Nous sommes confrontés à la réduction de la consommation en Europe et en Asie. Le marché est atone. Il n’y a qu’aux Etats-Unis que l’activité se porte bien. Les prix des parfums se sont envolés dans les magasins. Il faut compter environ 180 euros pour un parfum de grande marque de 100 ml. Avant le covid, c’était plutôt aux alentours de 120 euros. On ne sait pas si cela reste correct en terme de volume écoulé.

Quelles sont vos prévisions ?
Cette baisse va s’intensifier encore au dernier trimestre. Les clients ont des stocks. Ils se réapprovisionnent en fonction des besoins, afin de ne pas trop en avoir. Il y a peu de commandes fermes, très peu de projets de créations de flacons. Nous y verrons plus clair en début d’année, après les fêtes. Durant ce temps, nous avons des charges et des salaires à assumer. Nous aimerions pouvoir profiter de cette période pour former nos équipes sauf que l’État s’est désengagé en terme de dispositifs d’aides à la formation.

Votre pôle mondial de flaconnage de luxe vous protège-t-il ?
Avec 65 adhérents et environ 7 500 salariés, il est en effet le premier pôle mondial du flaconnage de luxe, avec 75% de la production. Dans ces périodes difficiles, on constate combien se reposer dessus a du sens. Cela permet de peser plus, de nous faire entendre des grands donneurs d’ordre. Quelques nouveaux adhérents nous ont rejoint. Il reste encore une dizaine d’entreprises à convaincre. Ensuite, je pense à la pyramide des âges qui avance et au remplacement des boomers qui partent à la retraite. Les recrutements, il faut savoir les anticiper. Pour nous donner toutes les chances, nous mettons en place des opérations de promotions de nos métiers auprès des plus jeunes, collégiens, lycéens et élèves des grandes écoles. Nous communiquons aussi beaucoup sur les réseaux sociaux et professionnels. Le 18 novembre, au gymnase de Saint-Quentin-Lamotte, nous organiserons notre second forum des métiers. Nous recherchons d’ailleurs des financements pour organiser les transports des élèves.

Une banderole a été installée pour séduire des talents.

Dans ce contexte, vous avez décidé de créer un nouveau groupe ?
En 2016, j’ai repris Somobresle à Blangy-sur-Bresle, en Seine-Maritime. L’entreprise conçoit et fabrique des outillages pour la verrerie : art de la table, spiritueux, cosmétiques et parfumerie. Nous sommes passés de 28 à 45 salariés. En 2020, j’ai investi dans Méca Moules Services à Monchaux-Soreng en Seine-Maritime et qui était en difficulté. Elle est spécialisée dans l’usinage de précision pour les calibres de contrôle, après la fabrication des flacons ou des pots de cosmétiques, et dans l’usinage et le montage des équipements pour les machines de décor. En 2020, il y avait 8 salariés. Ils sont 14 aujourd’hui. En 2021, j’ai racheté Les Mouleries de la Bresle, situées à Bouttencourt dans la Somme qui fabriquent de l’outillage pour la verrerie, dont les spiritueux. Elle compte 35 salariés contre 28 à mon arrivée. Au 31 décembre dernier, elles ont été fusionnées sous le nom de Meca Glass Group.

Pourquoi une telle décision ?
Très clairement, on cherche à créer des synergies fortes. La fusion simplifie les démarches administratives, l’organisation en interne mais de nos clients. En juin 2024, nous avons eu l’opportunité de trouver des locaux de 2 400 m² à vendre, situés en face des Mouleries de la Bresle au 17 avenue du président Roosevelt à Bouttencourt. Nous achevons une importante rénovation tant des ateliers que des bureaux et des locaux sociaux. D’ici la fin de l’année, ils regrouperont les salariés de Somobresle et des Mouleries de la Bresle, dont les trois qui travaillent au bureau d’études. Luminosité, chauffage, installation de ponts roulants pour déplacer les charges lourdes, rénovation des sols, de l’électricité, équipement complet en air comprimé, amélioration des flux de production, pose de quatre bornes de recharges pour véhicules électriques… tout a été pensé pour le confort des salariés. L’équipe de six polisseurs de Méca Moules Services devrait aussi rejoindre le site car à Monchaux-Soreng, l’activité de mécanique de précision est en croissance. Le site de Somobresle fait déjà l’objet d’une promesse de vente. Nous garderons celui des Mouleries de la Bresle qui s’étend sur 1 700 m² pour notamment stocker la matière première.

Les locaux sont très lumineux.

Et ce n’est pas tout ?
D’ici le début de l’année prochaine, j’espère entamer une extension de 1 000 m² de nos nouveaux locaux qui seront couverts de panneaux solaires. Le permis est déposé. Les travaux devraient être achevés début 2027. Je veux garder de la capacité de disponible car j’espère faire de la croissance. D’ores et déjà, nous sommes le leader européen pour la fabrication des moules de parfumerie et de cosmétiques. Nous avons investi dans plusieurs nouvelles machines : fraisage et tournage à commandes numériques. Un tel investissement, qui se monte au global à 3, 5 millions d’euros, rassure nos salariés et nos clients, ces derniers sont très sensibles à notre engagement dans la démarche RSE. Nous étions déjà certifiés EcoVadis.

Comment vous démarquez-vous de vos concurrents ?
Nous avons misé sur la réactivité, le service, les soins en études, conception, fabrication…Vous savez, nous n’avons pas le choix. Il faut continuer d’avancer et de renforcer nos équipes même si la période est à contre courant. On a toujours su passer des cycles dans ce secteur. La seule inconnue, c’est combien de temps cela va durer. Nous avons recruté une responsable ressources humaines l’an dernier. Elle a fait installer une banderole devant notre site indiquant que nous embauchions des collaborateurs. Nous cherchons des tourneur sur commandes numériques, un fraiseur sur commandes numériques et un polisseur. Quand l’activité va repartir, nous souhaitons être prêts à consolider notre positionnement de leader de marché.