Neufchâtel-Hardelot : entre saisonnalité et défis écologiques
En prélude au congrès régional des Directeurs Généraux des Services le 30 avril au Portel, entretien avec Dominique Pecqueur, DGS de Neufchâtel-Hardelot, qui gère les défis liés à la saisonnalité, la transition écologique et la gestion des infrastructures.

Vous êtes le Directeur Général des Services (DGS) de Neufchâtel-Hardelot depuis 16 ans. Quel est exactement votre rôle au sein de la commune ?
Le DGS est un peu la pierre angulaire entre le politique et les services. Mon rôle est de mettre en œuvre le projet politique de la municipalité, en assurant le lien entre les élus et les différents services de la commune. Cela englobe de nombreux domaines : espaces verts, propreté, urbanisme, nageurs-sauveteurs, CRS, animateurs…
Neufchâtel-Hardelot est une petite commune qui voit sa population fortement augmenter l'été. Comment gérez-vous cette variation ?
Nous avons 4 000 habitants à l'année, mais l'été, ce chiffre grimpe jusqu'à 17 000 voire 25 000 personnes les week-ends les plus chargés. Cette fluctuation impose une organisation spécifique. Nos services de propreté sont fortement sollicités et nous recrutons des renforts saisonniers : une dizaine de nageurs-sauveteurs, une trentaine d’animateurs et de nombreuses personnes pour la brigade verte. En hiver, nous avons 80 agents, mais en été, nous atteignons près de 140 employés. C’est une véritable transformation du fonctionnement municipal.
La commune compte plus de résidences secondaires que de logements principaux. Quel impact cela a-t-il sur la gestion municipale ?
En effet, nous avons 3 500 résidences secondaires contre 1 800 principales. Cela signifie que les habitants attendent un niveau de services élevé, même s’ils ne vivent pas ici à l’année. Nous devons être réactifs et à l'écoute de leurs attentes, tout en maintenant une équipe efficace.
Vous avez travaillé sous deux maires différents. Comment gérez-vous les changements politiques ?
Chaque maire a sa vision et ses priorités. Quand un nouvel élu arrive, nous faisons un point avec les équipes pour adapter notre travail à son projet politique. Mon rôle est de garantir une transition fluide et une mise en œuvre efficace des nouvelles orientations.
En ce moment, vous êtes en pleine période budgétaire. Quels sont les enjeux pour la ville ?
Le vote du budget est crucial, car nous devons être à l'équilibre en fin d’année. Nous avons 10 millions d'euros pour le fonctionnement et 10 millions d'euros pour les projets. L’État réduisant ses dotations, il faut être très vigilant pour ne pas dépasser nos moyens.
Quelles sont les principales difficultés que vous rencontrez en tant que DGS ?
La première, c'est l'attractivité des métiers de la fonction publique. Il y a quelques années, nous recevions des dizaines de candidatures par poste ouvert. Aujourd'hui, si nous en avons trois, c’est déjà bien. Nous essayons de rendre les conditions de travail plus attractives : semaine de 4,5 jours, participation à la mutuelle… Mais les salaires restent encadrés par des grilles fixes.
La transition écologique est aussi un enjeu majeur. Comment la ville s’y adapte-t-elle ?
Nous avons mis en place plusieurs actions concrètes : installation de panneaux solaires, bornes de recharge électriques, remplacement du gazon de notre stade hippique par du sable pour économiser l’eau. Mais les exigences écologiques sont de plus en plus contraignantes et les aides de l’État diminuent, notamment avec la réduction du Fonds Vert.
Vous participez bientôt au congrès régional des DGS. Qu’en attendez-vous ?
Ce congrès, le 30 avril au Portel, est essentiel pour échanger avec d’autres DGS sur nos problématiques communes. Le thème principal sera l'écologie. C’est une opportunité de prendre du recul et d’identifier de nouvelles idées pour notre ville. Nous aborderons aussi les nouvelles réglementations, qui évoluent rapidement et nécessitent une veille constante. L’objectif est de mieux anticiper les changements à venir.
L’intelligence artificielle commence à s’imposer dans de nombreux domaines. Comment voyez-vous son impact dans la fonction publique ?
Certains craignent que l’IA remplace les agents, mais je la vois plutôt comme un assistant. Il y aura nécessairement des réflexions sur la protection des données et les usages possibles. Ce sera probablement un sujet d’un futur congrès.
Enfin, pouvez-vous nous parler des projets en cours pour Neufchâtel-Hardelot ?
Parmi les grands projets en cours, on note la requalification du centre-bourg avec plus de place pour les piétons et la modernisation de la voirie, la requalification de la digue, ainsi qu'un projet de padel tennis. La gestion du cinéma a également été reprise pour éviter sa fermeture, avec l'embauche d'un projectionniste. Enfin, de nouveaux locaux pour les services techniques sont en réflexion.
Un dernier mot pour conclure ?
On a parfois l’impression que les collectivités sont figées, mais elles s’adaptent constamment. Nous devons être inventifs pour anticiper les défis de demain et offrir le meilleur à nos habitants.