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Nouvelle-Calédonie: Macron ouvre un sommet à Paris pour sortir de l'impasse

L'Élysée a dit mercredi espérer un accord entre indépendantistes et loyalistes calédoniens "dans les jours ou les semaines qui viennent", en ouverture d'un sommet visant à tracer un avenir politique et économique pour...

Des partisans de l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie brandissent des drapeaux kanak, le 27 juin 2024 à Nouméa © Delphine Mayeur
Des partisans de l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie brandissent des drapeaux kanak, le 27 juin 2024 à Nouméa © Delphine Mayeur

L'Élysée a dit mercredi espérer un accord entre indépendantistes et loyalistes calédoniens "dans les jours ou les semaines qui viennent", en ouverture d'un sommet visant à tracer un avenir politique et économique pour l'archipel, un an après des émeutes meurtrières.

Les lignes de fracture entre les deux camps restent toutefois profondes, et l'issue de ce sommet voulu par Emmanuel Macron, qui réunit les différentes forces politiques calédoniennes, les principaux élus locaux et des représentants du monde économique et social, reste très incertaine. 

La rencontre a débuté par une coutume d'accueil, selon la tradition kanak. S'exprimant au nom du président de la République, son directeur de cabinet Patrice Faure a remis plusieurs présents à une délégation du sénat coutumier calédonien, dont "un stylo, celui avec lequel on espère que nous signerons au moins un compromis, si ce n'est un accord", dans les jours "ou les semaines qui viennent".

"Ici, comme en Calédonie, les gens souffrent de vous voir souffrir", a-t-il ajouté, rappelant le contexte économique et social catastrophique de la Nouvelle-Calédonie, ravagée par les émeutes de mai 2024.

Le ministre des Outre-mer Manuel Valls, le Premier ministre François Bayrou ainsi que les présidents des deux chambres, Gérard Larcher et Yaël Braun-Pivet, participaient à l'ouverture du sommet aux côtés du chef de l'Etat. 

Les délégations doivent rejoindre dans la soirée un hôtel de Bougival, près de Paris, où les discussions se poursuivront à huis clos jusqu'au week-end, sans date butoir fixée.

La présidence affirme vouloir "instaurer un dialogue garant d'un équilibre politique, social et culturel durable, adapté à la réalité calédonienne", avec pour objectif de "dépasser les logiques d'opposition pour construire un avenir partagé, équilibré et pérenne".

Implosion sociale

La rencontre à l'Elysée a duré plus de deux heures. Selon une personne ayant participé à la rencontre, le chef de l'Etat n'a pas formulé d'annonce formelle mais a posé un cadre, insistant sur la nécessité d'une approche pragmatique et sur la "réalité géopolitique" dans le Pacifique.

Il a évoqué la possibilité d'un "délai long" d'au moins 20 ans de maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France, afin de permettre à l'archipel de "se remettre" de sa situation actuelle.

Des séquences "hybrides" avec les acteurs économiques, sociaux et la société civile sont prévues en journée jusqu'à vendredi. Les négociations politiques auront lieu en soirée et pendant le week-end.

"Au pays, on se pose beaucoup de questions sur la pertinence de ce format-là", a souligné mardi le député indépendantiste Emmanuel Tjibaou, qui estime que "la méthode ayant permis jusqu'ici de garder les gens à la table est remise en cause".

Le chef de l'État a souhaité relancer le dialogue après l'échec des négociations menées par Manuel Valls depuis le début de l'année, qui a toutefois réussi à remettre autour de la même table indépendantistes et loyalistes pour la première fois depuis 2019.

"Il faut de la paix civile, il faut de la stabilité dans la durée. Tout le monde en est conscient des deux côtés", a assuré à l'AFP le ministre des Outre-mer.

Mais les positions restent radicalement opposées. Le projet de "souveraineté avec la France" proposé en mai par M. Valls a suscité l'indignation de la frange dure des non-indépendantistes. "On ne peut pas repartir pour un round de négociations qui reprend ce qu'a proposé Manuel Valls", a averti une source loyaliste avant le sommet.

Le député loyaliste Nicolas Metzdorf a toutefois assuré vouloir "essayer de trouver un compromis avec l'État et les partenaires indépendantistes", tout en appelant à plus de clarté de la part de l'Etat. 

Côté indépendantiste, le Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS) a rappelé qu'aucun compromis ne pourra être envisagé "en deçà" du projet avancé par Manuel Valls en mai. "Vous saurez tout de suite si ça fait long feu ou pas", a glissé mardi Emmanuel Tjibaou en évoquant la rencontre à venir.

Une large partie des discussions sera consacrée à l'économie et à l'avenir du nickel, ressource stratégique de l'archipel.

Car "même un accord politique n'empêchera pas de devoir relever des défis immenses", a estimé Manuel Valls, mettant l'accent sur le risque "d'implosion sociale" de l'archipel.

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