Opale IO, une solution pour la protection des mineurs sur internet

Depuis le 11 avril, la loi pour sécuriser et réguler l'espace numérique, dite loi SREN, est en vigueur en France. Cette loi oblige les sites pornographiques à mettre en place une vérification efficace pour éviter aux enfants de les consulter. Parmi les solutions de vérification, celle du double anonymat est plébiscitée. L’un de ses acteurs est Opale IO, créé par Camille Nkiodya Issekman et Antonin Molle en 2023 et incubé à EuraTechnologies.


Camille Nkiodya Issekman et Antonin Molle ont cofondé Opale.IO en 2023. © Lena Heleta
Camille Nkiodya Issekman et Antonin Molle ont cofondé Opale.IO en 2023. © Lena Heleta

Les chiffres sont édifiants. Selon une étude de l’Arcom - l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique - de mai 2023, 2,3 millions de mineurs fréquentent des sites pornographiques et, dès l’âge de 12 ans, plus de la moitié des garçons se rend en moyenne chaque mois sur ces sites. Face à cela, l’État a décidé de sévir et une loi qui vise à sécuriser et à réguler l'espace numérique (dites loi SREN) a été adoptée en 2024, pour entrer en vigueur le 11 avril 2025. Et c’est là qu’entre en scène Opale IO et ses deux fondateurs, Camille Nkiodya Issekman et Antonin Molle. Ils lancent leur start-up fin 2023, puisqu’avec l’étude de l’Arcom et les débats sur la loi SREN, «on s’est dit qu’il y avait un besoin, un produit que l’on pouvait faire et des gens qui sont intéressés», souligne Camille Nkiodya Issekman. 

«Le besoin existait depuis longtemps, ajoute Antonin Molle, mais il manquait un cadre contraignant et réglementaire. Les lois qui empêchent d’exposer les mineurs aux contenus existent déjà sans qu’elles n'aient réussi à être efficaces». En plus de la protection des mineurs, la question de la vie privée est aussi de la partie, et garantir la protection de la vie privée est essentiel, puisque le visionnage par des adultes de contenus présents sur ces sites n’est pas interdit. Le mélange des deux n’est pas simple, mais avec le double anonymat, Opale IO peut protéger les mineurs et la vie privée.

Une solution peu contraignante pour les utilisateurs majeurs

Le fonctionnement autour des solutions de protection se fait avec trois acteurs : le site qui contient les vidéos, les vérificateurs et enfin les tiers de confiance comme Opale IO. C’est là tout le principe du double anonymat. «Le double anonymat, c’est faire en sorte que les vérificateurs - ceux qui donnent l’âge - ne sachent pas où vous allez l’utiliser et que ceux qui ont le contenu ne connaissent pas votre identité. C’est là qu’il y a un espace pour qu’une entreprise comme la nôtre existe», ajoute la cofondatrice. Opale IO se trouve donc «derrière le bouton ‘j’ai plus de 18 ans’, et quand une personne clique sur ce bouton, elle n’est ni chez le vérificateur ni chez le site, mais chez Opale IO». «Nous allons appeler un vérificateur, parce que vous allez choisir la façon dont vous allez vous faire reconnaître, et quand vous faites ce choix, l’information que vous avez plus de 18 ans nous parviens ; sans nous donner votre âge ; et on la donne ensuite au site qui vous laisse passer», indique Antonin Molle.

Le marché de la vérification d’identité n’est pas nouveau et est déjà mature. Néanmoins, celui du double anonymat exclusif est assez jeune, poussé par l’arrivée de nombreuses législations partout dans le monde. Un nouveau marché et de nouvelles solutions qui se doivent, si elles veulent prospérer, de rester simples et peu contraignantes pour les utilisateurs. Sur ce dossier, Opale IO a décidé de rendre la vérification réutilisable. «Je me vérifie une seule fois. Un selfie prend entre 30 et 40 secondes avec l’ensemble des étapes. Ce n’est rien si on doit ouvrir un compte sur les réseaux sociaux une fois, mais si vous devez le faire dès que vous entrez sur un site, cela peut rapidement devenir fastidieux pour les gens. Donc nous apportons une preuve d’âge réutilisable qui soit à la fois anonyme, donc non rattachée à mon identité, pas traçable, on ne peut pas savoir l’ensemble des sites que vous visitez à l’inverse d’un cookie qui est capable de suivre votre activité en ligne, et elle est inter-opérable, en fonctionnant sur plusieurs sites», détaille le cofondateur. Les données réutilisables sont gardées sur une clé privée dans le téléphone de la personne, qui ne peut être utilisée qu’avec l’empreinte biométrique de la personne qui l’a créée, et avec le site qui l’a créée, en l’occurrence Opale IO.

Naissance d'un marché

Pour savoir si sa solution peut fonctionner à terme, les cofondateurs d’Opale IO n’ont que peu d’éléments de comparaison, puisqu’en France le marché s’est ouvert le 11 avril. Mais la suite logique, après le marché français, est de continuer de s’implanter au niveau européen. Cela se fera grâce à des partenariats avec d’autres acteurs plus importants de ce domaine, notamment les Anglais, qui ont déjà une reconnaissance mondiale sur le double anonymat de manière générale. Dans l’attente de l’ouverture du marché et que ce dernier trouve sa vitesse de croisière d’ici l’été 2025, la petite équipe d’Opale IO, composée de quatre personnes, reste dans les starting-blocks, pour que la protection sur Internet devienne une norme et surtout, concerne tout le monde.