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Perpétuité requise au procès de l'assassinat de l'avocat Sollacaro

Une peine de perpétuité avec 22 ans de sûreté a été requise contre André Bacchiolelli, seul accusé présent, mardi au procès à huis clos, devant les assises des Bouches-du-Rhône, de l'assassinat de l'avocat et...

Des policiers et des experts légistes le 16 octobre 2012 devant une station-service d'Ajaccio, en Corse, après que l'avocat Antoine Sollacaro a été abattu dans sa voiture © Pascal POCHARD-CASABIANCA
Des policiers et des experts légistes le 16 octobre 2012 devant une station-service d'Ajaccio, en Corse, après que l'avocat Antoine Sollacaro a été abattu dans sa voiture © Pascal POCHARD-CASABIANCA

Une peine de perpétuité avec 22 ans de sûreté a été requise contre André Bacchiolelli, seul accusé présent, mardi au procès à huis clos, devant les assises des Bouches-du-Rhône, de l'assassinat de l'avocat et ex-bâtonnier Antoine Sollacaro, en 2012 à Ajaccio.

A l'issue de huit heures de réquisitions, les deux avocats généraux ont requis cette peine de perpétuité contre André Bachiolelli, seul des trois accusés présent au procès à Aix-en-Provence, qu'ils ont présenté comme étant le tireur qui a abattu Antoine Sollacaro le 16 octobre 2012, a indiqué à l'AFP le parquet général.

Ce sont "des réquisitions aussi pauvres dans la démonstration de la culpabilité que boulimiques dans la répression", a réagi auprès de l'AFP Me Bruno Rebstock, l'un des avocats de M. Bachiolelli.

L'assassinat d'Antoine Sollacaro, ancien bâtonnier d'Ajaccio, défenseur d'Yvan Colonna ou de l'ex-dirigeant nationaliste Alain Orsoni, avait été qualifié "d'onde de choc" par Christiane Taubira, alors ministre de la Justice.

Il avait été tué de cinq balles dans la tête par des assaillants à moto alors qu'il venait d'acheter son journal comme tous les matins dans la même station-service d'Ajaccio.

"Depuis 13 ans d'instruction et cinq semaines d'audience, les preuves rapportées contre l'accusé sont totalement accablantes. Voilà l'intime conviction que nous avons exposée" lors des plaidoiries des parties civiles lundi, a déclaré à l'AFP Me Philippe Soussi, l'un des avocats de la famille Sollacaro.

"Le huis clos n'est pas que judiciaire dans cette affaire, il est mental, moral, c'est pesant", a-t-il ajouté, assurant avoir vu défiler à la barre "des témoins terrorisés" dont les versions ont "à peu près toutes évolué depuis 13 ans" et "qui racontent n'importe quoi parce qu'ils sont tétanisés par la peur".

Interrogé sur le ressenti de la famille Sollacaro durant ce procès, Me Soussi a indiqué que cela avait été "très difficile, au bout de 13 ans, de revivre, y compris ces 16 secondes de malheur immense de l'assassinat du bâtonnier, mais c'était important pour eux d'être là et ils l'ont fait avec un courage et une dignité absolument exemplaires".

Meilleur hommage

"C'est le meilleur hommage qu'on pouvait rendre au bâtonnier", a-t-il ajouté.

Ce procès hors norme, débuté le 3 novembre, a vu le cas de Jacques Santoni, cerveau présumé de cet assassinat retentissant, être disjoint et renvoyé ultérieurement pour raison médicale.

Tétraplégique depuis un accident de moto en 2003, ce chef présumé de la bande criminelle corse dite du "Petit Bar" n'avait déjà pas comparu à ses derniers procès et n'est pas incarcéré malgré une peine de 13 ans de prison pour blanchiment prononcée en juin à Marseille.

Après cette disjonction, le huis clos avait été prononcé au deuxième jour du procès pour préserver la sécurité de Patrick Giovanonni, premier repenti de France qui témoigne pour l'accusation et est également jugé pour son implication dans une tentative d'assassinat liée à cette affaire.

"Petite main" et gestionnaire du stock d'armes de la bande du Petit Bar selon les enquêteurs, il a affirmé avoir reçu les confidences de Jacques Santoni, qui aurait déclaré après la mort de l'avocat: "C'est nous qui avons tapé".

Une peine de cinq ans avec sursis a été requise contre lui pour association de malfaiteurs en vue de la préparation de la tentative d'assassinat de Charles Cervoni, jointe à l'affaire et dans laquelle André Bacchiolelli serait également le tireur selon l'accusation.

"La semaine dernière, le repenti a été entendu pendant pratiquement une journée et il a répété tout ce qu'il avait dit à l'instruction", a indiqué à l'AFP Me Soussi, insistant sur le fait qu'"il est venu confirmer les éléments du dossier", que l'avocat qualifie de "solides".

Outre Jacques Santoni et André Bacchiolelli, un troisième homme, Mickaël Ettori, présenté par l'accusation comme un "proche lieutenant de Jacques Santoni", en fuite depuis 2020, est également "jugé par défaut". Une peine de 12 ans a été requise contre lui pour association de malfaiteurs en récidive.

Les trois accusés nient les faits.

Les plaidoiries de la défense sont attendues mercredi et le verdict jeudi.

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