Au CNBD, plaidoyer pour l'adaptation du bâtiment au changement climatique

Planter des arbres pour des îlots de fraicheur, installer des protections solaires, renforcer la ventilation naturelle, augmenter l'albédo, c'est à dire la capacité d'une surface à réfléchir la lumière solaire, prévenir le retrait-gonflement d'argile... autant de solutions pour adapter nos habitats, les locaux professionnels ou les écoles aux effets du changement climatique et améliorer le confort de vie.  «Sauf que depuis le début des années 2000, les efforts financiers se sont plutôt concentrés sur l'atténuation des effets du changement climatique, à savoir la décarbonation, la réduction de nos émissions individuelles de GES, le développement des énergies renouvelables, la performance énergétique...», rappelle Franck Boutté, grand prix de l'urbanisme 2022, présent lors du onzième Congrès national de l'habitat durable, les 4 et 5 septembre à Lille. «Or depuis l'été meurtrier de 2022, la question de l'adaptation est devenue majeure», D'ailleurs, la ministre du Logement, Valérie Létard, y a évoqué les premiers résultats d'une étude qui sera publiée le 8 octobre, indiquant que deux tiers des Français déclarent avoir alors éprouvé de la chaleur dans leur habitat.

Combiner les solutions

Au-delà du confort que peut apporter l'adaptation, pour François Gemenne, politologue spécialiste du climat très écouté durant l'événement, «un bâtiment mieux adapté diminuera aussi les consommations d’énergie. Une manière de réconcilier fin du monde et fin de mois». Pour celui qui a lancé l'Alliance pour la décarbonation du bâtiment par ailleurs, «on ne peut plus compter sur les subventions publiques. Il faut imaginer de nouveaux modèles économiques, comme transformer les crédits à la rénovation liés aux propriétaires, en prêts attachés aux biens immobiliers». Cela permettrait de faire des rénovations complètes d'un bâtiment, et d'attirer des investisseurs de long terme, avec un retour sur investissement garanti par l'Etat. 

Pour Christophe Millet, président du Conseil national de l'Ordre des architectes, la mobilisation des 90 milliards d'euros issus de l'épargne des Français offrirait également de nouvelles opportunités. En attendant, la ministre a annoncé la réouverture du guichet MaPrimeRenov fin septembre.

Un secteur toujours en crise

Pour autant, Bernard Loison, président du CD2E, a tenu à rappeler que «la profession souffre». «Nous espérons que ce congrès permettra une prise de conscience pour changer les pratiques, notamment chez élus». «Le bâtiment durable devrait faire partie des programmes des élections municipales», a-t-il plaidé.