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PME et TPE : des signaux de reprise fragilisés par l’instabilité politique

Les dirigeants de PME et TPE entrevoient enfin une accalmie sur la trésorerie et l’investissement. Mais leur horizon reste brouillé par l’incertitude politique, qui pèse sur leurs décisions stratégiques. Ils oscillent entre prudence et volontarisme pour préserver l’activité et l’emploi. Le marché de l’emploi, quant à lui, se détend légèrement, offrant un répit aux recruteurs, sans pour autant résoudre les pénuries de compétences.

©Adobe Stock.
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L’incertitude politique plombe la visibilité des chefs d’entreprise. 57 % des dirigeants redoutent un impact négatif « fort » de l’instabilité politique sur leur activité, un chiffre en hausse de quatre points depuis le printemps. Chez ceux qui ont répondu après l’annonce du vote de confiance par François Bayrou, le 25 août, cette proportion bondit à 67 %. Résultat : plus d’un dirigeant sur deux prévoit de reporter ou d’annuler ses projets d’embauche, et près des trois quarts retardent ou revoient à la baisse leurs projets d’investissement.

Pourtant, un signe encourageant apparaît à travers le dernier baromètre Bpifrance Le Lab – Rexecode du 3ème trimestre 2025 : la part de ceux qui maintiennent leurs recrutements progresse de 11 points depuis le début de l’année, atteignant désormais 50 %. Les entrepreneurs semblent donc décider de préserver leur capital humain, quitte à ajuster les volumes d’investissement. Car seuls 34 % d’entre eux prévoient de maintenir leurs projets d’investissement, dont 22 % sans les modifier. Les autres préfèrent reporter (43 %) ou annuler (23 %) leurs plans. A noter que l’annonce du vote de confiance le 25 août dernier a accentué l’incertitude et influencé les décisions des dirigeants. Ceux ayant répondu au sondage après cette date sont plus nombreux à envisager de reporter ou d’annuler leurs projets : 57 % pour l’embauche (contre 47 % avant) et 76 % pour l’investissement (contre 60 %).

Trésorerie sous vigilance

Le baromètre met en avant quelques voyants qui s’améliorent pour les petites et moyennes entreprises. Après plusieurs trimestres moroses, leur trésorerie gagne du terrain (+2 points sur le trimestre et +4 points depuis le début de l’année), bien que l’indicateur reste dix points sous sa moyenne historique. Un tiers reste ainsi préoccupé : « Un tiers des chefs d’entreprise continuent malgré tout de juger leur trésorerie difficile », rappellent les auteurs de l’étude. Une fragilité accentuée par l’allongement des délais de paiement des clients, revenu à son niveau d’avant-Covid et qui pèse directement sur les liquidités. Autre enseignement, la confiance des dirigeants sur les trois prochains mois reprend légèrement.

Investissements en hausse

Malgré ce contexte, 45 % des dirigeants prévoient d’investir en 2025, un chiffre stable sur un an. Après avoir touché un point bas au premier semestre, le solde d’opinion sur les montants investis se redresse de sept points, mais reste encore nettement inférieur à sa moyenne historique. Les budgets restent ainsi contraints : plus d’un tiers des dirigeants annoncent réduire leurs dépenses d’investissement, quand seuls 18 % envisagent de les augmenter. Leurs priorités ? Le renouvellement et la modernisation des équipements, loin devant les projets d’extension de capacité ou de lancement de nouveaux produits. A noter que la part consacrée aux investissements verts poursuit sa baisse. Seuls 31 % des dirigeants prévoient d’y allouer une partie de leurs budgets (–5 points en un an, –13 points en deux ans). Ce, malgré un contexte de transition énergétique qui appelle à l’action.

Moins de tensions sur les recrutements

Sur le front des ressources humaines, l’enquête révèle une situation plus favorable qu’un an auparavant : 60 % des dirigeants ayant cherché à recruter ces douze derniers mois déclarent avoir rencontré des difficultés, contre 76 % en moyenne entre 2018 et 2023. La moitié d’entre eux affirment que ces tensions pèsent déjà sur leur niveau d’activité et un tiers ont dû restreindre leur développement. Les principales causes ? L’inadéquation des qualifications proposées (58 %), l’absence de candidatures (56 %), la faible adaptabilité perçue des candidats (42 %), des exigences salariales en hausse (28 %) et des attentes inadaptées (18%). Face à cette réalité, les entreprises adaptent leurs pratiques : 35 % modifient leurs canaux de recrutement, 33 % revoient leurs exigences à la baisse et 22 % demandent à leurs salariés d’élargir leurs missions. A noter que les besoins de recrutement sont moins élevés qu’au cours des dernières années. Ainsi, un tiers des dirigeants disent ne pas avoir cherché à recruter au cours des 12 derniers mois, une proportion en hausse par rapport aux années précédentes avec une moyenne de 22%.

* Etude réalisée par voie numérique de 4 058 dirigeants de PME/TPE du 21 août au 3 septembre 2025