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Procès pour viol de l'avocat parisien Alex Ursulet: verdict attendu samedi

La cour criminelle de Paris doit rendre samedi son verdict dans l'affaire de l'avocat parisien Alex Ursulet, accusé de viol par une ancienne stagiaire à...

L'avocat français Alex Ursulet s'adresse aux journalistes au tribunal de Bobigny, au nord de Paris, le 27 mai 2016 © FRANCOIS GUILLOT
L'avocat français Alex Ursulet s'adresse aux journalistes au tribunal de Bobigny, au nord de Paris, le 27 mai 2016 © FRANCOIS GUILLOT

La cour criminelle de Paris doit rendre samedi son verdict dans l'affaire de l'avocat parisien Alex Ursulet, accusé de viol par une ancienne stagiaire à son cabinet en janvier 2018.

Les réquisitions de l'avocat général sont attendues samedi matin, avant les plaidoiries des avocats de la défense et les derniers mots de l'accusé.

"Ce que je dis depuis le premier jour, c'est que je suis innocent des faits qui me sont reprochés", a répété vendredi cette figure bien connue du barreau de Paris, autrefois associé de Jacques Vergès, qui avait acquis une notoriété et connu un succès professionnel certain après avoir défendu le tueur en série Guy Georges.

A la barre, Alex Ursulet martèle: "La vérité, c'est ce que je dis, c'est ce qui s'est passé", c'est-à-dire, selon lui, rien, en tout cas rien de nature sexuelle, entre lui et cette stagiaire à l'époque âgée de 25 ans.

Jeudi, la plaignante, depuis devenue avocate, avait pourtant raconté en détail une pénétration digitale vaginale, le 30 janvier 2018 en milieu d'après-midi, subie dans un état de "sidération", alors que les deux se trouvaient seuls au cabinet. Un peu plus tôt, lors d'un déjeuner en tête-à-tête au restaurant, l'avocat l'avait déjà, selon elle, questionnée sur ses pratiques intimes.

Alex Ursulet, qui comparaît pour viol aggravé, notamment en ce que les faits auraient été commis par "contrainte" et "surprise" par une personne abusant de l'autorité que lui confère sa fonction, encourt vingt ans de réclusion criminelle.

Vendredi, lors d'un interrogatoire de près de cinq heures, qualifié de "laborieux" par l'avocat général, le mis en cause a formellement contesté cette chronologie accusatrice: après le déjeuner, il n'est pas rentré directement à son cabinet mais est allé prendre un café avec sa compagne, puis il a retrouvé un journaliste avec qui il avait rendez-vous.

De telle sorte que, s'il s'est ensuite bel et bien retrouvé seul avec sa stagiaire dans son bureau, "ça a duré une minute, une minute et demie".

Explications incongrues

Faute d'éléments matériels incontestables, la cour criminelle (compétente pour juger les crimes dont la peine encourue n'excède pas vingt ans, composée de cinq magistrats professionnels sans jurés populaires) a enchaîné depuis lundi les auditions de témoins. 

A l'appui de l'accusation, ces proches de la plaignante qui ont décrit son état de tristesse et désespoir les semaines qui ont suivi les faits allégués. La jeune femme avait par ailleurs mis fin à son stage dès le lendemain. D'autres anciens collaborateurs avaient encore fait part de la "toute puissance" d'Alex Ursulet.

Au terme de son enquête, le juge d'instruction avait pour sa part décelé "une relation alternant proximité, réprimandes et compliments" entre la robe noire et sa stagiaire, corroborée par des messages plus ou moins équivoques - la défense n'y voit que du second degré.

Pour Alex Ursulet et ses avocats, celle qui ne cachait pas son admiration pour son maître de stage a construit un récit a posteriori, "fâchée, furieuse" de ne pas avoir été conviée à une audience, peut-être d'ailleurs influencée par des adversaires de Me Ursulet qui auraient voulu "sa perte".

"Qui?", l'a interrogé vendredi l'avocat général. Pas de réponse. 

Le représentant de l'accusation poursuit: "Vous pensez qu'une jeune stagiaire qui n'a pas été retenue pour vous accompagner à une audience aurait été capable de dire devant le Conseil de l'ordre, les enquêteurs, et aujourd'hui la juridiction criminelle" qu'elle a été faussement victime d'un viol, "en venant vous accabler sept ans après?"

Pour l'une des trois avocates de la partie civile, Me Hedwige Mure, il existe "deux versions avec une scission très précise": "D'une part, les incohérences, les contradictions, les explications incongrues, parfois même farfelues, d'une des parties", "de l'autre la constance, la précision, la cohérence."

"La constance doit triompher face aux contradictions", a-t-elle exhorté.

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