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Recrutement des cadres : confiance retrouvée, embauches en berne

La confiance revient timidement dans les entreprises, mais les recrutements de cadres restent au point mort. Avec seulement 8 % d’intentions d’embauche ce trimestre, le marché atteint un plancher inédit depuis quatre ans. De quoi inverser le rapport de force au profit des employeurs, tandis que les cadres, inquiets, envisagent pourtant davantage de mobilité.

©Adobe Stock.
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La confiance revient doucement dans les entreprises françaises. Mais côté embauches de cadres, c’est une tout autre histoire : les intentions plongent à leur plus bas niveau depuis 2021. C’est ce que révèle le dernier baromètre de l’Apec pour le troisième trimestre 2025*. Les dirigeants et DRH devront composer avec un paradoxe : une meilleure visibilité sur l’activité, mais une frilosité persistante dès qu’il s’agit d’étoffer les équipes.

Des carnets de commandes plus rassurants

Selon le baromètre, 71 % des entreprises déclarent avoir confiance dans l’évolution de leur carnet de commandes, contre seulement 61 % fin 2024. Ce rebond est particulièrement marqué dans les TPE et PME, très fragilisées lors des turbulences budgétaires et politiques de l’hiver dernier. Pourtant, ce regain de visibilité ne suffit pas à déclencher une vague de recrutements. Ainsi, les intentions d’embauches sont au plus bas avec seulement 8 % des entreprises qui prévoient d’embaucher un cadre ce trimestre, un plancher historique depuis quatre ans. Dans les ETI et grandes entreprises, la prudence est encore plus nette : à peine 45 % envisagent une embauche, soit une chute de 13 points en un an. Secteur par secteur, l’industrie paie le prix fort avec seulement 9 % d’intentions (-3 points). Tandis que les services à forte valeur ajoutée résistent mieux (14 %, +2 points), mais restent loin des niveaux de 2024.

Un rapport de force qui s’inverse

Bonne nouvelle pour les recruteurs : les tensions sur le marché s’atténuent. Seules 65 % des entreprises anticipent des difficultés de recrutement, contre 82 % un an plus tôt. C’est le plus bas niveau depuis le lancement de la mesure en 2021. Conséquence directe : la concurrence entre employeurs s’apaise, et les cadres reçoivent moins de sollicitations des chasseurs de têtes (29 %, -2 points). Pour les DRH, c’est l’occasion de reprendre la main dans les négociations salariales et contractuelles.

Des cadres inquiets mais mobiles

Côté salariés, le climat reste morose. Seuls 23 % des cadres font confiance à l’économie française, en recul de 8 points sur un an. La sécurité de l’emploi inquiète (72 %, -2 points), tout comme leurs perspectives de carrière (57 %, -3 pts). Malgré ce pessimisme, les velléités de départ progressent : 15 % des cadres envisagent de changer d’entreprise dans les trois prochains mois (+2 points sur un an). Les 35-54 ans sont les plus nombreux à se mettre en mouvement (16 %, +5 pts), tandis que les moins de 35 ans restent stables à un niveau élevé (20 %). Les seniors, eux, temporisent.

Un marché moins clément pour les candidats

Les cadres savent toutefois que le marché leur est moins favorable avec un rapport de force se rééquilibre. 57 % estiment qu’il sera difficile de retrouver un poste équivalent en cas de départ (+6 points sur un an). Les concessions demandées par les employeurs sur les salaires, les conditions de travail ou les avantages deviennent plus fréquentes. Les DRH disposent aujourd’hui d’une opportunité rare : consolider leurs équipes, fidéliser leurs cadres clés et préparer le terrain pour la reprise. Une fidélisation qui ne pourra plus reposer uniquement sur le levier financier : la clarté des perspectives, l’équilibre vie pro/vie perso et les opportunités de mobilité interne pèseront lourd dans la balance.

* Etude réalisée par la direction donnée et études de l’Apec. Elle repose sur deux enquêtes menées du 2 au 17 juin 2025 , l’une en ligne auprès de 2 000 cadres et une autre par téléphone, auprès de 1 000 entreprises.