Safran, armé pour l'aviation électrique

Safran Electrical & Power est un des leaders mondiaux des systèmes électriques aéronautiques. Cette année, le groupe possède des ambitions majeures pour le site industriel et de production de Méru, dans l'Oise, qui connaît une croissance exceptionnelle depuis 2023. Le site prévoit de tripler sa production d’ici 2028, boostée par une demande accrue. Ce développement s’accompagne d'un plan de recrutements et marque, pour le groupe, une nouvelle voie vers une aviation plus durable.

Nayan Surti, directeur général de Safran Power Chatou-Méru-Conflans et Guillaume Baroth, directeur et DRH du site Safran de Méru. (c) Eloïse Le Névanic
Nayan Surti, directeur général de Safran Power Chatou-Méru-Conflans et Guillaume Baroth, directeur et DRH du site Safran de Méru. (c) Eloïse Le Névanic

C'est l'un des fleurons industriels du territoire. Depuis 70 ans, Safran s'illustre dans le domaine de l'électrique et depuis 30 ans, plus précisément dans la conversion électrique, avec la fabrication des systèmes électriques aéronautiques. À Méru, les 550 collaborateurs fabriquent et réparent des générateurs, convertisseurs, alternateurs et régulateurs électriques pour la division "Power" du groupe, celle qui fabrique et génère la puissance électrique des appareils, le secteur de l'aéronautique représentant 80% de son activité. 

«Le business model du site repose sur la production et la réparation des produits pour toute l'Europe, précise Guillaume Baroth, directeur et DRH du site Safran de Méru. Nous fabriquons des pièces pour plusieurs parties d'un avion, notamment pour les réacteurs, et nous installons aussi une batterie pour stocker l'énergie». Avec 600 références de pièces et 100 000 pièces usinées sur le site de Méru - spécialisé dans la fabrication de petites séries - Safran travaille pour trois marchés : les avions civils, les avions militaires et les hélicoptères. Le groupe fabrique notamment les pièces pour les gros porteurs, tel que le dernier né d'Airbus et Boeing l'A350 ou encore le B787, connu par son surnom le Dreamliner. 

À Méru, Safran fabrique 600 références. (c) Safran Power CMS

Le groupe fabrique également des pièces pour le business jet, le Rafale ou encore pour l'un des derniers avions militaires les plus puissants, l'A400. «Nous avons plusieurs métiers de précision car nous sommes ici dans le monde industriel, la partie usinage. La conception des produits se fait au sein de notre bureau d'études à Chatou, poursuit Guillaume Baroth. La qualité est primordiale, dont la qualité du geste car nous pratiquons le bobinage par exemple, qui est un métier manuel. L'humain et le geste sont importants».

Une croissance exceptionnelle 

En 2023, une autre dimension s'est ouverte pour Safran. En octobre de cette même année, Safran Electrical & Power a conclu l'acquisition de l'activité de systèmes électriques aéronautiques de Thales, implantée à Chatou (Yvelines), Méru et Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), portant sur la conversion, la génération et les moteurs électriques. Cette acquisition vient souder l'activité exponentielle du site, dont le niveau d'investissement a par ailleurs triplé pour le doter de nouveaux moyens industriels et espaces de production. Car en 2023 et 2024, les volumes de production du site de Méru ont augmenté de 150%, portés par un niveau de commandes record en 2023. Ce record s'explique lui-même par un marché de l'aviation en croissance accrue tiré par l'aviation civile (75%) et militaire (25%), mais aussi une demande mondiale exponentielle. 

«Il y a une reprise fulgurante depuis le Covid et surtout une croissance de l'aviation civile de 10%. Les gens veulent voyager de plus en plus, autant pour les avions d’affaire, que les hélicoptères, analyse Nayan Surti, directeur général de Saf ran Power Chatou-Méru- Conflans. Nous allons adapter le site industriel de Méru pour pallier à cette augmentation de production et soutenir la croissance de l'activité». À tel point que le site prévoit de tripler sa production d’ici 2028 et de recruter près de 100 personnes cette année, alors même que le site a connu un niveau exceptionnel de recrutement en 2023 (+13%) et en 2024 (+25). «Aujourd'hui, c'est donc la guerre des pièces, mais aussi des talents, note Guillaume Baroth. Le recrutement est central pour l'avenir de l'usine. Nous formons aux métiers et intégrons des jeunes en alternance. Mais plus largement, nous avons besoin de jeunes pour la réindustrialisation de la France». Une nouvelle ère s'ouvre donc pour Safran, qui est prêt à faire décoller des avions plus durables.

En chiffres

- +150% de volumes de production en 2024 et 2025

- 157 millions d’euros de CA en 2023

- 100 000 pièces usinées en 2024