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Semaine décisive à Matignon, Lecornu à l'heure des choix

Resté volontairement discret depuis sa nomination le 9 septembre, Sébastien Lecornu affronte une semaine décisive pour la suite de son action à Matignon s'il veut éviter la censure, tout en peaufinant la composition de...

Le Premier ministre Sébastien Lecornu, le 10 septembre 2025 à Paris © Ludovic MARIN
Le Premier ministre Sébastien Lecornu, le 10 septembre 2025 à Paris © Ludovic MARIN

Resté volontairement discret depuis sa nomination le 9 septembre, Sébastien Lecornu affronte une semaine décisive pour la suite de son action à Matignon s'il veut éviter la censure, tout en peaufinant la composition de son gouvernement, attendue dans les prochains jours.

Les échéances se précisent pour le Premier ministre: jeudi, il affrontera sa troisième journée de mobilisation populaire et syndicale, après celles des 10 et 18 septembre, avant de mener de nouvelles consultations politiques, RN compris.

En parallèle, la composition du futur gouvernement est dans toutes les têtes. Plusieurs responsables du bloc central envisageaient lundi une nomination dans les prochains jours. Le Premier ministre avait promis vendredi de dévoiler son gouvernement "avant le début des travaux parlementaires", qui démarrent mercredi à l'Assemblée. Mais cette date n'a pas été confirmée par Matignon. 

En attendant, Sébastien Lecornu a revu lundi les chefs de parti et de groupe parlementaire du socle commun. Et le locataire de Matignon a quelque peu précisé sa feuille de route.

Son futur gouvernement fera des "propositions" de baisse d'impôts "notamment en faveur du travail", alors que les socialistes réclament entre autres une baisse ciblée de la Contribution sociale généralisée (CSG), ont rapporté des participants à l'AFP.

Le Premier ministre a par ailleurs demandé à ses interlocuteurs d'être "ouverts au débat sur la justice fiscale" et à un "juste partage de l'effort". Avec une "limite": "ne pas abîmer croissance et emploi", a-t-il prévenu, selon ces participants.

Dans l'agenda du Premier ministre, le rendez-vous le plus important est néanmoins programmé vendredi. Il s'agira d'une rencontre avec les socialistes, présentée par le premier secrétaire du parti Olivier Faure comme celle de la dernière chance pour résister à la censure.

Ce dernier a réclamé lundi à Sébastien Lecornu qu'il leur présente "une copie complète" de son projet de budget car "pour l'instant, on n'a pas très bien compris ce que le Premier ministre était prêt à faire".

Les oppositions attendent de pied ferme sa déclaration de politique générale, peut-être le 6 ou le 7, même si un proche envisageait qu'il puisse s'en passer. 

Le temps presse. Le gouvernement doit présenter son projet de budget pour 2026 au plus tard mi-octobre, pour espérer respecter les délais constitutionnels.

Discret, le Premier ministre s'est jusqu'ici contenté de dévoiler dans Le Parisien de premières orientations, qui ont eu pour effet de crisper les oppositions.

Fidèle aux fondamentaux de la doctrine macroniste et soucieux de ramener le déficit sous la barre des 3% du PIB en 2029, il a écarté les principales revendications du PS, comme la taxe Zucman ou la suspension de la réforme des retraites, même s'il a invité le Parlement à retravailler sa copie.

un chemin existe

Sébastien Lecornu chercherait-il un accord de non-censure avec le Rassemblement national ? S'il s'est dit ouvert à une évolution de l'Aide médicale d'Etat, destinée aux étrangers et que le RN veut voir réduite à une aide d'urgence, cela risque de ne pas suffire aux yeux du parti à la flamme.

"On ne va pas accepter 200 millions d'euros d'économies sur l'immigration, contre 20 milliards d'euros d'efforts imposés aux honnêtes gens", a prévenu le député Jean-Philippe Tanguy dans La Tribune Dimanche.

Face aux réactions de la gauche, 78 députés Renaissance, Horizons et MoDem ont pris la plume dimanche, se disant convaincus dans une tribune au même média qu'un "chemin existe".

Le spectre de la censure, et d'une éventuelle dissolution de l'Assemblée, plane cependant de nouveau sur le gouvernement, moins d'un mois après la chute de François Bayrou, renversé le 8 septembre après avoir sollicité la confiance des députés, et moins d'un an après la censure de Michel Barnier (4 décembre).

Le groupe des députés LFI a promis le dépôt rapide d'une motion de censure.

"Si rien ne change, le résultat est déjà connu. Il y aura une censure donc ce gouvernement tombera et il y aura vraisemblablement une dissolution à laquelle nous sommes prêts", a assuré Olivier Faure, indiquant que le PS déposerait sa propre motion. 

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