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Tendances

Seuls 49% des Français déclarent avoir confiance dans la justice

Le ministère de la Justice a récemment publié une enquête sur la perception et les connaissances qu’ont les Français de l’institution judiciaire. Éclairage.

© Adobe Stock.
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Une justice trop lente, coûteuse et peu compréhensible. C’est ce qui ressort de l’enquête* sur la justice en France, réalisée au deuxième semestre 2024 par le service statistique de la Chancellerie, et publiée fin octobre. Objectifs : mieux connaître l’opinion que les Français ont de la justice et leur niveau de confiance en l’institution et mesurer la satisfaction des personnes ayant déjà eu affaire à la justice.

Un niveau de confiance variable selon les profils sociodémographiques

En 2024, seules 49 % des personnes résidant en France déclarent avoir confiance dans la justice, soit un taux inférieur à celui de cinq autres institutions publiques : la police, la gendarmerie, le système public de santé, l’administration fiscale et l’éducation nationale. Et les critiques sont nombreuses : la justice est souvent perçue comme trop lente (86%), coûteuse (74%), peu compréhensible (78%), pas assez sévère (68%) et inégale dans le traitement des citoyens (69%). Des résultats qui viennent confirmer ceux enregistrés lors de la précédente enquête, réalisée il y a dix ans.

Parmi ceux qui ont déjà eu une expérience directe ou indirecte de la justice (vécue personnellement ou par un proche), ils ne sont plus que 43% à déclarer avoir confiance, soit un niveau plus bas que la moyenne (49%). A l’opposé, les Français sans aucune expérience judiciaire sont les plus confiants (53%), mais ils sont aussi les plus nombreux en proportion à ne pas s’exprimer sur cette question.

Le niveau de confiance est variable selon les profils sociodémographiques. Les moins de 30 ans, les personnes victimes de discrimination, celles qui rencontrent le plus de difficultés à réaliser des démarches administratives en ligne et celles vivant en zones rurales ou ayant un faible niveau d’éducation sont moins confiantes en la justice, contrairement alors que les étrangers, les étudiants, les personnes diplômées (bac+5 et plus) et celles qui n’ont jamais vécu de discrimination sont plus confiantes.

Huit justiciables sur 10 satisfaits de leur rencontre avec le juge

Un peu plus d’un tiers des Français interrogés déclarent avoir été confrontés à la justice au moins une fois dans leur vie (en défense ou en demande) et un peu moins de la moitié affirment avoir dans leur entourage quelqu’un ayant eu affaire à la justice. En parallèle, 14% d’entre eux ont indiqué avoir une certaine connaissance du monde judiciaire (le plus souvent en lien avec une activité professionnelle ou dans le cadre d’études de droit) et 39% avoir dans leur entourage des personnes ayant des connaissances en droit (souvent des membres de leur famille). Enfin, certains ont fréquenté le tribunal sans avoir jamais eu d’affaire les concernant personnellement (27%), mais en tant que public (visiteurs, soutiens d’un proche, accompagnateurs) ou dans un but citoyen (pour être jurés d’assises).

Un tiers des personnes qui ont eu affaire à la justice (affaire en cours ou terminée) ont eu l’occasion de rencontrer un juge, lors d’une audition dans son bureau ou au cours d’une audience. La majorité d’entre eux ont considéré cette expérience globalement positive : 79% disent avoir disposé d’un temps suffisant pour exposer leur point de vue et 77% estiment le magistrat juste et à l’écoute. La compréhension des échanges lors des audiences reste toutefois une difficulté pour 23% de ceux ayant été présents à une audience – du fait de l’utilisation de termes juridiques trop complexes, le plus souvent. À noter : l’appréciation positive de la rencontre avec le juge ou les éventuelles difficultés de compréhension rencontrées lors des audiences ne semblent pas avoir d’influence sur le niveau de confiance des justiciables dans la justice.

Des progrès à faire pour réduire les délais et simplifier les procédures

Enfin, lorsque l’on interroge ceux qui ont déjà eu une expérience de la justice sur les domaines dans lesquels l’institution pourrait progresser, les sujets qui arrivent en tête (80% des répondants ou plus) sont : « raccourcir les délais », « simplifier les procédures et le langage juridique », ou encore « mieux informer sur le fonctionnement de la justice en général », ainsi que « sur les coûts financiers des procédures », et «sur le déroulement de l’affaire, le résultat des procédures et les délais ».


* « La justice en France en 2024. Perception, connaissances et expériences judiciaires », enquête réalisée par le service de la Statistique, des études et de la recherche du ministère de la Justice, auprès de 25 000 personnes, en France métropolitaine et dans les DROM (hors Mayotte), publiée le 30 octobre 2025.