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Shein échappe pour l'heure à une suspension mais reste sous étroite surveillance

Shein échappe pour l'heure à une suspension en France après avoir supprimé de son site tous les produits illicites mais reste "sous surveillance rapprochée" du gouvernement et toujours...

Clientes à l'ouverture de l'espace du géant du e-commerce Shein au Bazar de l'Hotel de Ville (BHV) à Paris le 5 novembre 2025. © Dimitar DILKOFF
Clientes à l'ouverture de l'espace du géant du e-commerce Shein au Bazar de l'Hotel de Ville (BHV) à Paris le 5 novembre 2025. © Dimitar DILKOFF

Shein échappe pour l'heure à une suspension en France après avoir supprimé de son site tous les produits illicites mais reste "sous surveillance rapprochée" du gouvernement et toujours sous le coup de procédures judiciaires.

Les pouvoirs publics avaient donné mercredi 48h à la plateforme asiatique de vente en ligne pour se mettre en conformité avec la loi après la découverte sur son site de poupées sexuelles d'apparence enfantine et d'armes de catégorie A.

Dans un communiqué vendredi, le gouvernement annonce avoir "obtenu la suppression par Shein de tous les produits illicites vendus sur sa plateforme".

Ce résultat découle de la décision de Shein de suspendre sa "marketplace" où sont proposées les produits de vendeurs tiers.

La Répression des fraudes a constaté qu'il n'y avait "plus aucun produit illicite (objets à caractère pédopornographique, armes blanches, médicaments...etc.) en vente sur Shein", selon le gouvernement, qui y voit une "victoire fondamentale" pour les consommateurs et l'ordre public.

Mais Shein n'est pas sortie d'affaires. Un nouveau point de situation est prévu la semaine prochaine à la demande du Premier ministre Sébastien Lecornu, qui "confirme" sur X "le maintien des procédures judiciaires aux fins d'obtenir la suspension de la plateforme". 

Le ministère de l'Intérieur a saisi vendredi le tribunal judiciaire de Paris pour "faire cesser les graves dommages à l'ordre public causés par les défaillances répétées de Shein", dit le gouvernement.

Nouvelles procédures

En outre, le parquet de Paris a annoncé lundi avoir confié quatre enquêtes à l'Office des mineurs (Ofmin), sur quatre plateformes (Shein, AliExpress, Temu et Wish). Ces investigations portent sur la "diffusion de message violent, pornographique, ou contraire à la dignité accessible à un mineur", mais aussi, pour Shein et AliExpress, sur la "diffusion de l'image ou la représentation d'un mineur présentant un caractère pornographique".

"Nous prenons note de la décision du gouvernement aujourd'hui", a indiqué à l'AFP le porte-parole de Shein en France, Quentin Ruffat. "Shein reste engagée dans le dialogue avec les autorités françaises afin de répondre aux préoccupations exprimées et de présenter les mesures que nous avons mises en place pour continuer à nous améliorer".

Au-delà, le gouvernement a constaté la vente de produits illicites sur d'autres plateformes, non nommées, et "engagera dans les prochains jours de nouvelles procédures à leur encontre".

Comme l'a constaté l'équipe de l'Investigation numérique de l'AFP, il semble toujours possible pour un acheteur français de se procurer facilement une poupée sexuelle à l'apparence enfantine sur internet, sans passer par le darkweb.

La recherche d'une des poupées précédemment vendues par Shein a permis vendredi d'atterrir sur un site chinois en proposant.

Shein montre désormais patte blanche. "Le Shein d'aujourd'hui n'est pas du tout celui de mercredi", avait reconnu vendredi le ministre du Commerce Serge Papin.

Premiers magasins

Jeudi à l'aéroport Roissy-CDG, lors d'une opération de contrôle de 100% des colis Shein, des produits "pas aux normes" voire "destinés à un trafic illicite" ont été découverts, selon le ministre.

M. Papin a par ailleurs refusé la possibilité d'une rencontre avec Donald Tang, le patron de Shein, qui s'engageait dans une lettre à "respecter toutes les lois françaises" et proposait une entrevue.

La France a également interpellé la Commission européenne pour sanctionner Shein. La ministre déléguée au Numérique, Anne Le Hénanff, s'est entretenue jeudi avec la vice-présidente de la Commission chargée du numérique, Henna Virkkunen. Cette dernière "considère l'affaire des poupées pédopornographiques comme extrêmement grave et ne compte pas en rester là", a assuré la ministre au Parisien. 

Vendredi, par la voix du ministre du Commerce extérieur Nicolas Forissier, en déplacement à Shanghai, la France a fait savoir à la Chine, où la marque de mode ultra-éphémère fabrique majoritairement ses produits, que la vente par Shein de ces poupées était "inacceptable".

C'est dans ce contexte que Shein continue d'installer en France ses premiers magasins pérennes au monde. Après le BHV à Paris mercredi, des ouvertures sont prévues le 18 novembre à Dijon et Reims et le 21 novembre à Grenoble, puis début décembre à Angers et Limoges, selon la Société des grands magasins (SGM), propriétaire des structures qui accueilleront la marque.

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