Sotteville-lès-Rouen : « Du stade vers l'emploi », quand le sport permet de recruter autrement
Alors que certains métiers peinent à attirer des candidats, certaines structures s'essaient à d'autres méthodes de recrutement, sans CV, à l'image du dispositif « Du stade vers l'emploi » qui met en avant les valeurs du sport. Reportage.
Au gymnase Jean-Rostand de
Sotteville-lès-Rouen, les cris de joie et les applaudissements
s'entendent dès la porte passée. Près de 80 personnes sont réunies
pour jouer au volleyball. Elles ne font pas partie d'une équipe
locale, ni d'une association sportive : elles sont, sans
distinction, recruteurs ou demandeurs d'emploi. Tous viennent avec un objectif : soit recruter leurs futurs collaborateurs, soit trouver leur
prochain emploi.
Ce dispositif, « Du stade vers
l'emploi », existe depuis 2021. « La stratégie, c'est
d'aller vers les entreprises avec d'autres méthodes de recrutement,
explique Fanny Lepainturier,
directrice
territoriale déléguée pour les agences de Rouen, Elbeuf et
Barentin. 60%
des entreprises trouvent le savoir-être plus important. Les compétences techniques s’acquièrent ensuite par des
formations. »
« Des
profils non détectés par le recrutement classique »
Jusqu'au
job dating de l'après-midi, personne ne sait qui sont les recruteurs
et les candidats, une manière de briser la glace rapidement. Et pour
les employeurs de s'intéresser à « des
profils que le recrutement classique n'aurait pas détecté »,
pointe Fanny Lepainturier.
Comme
ceux en reconversion professionnelle, qui ont peu d'expérience, à
l'image de Lamia Hassini, l'une des 63 candidats, qui participe pour
la première fois : « Je
suis diplômée depuis mars, je croise les doigts pour que ça
fonctionne aujourd'hui,
s'enthousiasme celle qui cherche un poste de secrétaire
médico-social après plusieurs années dans l'enseignement. J'ai
accepté le défi, car je trouve que dans le recrutement classique il faut faire attention, se préparer, là on est plus nous-mêmes,
plus à l'aise. »
Une
méthode de recrutement apprécié aussi par les employeurs qui
recherchent des « soft-skills » :
« l'esprit
d'équipe, la solidarité, la capacité relationnelle, le
comportement non-verbal »,
énumère Sabah Ezzaine, responsable gestion RH au Centre hospitalier
du Rouvray depuis 13 ans, parmi les 12 recruteurs de cette édition
dédiée aux métiers de la santé et du social en lien avec l'Agence régionale de santé (ARS).
« Des
valeurs reconnues dans le sport et dans le travail »,
note-t-elle. L'établissement participe pour la deuxième fois. « La
première fois, cela a abouti à deux recrutements ».
Ce jour-là, elle espère trouver les bons candidats pour des postes
de chef cuisinier, d'éducateur ou encore d'agents de service hospitalier.
Mais, c'est aussi le moyen de se rendre attractif aux yeux des candidats. « Nous
existons depuis septembre 2025, donc nous souhaitons nous faire
connaître »,
présente Armelle Edouard, chargée de recrutement et
d'accompagnement du GEIQ Aide à domicile 76, qui participe pour la
première fois. « Ce
format est complémentaire à notre recrutement, nous recherchons 12
personnes pour cette année et avons déjà des besoins pour l'année
prochaine à hauteur de 50 recrutements »,
précise-t-elle.
30 éditions en 2025
Avec 30 éditions par an en moyenne, en lien avec des fédérations sportives, ce dispositif « amène les personnes vers des secteurs qui recrutent » dont la santé et le social, la restauration, le transport et la logistique, le commerce ou encore le bâtiment et l'industrie.
« 85%
des entreprises participantes sont satisfaites. Mais, nous
travaillons avec 25 à 30% des entreprises du territoire, nous
aimerions inciter davantage les petites entreprises à découvrir ces
nouvelles méthodes inclusives »,
nuance Fanny Lepainturier. Du côté des candidats, « un
participant sur deux trouve du travail dans les six mois selon
notre suivi de retour à l'emploi,
informe Fanny Lepainturier. Cela
permet aussi de reprendre confiance en soi. »
D'autres
méthodes sont mises en place par France Travail comme « Les
places de l'emploi » à destination des quartiers prioritaires,
les immersions « Je teste un métier » pour casser les préjugés ou encore la
méthode de recrutement par simulation.