Suriname: législatives pour décider qui gérera la future manne pétrolière

Le Suriname décide dimanche lors de législatives quel parti va diriger le plus petit pays d'Amérique du sud, voisin de la Guyane française, promis à...

Le président sortant Chan Santokhi vote lors des élections législatives à Paramaribo, le 25 mai 2025 au Suriname © Juan BARRETO
Le président sortant Chan Santokhi vote lors des élections législatives à Paramaribo, le 25 mai 2025 au Suriname © Juan BARRETO

Le Suriname décide dimanche lors de législatives quel parti va diriger le plus petit pays d'Amérique du sud, voisin de la Guyane française, promis à des lendemains meilleurs grâce au pétrole.

Les électeurs des 51 députés de la future assemblée, qui sera appelée à décider du tandem présidentiel, ont à choisir entre la continuité autour de l'actuel président Chan Santokhi, et le retour de la domination du parti de l'ex-président Desi Bouterse, récemment décédé.

Cette ancienne colonie néerlandaise, minée depuis son indépendance en 1975 par des rébellions et coups d'Etat, dispose d'importantes réserves offshore découvertes récemment. 

Elles devraient offrir au pays, où 20% de la population vit sous le seuil de pauvreté, une importante manne financière à partir de 2028, quand débutera l'exploitation d'un bloc offshore à 220.000 barils par jour, beaucoup plus que les 5 à 6.000 actuels.

"J'espère vraiment qu'on réussira à faire quelque chose avec tout ce pétrole", confie à l'AFP Omar Tariq Kohinor, livreur de 30 ans, après avoir rempli son devoir électoral.

"J'espère que ça va changer notre pays en bien, qu'on vive mieux, qu'on puisse avoir de meilleures routes, un peu plus de sécurité dans nos vies, une meilleure éducation pour nos enfants, de meilleures conditions pour les étudiants", renchérit Rayshrie, 26 ans, employée de banque.

Coude-à-coude

Le président sortant Chan Santokhi, ancien policier puis ministre de la Justice, vise un deuxième mandat. Son arrivée au pouvoir en 2020 avait rassuré les marchés financiers et les institutions internationales, notamment le Fonds monétaire international qui avait accordé un prêt pour aider le pays à restructurer sa dette abyssale.

Auteur de réformes économiques impopulaires pour sortir du surendettement, il promet, grâce à l'or noir, des investissements dans l'agriculture, le tourisme, la santé, l'éducation et les énergies vertes.

M. Santokhi, polo orange (couleur de son parti) sous sa veste, a voté en compagnie de la Première dame en périphérie de Paramaribo et demandé à ses concitoyens de lui donner "le mandat pour terminer notre tâche". "Beaucoup de choses ont été accomplies mais le travail n'est pas terminé", a-t-il dit à l'AFP.

Son opposante principale, présidente de l'Assemblée nationale, Jennifer Simons, a dit à l'AFP vouloir "être au pouvoir pour (s)'assurer que la population bénéficie réellement" des revenus attendus du pétrole en "établissant une loi selon laquelle toutes les entreprises devront travailler avec des Surinamais et acheter des produits du Suriname".

Le VHP du président Santokhi et le NDP de Mme Simons sont au coude-à-coude dans les intentions de vote. Ils ont affirmé qu'ils ne feront pas alliance.

Avec un corps électoral de 399.937 inscrits, la marge d'erreur est grande, et l'incertitude sur le score tout autant.

Sans majorité, ils devront devront nouer des alliances avec des petits partis qui monnayeront leur soutien contre une place dans le futur gouvernement.

1 nom parmi 700

Sur le NDP plane toujours l'ombre tutélaire de son leader Desi Bouterse, qui a dirigé le pays d'une main de fer après un coup d'Etat en 1980, puis démocratiquement entre 2010 et 2020. Sous son mandat, le Suriname était considéré comme un narco-Etat.

Condamné aux Pays-Bas pour trafic de cocaïne et au Suriname pour le meurtre d'opposants en 1982 lorsqu'il était chef de la junte, M. Bouterse est décédé en décembre dans la clandestinité. Sa figure reste toutefois célébrée, notamment parmi la classe populaire où son franc-parler faisait merveille. Sa veuve a activement participé à la campagne électorale et est candidate à la députation. 

Dans chacun des 673 bureaux de vote, sur une double feuille A3 comportant plus de 700 candidats des 14 partis en lice, les électeurs devaient choisir un seul nom à cocher à l'encre rouge.

Les bureaux de vote ferment à 19H00 (22H00 GMT). Des résultats provisoires sont attendus dans la nuit. 

Une fois qu'ils seront rendus officiels, d'ici trois semaines, la nouvelle Assemblée nationale aura un mois pour se réunir et élire à la majorité des deux tiers le président et le vice-président.

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