Tellux veut révolutionner la dépollution des terres
La start-up Tellux, basée à Maromme, a mis au point un process pour séparer terres polluées et saines en temps réel. Explications.

Séparer les terres saines des terres polluées. C'est le pari de la start-up Tellux, basée à Maromme. «Grâce à l'imagerie hyperspectrale, associée à l’intelligence artificielle, les fractions de terre saines sont isolées», explique Antonin Van Exem, docteur en géologie et fondateur de l'entreprise. L'HyperScan réalise, en temps réel et sur place, une véritable analyse de sol qui peut porter sur plusieurs polluants, selon les besoins.
Une innovation que Tellux a notamment expérimentée, sur le site Lhotellier à Alizay dans l'Eure. Cette friche industrielle, en cours de reconversion, est idéale pour une démonstration grandeur nature donnée en public le 15 mai dernier. En effet, environ 500 tonnes de déchets y ont été laissées par Azéo, après sa liquidation en 2017.
Le prototype de l'HyperScan, complété par un poste d'analyse, tient dans l'équivalent de deux containers. La terre, déposée sur une bande de convoyeur, passe sous la camera hyperspectrale. Les données collectées sont analysées grâce à l'IA qui s'appuie sur une base de données. «On a, au préalable, défini une concentration seuil pour les polluants et c'est dans le deuxième container que la séparation est effectuée», précise Antonin Van Exem.
« Plus rapide, plus précis et moins coûteux »
Avec l'HyperScan, selon le type de chantiers, les volumes à dépolluer seraient diminués de 30 à 50% en moyenne. «Mais dans le secteur du nucléaire, on peut dépasser les 80%» note le chef d'entreprise. La terre saine peut tout simplement être réutilisée sur place, tandis que la fraction polluée suivra un cursus adapté. «On diminue les volumes à traiter et à transporter. C'est plus rapide, plus précis et moins couteux» résume le dirigeant.
Il faut dire que jusqu'à présent, la méthode pour définir les zones à dépolluées était empirique. «On procède par sondage et prélèvements d'échantillons qui sont envoyés en laboratoire. Une zone contaminée est définie en prenant une marge de sécurité», détaille l'entrepreneur.

Si le débit du prototype est de l'ordre de 1 500 tonnes par jour, à terme, l'objectif final est d'atteindre 10 000 tonnes par jour. « Pour l'instant, nous visons les chantiers importants d'une durée d'au moins deux mois. Dans la région, nous avons les anciennes décharges Dollemard, au Havre et la friche Orgachim dans l'agglomération rouennaise », développe Antonin Van Exem.
Des projets qui deviennent réalisables
De son côté, le groupe Lhotellier est convaincu du succès de l'aventure Tellux. «Pour nous ce projet est une évidence. Nous devions l'accompagner pour qu'il soit adapté aux besoins des entreprises» souligne Jean-Philippe Lemesle, directeur général du groupe. A terme, les perspectives sont prometteuses pour le secteur du bâtiment.
« En réduisant les coûts de traitement, elle permettra de réaliser des projets, concernant notamment des friches, aujourd'hui irréalisables pour des raisons économiques », estime Julien Alix, directeur général métiers industries et ressources au sein du groupe Lhotellier. Une prédiction qui pourrait se réaliser très prochainement…
Pour Aletheia Press, Laetitia Brémont