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Entreprises

Trois questions à Sylvie Maignan, responsable de mission pour la Maison du savoir-faire et de la création, chargée de…

La Maison du savoir-faire et de la création, affilée à l’UFIMH, Union française des industries de la mode et de l’habillement, vient de lancer une version anglaise de sa plateforme de mise en relation entre donneurs d'ordre et PME de la mode en France. Avec un positionnement haut de gamme qui capitalise sur une expertise reconnue à l'étranger.


© Adobe Stock.
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Quel était l'objectif initial de la plateforme https://maisondusavoirfaire.com que gère l'entité éponyme ?

L'objectif de la plateforme, qui a été initiée en 2005, consiste à favoriser la relocalisation de la production textile en France, en réalisant la promotion des savoir-faire français auprès des donneurs d'ordre. Elle permet à ces derniers de repérer ces spécialistes qui sont disséminés sur tout le territoire. Il est vrai que certains savoir-faire ont disparu, mais ceux plus haut de gamme ont subsisté. La France reste réputée dans ce domaine, sur toute la chaîne de production. Cela commence par les confectionneurs qui travaillent à façon selon le cahier des charges du donneur d'ordre. Certains sont généralistes, d'autres mono produit. Les spécialistes du flouté réalisent les robes en satin ou mousseline pour la haute couture... Il y a aussi les prestataires de services liés au textile, les fournisseurs de matières et composants...Nous continuons de visiter des ateliers. Pour l'instant 590 d'entre eux sont référencés sur la plateforme. Celle-ci comporte aussi un filtrage par label RSE. De plus en plus, pour les donneurs d'ordre, la dimension de la durabilité fait partie du choix du Made in France.

Qui sont les donneurs d'ordre qui fréquentent la plateforme et quels résultats obtient-elle ?

580 donneurs d'ordre se sont inscrits sur la plateforme et ils sont de types très divers. Classiquement, les grandes maisons de luxe qui fabriquent en France viennent y rechercher un savoir-faire spécifique, en fonction de leurs besoins. Des marques premium qui produisent en France ou qui souhaitaient réaliser des opérations ponctuelles « Made in France » sont aussi présentes. En outre, depuis quelques années, nous constatons un accroissement de la fréquentation de marques plus jeunes qui se sont positionnées sur le Made in France dès leur origine. Il y a aussi de jeunes créateurs talentueux qui recherchent un très haut niveau de créativité... En tout, la plateforme enregistre 24 000 connexions annuelles et 320 demandes de devis de fabrication par an. Nous n'intervenons pas dans l'échange entre les deux parties et pour l'instant, nous ne mesurons pas l'issue commerciale de ces premiers contacts. Mais les retours et les témoignages des professionnels que nous rencontrons sur les salons sont très positifs.

En avril, vous avez lancé une version anglaise de la plateforme. Qu'en attendez vous à l'heure où les troubles géopolitiques secouent le commerce mondial ?

Depuis quelques années, nous avons constaté que le visitorat international ne cessait d'augmenter sur la plateforme, jusqu'à atteindre 16% du total. Des personnes se connectaient depuis les États-Unis, le Canada, des pays du Nord de l'Europe, la Scandinavie, le Japon... Par ailleurs, nous avons déjà été en contact avec plusieurs donneurs d'ordre importants américains désireux de fabriquer en France. Vu le contexte actuel, il est probable que cette tendance se tasse. Les évolutions géopolitiques sont tellement rapides qu'il est difficile de se projeter, de se dire que l'on vise tel ou tel marché. Nous nous adapterons. Aujourd'hui, par exemple, nous voyons que l'Allemagne recherche des savoir-faire français. Ce matin, j'ai eu une demande d'ouverture de compte sur la plateforme depuis Singapour... Notre seule certitude est qu'il faudra conserver le positionnement premium, voire luxe, du Made in France, pour lequel le pays est déjà reconnu à l'international.