Une reprise réussie pour BPH Services et AMS

Les histoires de reprise d'entreprises ne sont pas si courantes dans le secteur industriel. Celle de BHP Services, fondée en 2000 par Benoît Van Inghelandt est une réussite. «La première fois que nous avons rencontré Benoît avec mon associé Raoul, notre entrevue a duré quatre heures environ et Benoît, un ingénieur de formation passionné comme nous deux, nous a dit qu'il ne vendait pas son entreprise mais plutôt qu'il la transmettait et qu'il serait là pour nous accompagner, rembobine Matthieu Rolland. Cela nous a rassuré ainsi que les parties prenantes et il a été rapidement convenu que Benoît continuerait à travailler à temps partiel pendant six mois. Aujourd'hui, il vient travailler un jour à un jour et demi par semaine. Le courant passe bien et quand nous avons des questions, il est là pour nous répondre». 

Lors de cette première entrevue, les deux candidats à la reprise entendent donc parler de BHP (Basse et haute pression) Services fondée en 2000, spécialisée en tuyauterie industrielle mais découvrent aussi AMS (Atelier mécaniques services), une entreprise rachetée par la suite par le cédant. «BHP va par exemple mener des chantiers de raccordement de gaz pour la mobilité pour des stations de bus GNV, pour de la méthanisation ou encore pour raccorder des industriels qui fournissent du gaz ou des laboratoires, décrit Matthieu Rolland. Mais AMS qui était à l'origine basée en Sologne, nous la découvrons seulement lors de cet entretien, c'est une structure qui usine des pièces en inox et en laiton principalement et fait des petites séries pour des nanomètres ou du matériel d'instrumentation. On découvre la complémentarité entre les deux structures et le potentiel que cela présente. Grâce à la flexibilité et la réactivité d'AMS, nous arrivons rapidement à répondre aux urgences clients et aux besoins en raccords de BHP». 

Les deux amis sont séduits mais ils se disent qu'ils n'auront pas forcément les moyens d'acheter ces deux entreprises. Aidés au départ par la CCI de Saint- Quentin, ils avaient conçu une liste d'entreprises qui devaient répondre aux critères suivants : une situation géographique proche de Saint-Quentin, un intérêt technique avec un process de conception et de fabrication, une entreprise de taille modeste dont les affaires se portent relativement bien. «Nous avons fini par faire un top 20 d'entreprises qui nous intéressaient, nous en avons rencontré quelques unes avant BHP et AMS puis pour ces dernières, nous avons monté un dossier, accompagnés par un avocat et un expert-comptable», relate Raoul Oumarkatar. 

Une approche humble 

Les deux amis qui travaillaient ensemble depuis 2015 chez un équipementier automobile à Hirson, ont donc quitté leur poste pour devenir propriétaires de ces deux structures en juillet 2024. Un challenge qu'ils ont pris avec humilité. «D'avoir Benoît avec nous était essentiel, de ne pas arriver en croyant qu'on allait tout révolutionner dans des entreprises qui fonctionnaient bien avant nous aussi, relève Matthieu Rolland. C'est aussi pour cela que nous sommes allés vers une reprise d'entreprise, nous ne nous sentions pas forcément équipés tout de suite pour nous lancer dans une création d'activité». Dans la même idée, les deux nouveaux propriétaires ont cherché à être à l'écoute de leur équipe de soudeurs, tuyauteurs et usineurs et des 16 salariés de BHP et AMS. «La richesse de l'entreprise, c'est vraiment l'équipe qui est pleinement engagée dans son travail, explique Matthieu Rolland. Certains employés vont par exemple publier sur les réseaux sociaux les soudures et les usinages dont ils sont fiers, cela devient quelque chose de rare». 

Les deux repreneurs n'hésitent pas non plus à aller sur le terrain auprès de leurs équipes quand cela est possible. «Nous avons cette culture et cette fibre là. Ce qu'on conçoit et dessine, on va le vérifier sur le terrain mais c'est aussi une façon de dire à nos équipes qu'on a besoin d'eux». Le duo d'entrepreneurs a donc pu mener à bien son projet : «Nous avons été aidés par Initiative Aisne, avec un prêt d'honneur, cela a permis de monter le dossier. Nous avons été accompagnés par beaucoup d'acteurs comme la CCI ou le Medef, et c'est donc possible de racheter deux entreprises qui font au total plus de deux millions d'euros de chiffre d'affaires, sans grands moyens mais en y mettant de l'énergie et en étant accompagné par le cédant», conclut Matthieu Rolland.