Vendin-le-Vieil : PCB, une entreprise familiale au cœur du marché mondial
L'entreprise PCB, spécialisée dans la fabrication de bardes de porc à Vendin-le-Vieil, n'a cessé de grandir et de se diversifier depuis sa création en 1994. L'entrée récente d'IRD Invest à son capital devrait encore élargir son vaste réseau, aujourd'hui mondial.
«On ne sait jamais de quoi demain sera fait. Alors il faut s'adapter, rester en mouvement». Voilà comment Alexis Van de Woestyne résume la philosophie guidant son action, et celle de son frère Michaël, à la tête de l'entreprise PCB. Un mantra qui va comme un gant au groupe spécialisé dans la fabrication de bardes de porc, dont le siège social se trouve à Vendin-le-Vieil. La preuve, son activité est en pleine forme : démarrée dans les abattoirs de Douai par six personnes, elle compte aujourd'hui une centaine de salariés, exporte ses produits jusqu'en Asie et vient d'accueillir IRD Invest et BP Nord Développement à son capital, au mois de septembre.
Leur arrivée doit permettre à PCB de poursuivre, en l'accélérant, son mouvement perpétuel. «Notre structure familiale est arrivée à un stade où elle devait franchir cette étape, trouver des partenaires pour renforcer son réseau et structurer son activité, qui ne cesse de croître», constate Alexis Van de Woestyne. PCB ne se résume plus depuis longtemps aux bardes de porc, ces «feuilles de gras entourant les tournedos ou les paupiettes pour bien présenter la viande à la vente et la protéger à la cuisson». Au fil des ans, l'entreprise s'est diversifiée dans la surgélation et la congélation, le désossage de certaines parties du porc ou encore la fabrication de charcuterie, au gré de ses rachats et de l'extension de son principal site de production, à Vendin-le-Vieil.
«Forte croissance»
Mais tout commence il y a trente ans, dans la tête de Bernard Van de Woestyne. «Notre père découpait des porcs aux abattoirs de Lille, c'est donc un univers qu'il connaissait. Il a quitté le monde de la viande en 1992, puis y est revenu quelques années plus tard avec l'idée de se spécialiser dans la fabrication de bardes de porc», explique Alexis Van de Woestyne. PCB (pour Pre-Cut Bard, soit barde pré-découpée en anglais) naît d'abord au cœur des abattoirs de Douai autour de six salariés. La suite s'écrit avec ses deux fils, qui ont «toujours baigné dans le milieu de la viande».

Michaël Van de Woestyne rejoint son père en 2000, lorsque l'activité en pleine expansion déménage dans un atelier de 1 800 mètres carrés à Vendin-le-Vieil. Alexis les rejoint en 2002 pour l'ouverture d'une base logistique avancée à Aix-en-Provence, destinée au négoce de la barde produite dans le Nord et à la fabrication de lard salé.
Toujours en «forte croissance», l'entreprise continue de s'agrandir. En 2012, elle pousse ses murs à Vendin-le-Vieil pour y nicher une activité de surgélation et de congélation, lui permettant de ne plus recourir à un prestataire pour ses exportations. En 2019, PCB se met au «désossage de poitrine et de jambon de porc», un nouveau métier, suite à son «rapprochement avec un grand industriel nordiste». En 2022, la société familiale étend son savoir-faire à la charcuterie en acquérant deux entreprises locale : La Liane et ses charcuteries cuites, Boizet Nord et son saucisson sec.
Du marché régional au Mercosur
L'activité de PCB s'étend aujourd'hui sur quatre sites basés à Vendin-le-Vieil, Aix-en-Provence, Hazebrouck et Saint-Martin-lez-Tatinghem. L'entreprise vend ses bardes de porc en France et dans certains pays limitrophes, leurs co-produits (couenne, chutes de barde) à l'export jusqu'en Asie et sa charcuterie en circuit régional. Le tout se fait à travers un vaste réseau de grossistes, d'industriels et de grands distributeurs. «Nous sommes confrontés au marché mondial. Certains de nos produits sont vendus sur des places internationales», dévoile Alexis Van de Woestyne. Bref, PCB ne se réduit plus à ce qui reste néanmoins son ADN : les bardes de porc, qu'elle continue de découper dans les dos de cochon sur son site de Vendin-le-Vieil, traitant l'équivalent de «8 000 porcs par semaine».

L'entreprise est de taille à s'exporter partout. «Avant l'Asie, nous travaillions beaucoup avec la Russie. Demain, ce sera peut-être l'Afrique du Sud ou le Japon. Et notre force, c'est que nous avons les agréments pour exporter dans ces pays», soutient le co-dirigeant de PCB. Lequel observe, comme l'eau qui boue, les accords de libre-échange, comme le fameux UE-Mercosur. «Il va inévitablement changer la donne, bousculer le marché européen», estime-t-il. Mais les conséquences restent incertaines. «Impossible, pourtant, de savoir si ce sera en mal ou en bien pour notre activité. Qui sait, peut-être que l'arrivée de viande étrangère poussera finalement la vente de viandes de qualité et de produits français, comme les nôtres ?»
La question de la succession
Les bardes de porcs préparées dans le Pas-de-Calais par PCB sont originaires de l'Union européenne, et la viande de ses charcuteries cuites provient de France. Comme le sera bientôt à 100% celle de Boizet Nord, afin «d'harmoniser les achats». L'évolution du groupe doit peu au hasard, surtout à la cohérence. «Tout est une question de synergie. Le rachat de Boizet Nord nous a paru évident, par exemple, parce que son métier était sensiblement le même que celui des charcuteries La Liane», détaille Alexis Van de Woestyne. C'est dans le même esprit que l'entreprise familiale a créé l'entité PCB Transports, il y a trois ans. «Sept camions frigorifiques servent aujourd'hui notre logistique», confie le co-patron. Sa prochaine réflexion ? «Travailler sur d'autres protéines, pour suivre le cours actuel de l'économie. Le bœuf, la volaille ou un végétal», énumère-t-il.
Si les Van de Woestyne ne se refusent rien, surtout pas de flairer l'air du temps, c'est parce qu'ils connaissent parfaitement les sautes d'humeur du marché mondial. Difficultés du secteur de la barde de porcs en 2004, embargo alimentaire russe en 2014, peste porcine en Chine en 2019... PCB a toujours résisté. Mieux, elle a encore faim. «Nous avons encore envie de nous développer. Notamment, parce que mon frère et moi avons six enfants, et que nous voulons les accueillir dans la société, s'ils le souhaitent, comme notre père l'a fait pour nous. Qu'ils puissent vivre cette histoire de succession», confie Alexis Van de Woestyne. Pour cela, un seul mot d'ordre : «Rester en mouvement».
Pour Aletheia Press, Arnaud Stoerkler
En chiffres
5 000 jambons désossés par semaine
40 tonnes de bardes de porc fabriquées chaque semaine
27 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel
15 tonnes de charcuterie produites pour la marque Vigneau de Licques, sous laquelle sont vendus les produits de La Liane, propriété de PCB