Sauvegarder l'article
Identifiez vous, pour sauvegarder ce article et le consulter plus tard !

Villeurbanne: l'homme soupçonné d'avoir brulé un Coran interpellé

Un homme soupçonné d'avoir brûlé un Coran dans une mosquée de Villeurbanne, près de Lyon, dans la nuit de dimanche à lundi, a été interpellé mardi soir...

L'entrée de la mosquée Errahma à Villeurbanne, dans le Rhône, le 3 juin 2025 © JEFF PACHOUD
L'entrée de la mosquée Errahma à Villeurbanne, dans le Rhône, le 3 juin 2025 © JEFF PACHOUD

Un homme soupçonné d'avoir brûlé un Coran dans une mosquée de Villeurbanne, près de Lyon, dans la nuit de dimanche à lundi, a été interpellé mardi soir et placé en garde à vue.

Le suspect, un majeur dont l'âge n'a pas été précisé, a été interpellé peu avant 21H00 à Villeurbanne, ont indiqué à l'AFP le parquet de Lyon et une source policière. Il est décrit comme "psychologiquement fragile", selon les mêmes sources. 

L'incendie du Coran dans cette mosquée a été qualifié d'acte "islamophobe" par des responsables musulmans et des élus locaux.

Dans la nuit de dimanche à lundi, peu avant la première prière du matin, "un individu à visage découvert s'est introduit dans la salle de prière, s'est emparé d'un exemplaire du Coran, l'a incendié puis l'a déposé à l'extérieur de l'édifice avant de prendre la fuite", avait annoncé mardi le Conseil des mosquées du Rhône (CMR) dans un communiqué.

Cet homme est entré dans la mosquée vers 03H45 et a eu un échange avec un fidèle qui lui a demandé d'enlever ses chaussures, a précisé à l'AFP une source policière. Il n'y a pas eu de violence mais en ressortant, il s'est emparé d'un Coran mis à disposition des fidèles et "l'aurait brûlé dans la rue", a-t-elle ajouté.

Il n'y a pas eu d'appel à la police, qui a découvert les faits parce que le trésorier de la mosquée a porté plainte mardi, selon cette source.

Le fidèle témoin de l'incendie avait éteint les flammes sans donner l'alerte parce qu'il n'avait pas réalisé ce qui s'était passé, a expliqué Kamel Kabtane, le recteur de la Grande mosquée de Lyon. Il en a finalement parlé aux responsables qui ont consulté ce mardi les images de vidéosurveillance et porté plainte, a-t-il précisé.

L'enquête a été confiée à la police pour "dégradation ou détérioration par un moyen dangereux pour les personnes, commise en raison de la race, l'ethnie, la nation ou la religion", a indiqué le parquet de Lyon à l'AFP.

En fin d'après-midi mardi, deux policiers en civil sont sortis de la mosquée Errahma (La Miséricorde, en arabe), un grand bâtiment moderne aux murs beige clair ornés de fenêtres à moucharabieh, ont constaté des journalistes de l'AFP.

- "Acte islamophobe"-

Il s'agit d'un "acte islamophobe d'une extrême gravité (...) dans un contexte déjà marqué par les violences à l'encontre de notre communauté", ont dénoncé les responsables de la mosquée Errahma sur son site internet.

Les députés LFI du Rhône Idir Boumertit et Gabriel Amard, comme le maire socialiste de Villeurbanne Cédric Van Styvendael, ont également condamné "un acte islamophobe". 

"Nous assurons nos concitoyens musulmans dans le Rhône de toute l'attention de l’Etat et de son soutien face aux actes haineux dont ils sont la cible", a déclaré dans un communiqué la préfète de la région Auvergne-Rhône-Alpes, Fabienne Buccio, en assurant être en contact "avec les représentants de la communauté pour prendre les mesures de sécurité nécessaires".

Invoquant une "profanation odieuse" et une "atteinte grave à la dignité des fidèles et aux principes fondamentaux de notre république", le CMR, instance fédérative qui regroupe les lieux de culte musulmans du département du Rhône, appelle les autorités à "tout mettre en oeuvre pour identifier l'auteur de cet acte et engager des poursuites exemplaires".

Le CMR évoque "une série d'agressions haineuses" et un "climat de plus en plus hostile aux citoyens de confession musulmane", en faisant référence au meurtre du jeune Malien Aboubakar Cissé, tué de 57 coups de couteau le 25 avril dans la mosquée Khadidja de la Grande-Combe, dans le Gard, et celui samedi d’un Tunisien tué par balles à Puget-sur-Argens, dans le Var.

Un crime "prémédité", "clairement raciste" et "probablement antimusulman", selon le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau. Le Parquet national antiterroriste (Pnat)  s’est d'ailleurs saisi de l'enquête, menant pour la première fois des investigations sur un homicide raciste lié à l’ultradroite.

Les trois premiers mois de 2025 ont enregistré une augmentation des actes antimusulmans de 72% par rapport à la même période en 2024, avec 79 cas recensés, selon un décompte du ministère de l'Intérieur.

   

493F962