Violences intrafamiliales : un nouveau lieu pour entendre les victimes à Laon
La Maison de prévention et de protection des familles de Laon a été inaugurée lundi 3 novembre par le groupement de gendarmerie de l'Aisne, en présence d'associations impliquées. Ce local situé en face de la brigade de Laon et du groupement de gendarmerie doit permettre d'auditionner dans de meilleures conditions les victimes - notamment les mineurs – de violences intrafamiliales.
C'est un trou dans le
maillage territorial de la lutte contre les violences intrafamiliales
qui vient d'être comblé. Si à Château-Thierry ou encore à
Vervins des salles d'audition de mineurs victimes de violences
intrafamiliales ont été inaugurées, l'arrondissement de Laon
n'était pas pourvu en la matière. C'est désormais chose faite avec
cette Maison de la prévention et de protection des familles, située
boulevard de Gaulle à Laon, face à la gendarmerie. «La
gendarmerie poursuit sa transformation en se dotant ici de nouveaux
locaux permettant de donner un espace de travail fonctionnel et
accueillant pour les militaires», commente le colonel Stéphane
Aurousseau, commandant du groupement de gendarmerie de l'Aisne.
Un lieu pour libérer la parole
Un nouveau lieu fait de
petits bureaux chaleureux, moins impressionnants que ceux de la
brigade, moins intimidants aussi pour les jeunes victimes amenées
ici à se confier sur les violences qu'ils ont subi. Un espace dit de
libération de la parole a été notamment inauguré : une salle
équipée d'une caméra permettant de filmer les auditions et de ne
pas amener les enfants à répéter encore et encore leur témoignage. Elle est aussi pourvue d'une table ronde, d'un canapé et d'une petite table avec
des tabourets pour les victimes les plus jeunes. «Les familles
d'accueil qui ont l'habitude d'accompagner des enfants dans les
brigades pour ces auditions trouvent que c'est plus chaleureux et
qu'on ne se sent pas dans une gendarmerie, explique
l'adjudant-chef Faustine Meriaux, responsable de la structure. D'ici
à 2026, nous aurons en tout ici 5 militaires formés pour recueillir
ce type de témoignage».
Les violences intrafamiliales, sujet prégnant dans l'Aisne
Ce nouvel espace répond à un réel besoin puisque depuis le printemps dernier, une quarantaine d'auditions de mineurs victimes a été menée par les gendarmes de l'Aisne et certaines d'entre elles ont eu lieu à Laon. Autre chiffre marquant soulevé par Fanny Anor, préfète de l'Aisne : «Toutes les 4h30, une brigade du département part en intervention pour des violences intrafamiliales, c'est colossal, c'est même en augmentation malgré la mobilisation extrêmement forte de chacun sur ce sujet. Ce qui est fait ici, c'est le visage de l’État qui protège et le fait avec humanité et c'est remettre toujours plus de lien entre nous tous pour les enfants et les familles qui vivent ces situations dramatiques».
Ces espaces ont notamment reçu le soutien matériel et financier du club service Soroptimist, un mouvement créé en France en 1924 par le Dr Suzanne Noël, une Laonnoise pionnière de la chirurgie plastique de l'entre-deux-guerres (voir encadré). Si cette Maison constitue une brique essentielle dans la lutte contre les violences intrafamiliales en auditionnant les victimes, son action comporte un volet sensibilisation. Ainsi chaque année, plus de 6 200 jeunes collégiens et lycéens sont sensibilisés sur différentes thématiques : le harcèlement, la lutte contre les addictions, le cyberharcèlement, les réseaux sociaux et les violences intrafamiliales. Les militaires souhaiteraient aussi mener des actions de sensibilisation envers le milieu sportif associatif dans les prochains mois.
Sur les pas de Suzanne Noël à Laon...
Suzanne Noël fut l'une des pionnières de la chirurgie esthétique. Féministe engagée, elle a affronté le patriarcat médical, deux guerres mondiales et des tragédies foudroyantes. L’association Suzanne Noël, Chirurgienne, Féministe, Laonnoise (SNCFL) propose une visite guidée sur ses pas dans Laon, le mardi 11 novembre. L’occasion de revenir sur les lieux laonnois qui ont marqué la vie de Suzanne Noël et témoignent de son attachement à sa ville natale…
Rdv sur le parvis de la cathédrale à 14h30, durée 2h.