Wardrecques : le ministre délégué à l’Industrie visite la cartonnerie familiale Gondardennes
Ce jeudi 11 décembre, le ministre délégué chargé de l’Industrie, Sébastien Martin, s’est rendu à la cartonnerie familiale Gondardennes, installée depuis 1911 à Wardrecques.
«C’est Churchill qui faisait ses réunions debout pour qu’elles aillent plus vite, non ?», a interrogé en riant le ministre délégué chargé de l’Industrie, Sébastien Martin, quelques minutes après son arrivée à la cartonnerie Gondardennes de Wardrecques, ce 11 décembre. Il faut dire que son directeur général, Laurent Fischer, n’avait volontairement pas mis de chaises pour sa présentation de l’entreprise familiale, visitée dans la matinée par le membre du gouvernement. La visite revêtait un sens particulier, l'entreprise ayant été touchée par un incendie le 26 novembre dernier. Un échange juste avant l’inauguration d’un poids lourd industriel : l’usine de batteries pour voitures électriques Verkor à Bourbourg.

120 millions d’euros de CA
Quinze minutes, c’est ce qui a suffi à Laurent Fischer pour rappeler l’essentiel : née à Wizernes en 1897, la cartonnerie Gondardennes est «l’une des seules en Europe à être restée familiale». Elle «emploie 450 salariés» et pèse aujourd'hui «120 millions d’euros de chiffre d'affaires annuel». Gourmande en énergie, de l’aveu même du dirigeant, elle a tenté très tôt de verdir son activité : un tiers de ses besoins est couvert par Flamoval, le centre de valorisation énergétique des déchets du syndicat mixte Flandre Morinie, ce qui lui permet de réduire son empreinte carbone de 40% depuis 2019. L’usine s’est aussi dotée d’une installation pour récupérer les eaux de pluie en 2023, pour une économie évaluée à 250 000 m3 par an. Un bel exemple industriel, dans un contexte difficile : à Wizernes, juste à côté, la papeterie Wizpaper vient de fermer son activité.
«Capitalisme familial»
«Je comprends toujours la réaction des salariés qui perdent leur travail», a confié le ministre délégué, à l’évocation de Wizpaper. «Une concurrence mondiale débridée et déloyale se joue.» Sébastien Martin ne s’est pas étendu sur les solutions à trouver face à ce marché dérégulé. Il a plutôt écouté Laurent Fischer, qui l’a guidé au cœur de sa cartonnerie. Des ballots de papier et de carton recyclés constituent en amont la matière première, vite transformée en pâte à papier et enroulée en bobines pour être ensuite enfournée dans des machines qui coupent, forment et impriment les cartons selon le bon vouloir des clients. «L’usine produit 180 000 tonnes de carton par an, soit 500 tonnes par jour», confie le directeur général.
Entre la vision d’une ligne ultra-rapide passant six pièces de carton à la seconde et une entrevue avec quelques salariés triés sur le volet, dont plusieurs femmes, le ministre délégué a tendu une oreille attentive aux problématiques de «marge» et de «surcapacité» évoquées par son hôte. «Certains déboulent avec des prix défiant toute concurrence. L’acier chinois, par exemple», a soufflé Sébastien Martin, quelques heures avant d’observer les hauts fourneaux d’ArcelorMittal à côté de Dunkerque. Pour l’instant, le «capitalisme familial» de Gondardennes tient bon.
Pour Aletheia Press, Arnaud Stoerkler