À Chalon-sur-Saône, CMPhy change d’échelle sur la science des matériaux
En inaugurant un bâtiment sur la zone SaôneOr, la PME se dote d’un outil à la hauteur de ses ambitions. Spécialiste du contrôle non-destructif, elle conjugue recherche appliquée, ingénierie sur-mesure et expertise scientifique au service de l’aéronautique, de la défense et du nucléaire.
Lundi 15 décembre, CMPhy a officiellement inauguré ses nouveaux locaux sur la zone industrielle SaôneOr, à Chalon-sur-Saône. Un événement structurant pour cette jeune entreprise fondée en 2017 et spécialiste du contrôle non-destructif, qui quitte des locaux devenus trop étroits pour s’installer dans un bâtiment de 1 100 m², contre 260 m² auparavant. L’investissement, de 1,8 million d’euros, marque une étape clé dans la trajectoire de croissance de cette PME atypique, à la croisée de la science et de l’industrie. "Nos anciens locaux étaient devenus un frein. Pour continuer à grandir, il fallait voir plus grand et offrir à nos équipes un environnement de travail adapté à la recherche et à l’ingénierie", résume Arnaud Pelletier, fondateur et dirigeant de CMPhy.
1,2 million d'euros de chiffre d'affaires annuel
Constituée sous forme de SARL unipersonnelle, l’entreprise emploie aujourd’hui sept salariés, essentiellement des profils scientifiques et techniques. Deux recrutements sont programmés début 2026. Il s'agit d'un technicien spécialisé en mesure physique des matériaux et d'un doctorant, dans le cadre d’une thèse industrielle encadrée par l’Association nationale de la recherche et de la technologie (ANRT), en partenariat avec un laboratoire dijonnais. "Cette thèse portera sur la robotisation intelligente de nos capteurs. L’ANRT finance environ 40 % du salaire sur trois ans. C’est un levier précieux pour une PME comme la nôtre", souligne le responsable.

CMPhy affiche un chiffre d’affaires de 1,2 million d’euros en 2025, stable depuis trois ans, malgré un mois d’activité perdu en raison du déménagement. L’entreprise table sur 1,5 million d’euros dès 2026. Sa clientèle — une cinquantaine d’acteurs — se concentre dans des secteurs à forte valeur ajoutée : aéronautique, défense, nucléaire, armement. Dix clients seulement représentent près de la moitié du chiffre d’affaires, parmi lesquels la Direction générale de l’armement (DGA) ou Framatome.
"Nous intervenons comme des médecins des matériaux"
L’activité de CMPhy s’articule autour de trois pôles. Le premier concerne le développement et la commercialisation d’équipements de contrôle non-destructif sur mesure, issus de travaux de R&D internes : une activité qui représente environ 35 % du chiffre d’affaires. Le second pôle, le plus important (40 %), relève de l’étude et de l’expertise scientifique. "Nous intervenons comme des médecins des matériaux. Nos clients fabriquent des pièces complexes, à forte valeur ajoutée. Nous analysons leur structure intime, établissons un diagnostic et proposons des pistes pour améliorer leurs procédés", illustre le dirigeant. Enfin, CMPhy propose des prestations de services plus standardisées — étalonnage d’appareils de mesure, contrats-cadres pluriannuels — qui assurent un socle récurrent d’activité.
Le nouveau bâtiment doit accompagner cette montée en compétences, mais aussi préparer l’avenir. CMPhy travaille depuis plusieurs années sur des capteurs dits “fonctionnalisés”, capables à terme d’être intégrés directement dans les pièces industrielles pour assurer un auto-diagnostic en continu. "Nous avons des capteurs qui fonctionnent. Le défi, désormais, c’est leur robustesse dans le temps et leur passage à une maturité industrielle", confie Arnaud Pelletier, qui regrette le tarissement récent des financements publics à l’innovation après France Relance et France 2030.
Pour Aletheia Press, Arnaud Morel