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Agir pour faciliter la réindustrialisation régionale

Le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté met l’accent sur la réindustrialisation du territoire. À l’occasion d’une conférence économique régionale, le 15 décembre la collectivité a cherché des pistes de réflexion mais aussi d’actions.

Le 15 décembre à Dijon, Virginie Saks, conférencière et consultante en réindustralisation des territoires a détaillé les leviers d’actions à la disposition des collectivités. © Aletheia Press / N.Hubert
Le 15 décembre à Dijon, Virginie Saks, conférencière et consultante en réindustralisation des territoires a détaillé les leviers d’actions à la disposition des collectivités. © Aletheia Press / N.Hubert

Réindustrialiser un territoire, ça ne se décrète pas. Cela se construit sur la durée. C'est en tout cas dans cette optique que la Région Bourgogne-Franche-Comté a donné la parole à Virginie Saks, conseillère experte de la réindustrialisation territoriale, à l'occasion d'une conférence économique, le 15 décembre à Dijon. «L’industrialisation, c’est un couple qui réunit les industriels et les territoires» a introduit la conférencière, qui a souligné l’histoire culturelle de la Bourgogne-Franche-Comté. Elle a notamment mis en lumière la renommée nationale de l’école de soudure au Creusot, le pôle des microtechniques régional, PMT, ou encore la dynamique des filières nucléaires et agroalimentaires. «La Bourgogne-Franche-Comté bouge mais voit aussi sur le temps long.»

Agir plus vite

Pour autant, les chiffres interpellent. À l’horizon 2035, la France porte l’objectif que l’industrie atteigne 12% du PIB national quand il est inférieur à 10% en 2025. Du côté des emplois, l’industrie compte 3,2 millions de salariés tandis qu’avec 300 ouvertures nettes d’usine depuis 2020, cet indicateur stagne après une période d’augmentation. «La réindustrialisation n’est pas un parcours de santé, il y a des fermetures mais il ne faut pas se décourager. La course à l’industrie va vite, notamment en Chine.»

Alors comment être plus rapide ? Virginie Saks a mis l’accent sur l’action de l’Etat avec France 2030 mais aussi le rôle des territoires. «En tête des critères d’implantation des entreprises, souvent vierges d’un attachement à un territoire particulier, figure la présence d’un écosystème dynamique.» L’experte a détaillé quatre freins et donc leviers à la réindustrialisation à commencer par le foncier. En effet, 20 000 hectares devraient être nécessaires à l’industrie d’ici 2035. «Il est nécessaire de sanctuariser du foncier, tandis que les industries améliorent leur densification pour répondre à la sobriété foncière.» D'où l'utilité de l’observatoire du foncier économique développé par l’Agence économique régionale. Virginie Saks a également souligné le rôle des collectivités dans la reconversion de la friche de Konecranes au Creusot.

D’autres leviers à actionner

Deuxième levier d’action pour réindustrialiser les territoires, l’innovation. «Les startups industrielles font partie du sujet mais elles ne portent pas l’intégralité de l’industrialisation et les territoires peuvent aider, défend l'experte. L’innovation s’accompagne dans sa phase d’émergence mais aussi après.» Ce soutien passe par des financements autant que par la mise en relation qui rend accessible la chaine de valeur. Troisième levier d’action: les compétences ; alors que la France est reconnue à l’international pour disposer de talents. «Nous aurons besoin de 100 000 ingénieurs et techniciens d’ici 2035. Cela implique des formations.»

Que ce soit des campus des métiers et qualifications, des écoles de production, ou en donnant de la visibilité aux formations disponibles sur le territoire, il s’agit d’un levier essentiel à activer. «Le dernier levier concerne l’attractivité et l’imaginaire. La culture industrielle ne parle plus aux gens. Seuls 8% des Français recommanderaient à un proche de travailler dans l’industrie. Il faut transformer la vision de l’industrie.» À travers des portes ouvertes, des jeux vidéo comme Forindustrie, des témoignages engageants de dirigeants ou de salariés, l’experte encourage à développer des fiertés industrielles.

Pour Aletheia Press, Nadège Hubert