Plateformes
Alerte sur les jouets dangereux vendus en ligne
86% des jouets achetés sur les places de marché en ligne auprès de vendeurs tiers extra-européens sont dangereux, selon une étude des professionnels européens du jouet. Lesquels plaident pour une réforme au niveau de l’UE.
Étouffement lésions internes sévères...A l'approche de Noël, les professionnels du jouet alertent sur les risques que comportent des jouets achetés en ligne . Le 24 novembre dernier, Toy Industries of Europe (TIE) et la Fédération française des industries jouet- puériculture (FFJP) ont publié une étude conjointe consacrée aux jouets achetés sur les places de marché en ligne, auprès de vendeurs tiers extra-européens. Soixante-dix jouets (en général sans marque) ont été achetés sur sept places de marché en ligne, dont AliExpress, Shein ou Amazon Marketplace. Les résultats sont sans appel : 96 % des jouets se sont révélés non conformes aux exigences de sécurité européennes. Et plus de 86 % d'entre eux ont été jugés dangereux pour les enfants. Ces objets comportaient par exemple de petites pièces sur les peluches ou des piles boutons facilement accessibles et donc, potentiellement à risque d'être avalées par les enfants... Pis, la proportion de jouets dangereux a sensiblement progressé, par rapport à l'étude de l'année précédente (80%).
« Certains de ces jouets identifiés et notifiés comme dangereux en 2024, sont toujours disponibles à la vente - parfois auprès des mêmes vendeurs tiers - et sont toujours non conformes et dangereux », pointe l'étude.
Ses résultats sont confortés par ceux de la DGCCRF, Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes. Laquelle met en garde les consommateurs qui achètent en ligne, « particulièrement sur des sites hors Union européenne ». En novembre, à sa demande, des places de marché ont retiré plusieurs références de produits dangereux, dont des jouets. Exemples, un porte-clés avec ours en peluche (étouffement possible) et un lapin en peluche Family Pets ( brûlure possible) ont été retirés de la plateforme Ebay, ainsi que des ballons de baudruche, de marques diverses, par Amazon (risques chimiques)... Shein a dû renoncer à une robe de sirène qui pouvait provoquer des brûlures. Tous ces produits provenaient de Chine.
Une urgence européenne
Pour les professionnels du jouet, les résultats de leur étude « démontrent une nouvelle fois que les règles de l'UE, qui sont pourtant les plus strictes au monde en matière de sécurité des jouets, peuvent être facilement ignorées, lorsque les vendeurs tiers sont basés en dehors de l'UE ». De fait, les mailles du filet sont larges. Si les vendeurs sont supposés désigner un « opérateur économique responsable » dans l'UE, le fait qu'ils remplissent cette obligation n'est que peu contrôlé. Par ailleurs, les places de marchés ne sont pas considérées comme juridiquement responsables de la conformité des produits vendues sur leur plateformes.
Il y a donc « urgence à prendre des mesures réglementaires au niveau européen », estime Christophe Drevet, directeur général de la FFJP. Le futur « EU Product Act » qui doit réviser les règles de protection et surveillance en matière de commerce electronique, en 2026, pourrait constituer le véhicule adéquat. L'enjeu est double. Il concerne la santé des enfants et la situation des fabricants de jouets européens. Responsables de leurs produits devant la loi, ils sont soumis à une concurrence déloyale.
A ce titre, la taxe européenne prévue sur les petits colis apparaît comme très insuffisante aux professionnels qui plaident pour un dispositif préventif. Ce dernier empêcherait l'entrée des jouets dangereux en Europe en s'assurant de la sécurité des jouets mis sur le marché par les vendeurs tiers. Durant les six premiers mois de l’année 2025, 29 % des Français ont acheté des jeux et jouets une ou plusieurs fois sur les plateformes chinoises. Cette proportion monte à 57 % chez les 18-34 ans, « une population encore plus encline à acheter des jouets pour des enfants en bas âge », selon l'étude.