Avec ses navettes électriques autonomes, Dunkerque va révolutionner le transport des salariés
Pour éviter l’engorgement des axes routiers et autoroutiers, conséquence directe de la réindustrialisation du territoire, un réseau de navettes électriques autonomes, développées par la start-up française, Urbanloop, va être déployé dans la Zone Grandes Industries (ZGI) du port de Dunkerque d’ici 2030. Un prototype a été dévoilé au public le 20 septembre dernier.

La réindustrialisation de l’agglomération dunkerquoise a déjà permis la création de 5 000 emplois depuis 2018. L’implantation d’une filière de la batterie électrique mais aussi la construction de deux réacteurs EPR va faire monter ce chiffre à 20 000 d’ici 2035. «Plusieurs études ont montré que 85 % des salariés qui se rendent dans la zone industrialo-portuaire, là où se concentre l’essentiel des futures implantations, sont seuls dans leur voiture. Elles ont aussi évalué à plus de 17 000 le nombre de voitures supplémentaires sur le réseau routier et autoroutier à l’horizon 2030-2035 en raison de l’augmentation du nombre de salariés», commente Patrice Vergriete, maire de Dunkerque et président de la Communauté urbaine. «Autrement dit, nous allons arriver très vite à saturation sur un réseau déjà très utilisé».
La solution mobilité a été apportée par la start-up française Urbanloop, qui développe depuis 2019 des capsules électriques et autonomes sur rail, avec une capacité de transport de 3 000 passagers par heure. En 2023, une première commande a été passée par la Métropole Grand Nancy et une première exploitation de ces capsules à Saint-Quentin-en-Yvelines a été saluée lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris en 2024. Plus de 30 000 personnes ont été transportées. Actuellement, la start-up a reçu deux autres commandes, l’une de la Communauté urbaine de Dunkerque et l’autre de la ville d’Abou-Dabi, capitale des Émirats arabes unis.
Une mise en service possible dès 2030
Avec ces capsules électriques, la Communauté urbaine de Dunkerque veut révolutionner le transport dans l’agglomération, tout en évitant l’engorgement des routes. Son président explique : «Notre réseau d’autobus urbain gratuit est calibré pour pouvoir emmener en une demi-heure les salariés, depuis Dunkerque, jusqu’à un pôle d’échange qui sera situé à Bourbourg, à 22 km de là. Depuis ce pôle, les navettes Urbanloop vont prendre en charge, à la demande, les salariés jusqu’à l’entrée de chaque usine de la ZGI du port de Dunkerque sans arrêt, sans attente et sans correspondance. Les salariés atteindront donc leur lieu de travail, sans dépenser un centime, et avec un temps de trajet moins long qu’en voiture, si on considère les ralentissements et bouchons qui se créeraient sur le réseau routier saturé».
Le prototype de l’une de ces capsules a été dévoilé le samedi 20 septembre sur la place Jean-Bart, dans l’hypercentre de Dunkerque. Sa taille lui permet de transporter jusqu’à 8 passagers, avec accessibilité PMR. Sa vitesse de pointe atteindra les 50 km/h, pour une consommation annoncée d’environ 1 centime d’euro par kilomètre parcouru.
Pour le moment, la collectivité reste prudente sur les délais, le tracé et le nombre de kilomètres qui seront couverts par le rail. Urbanloop se dit en capacité de produire les capsules nécessaires au projet en deux ans. C'est l'obtention des autorisations réglementaires (les mêmes que celles qui régissent le transport en tramway) qui déterminera la mise en route, sans doute pas avant 2030. Le montant de l’investissement consenti par la collectivité n’a pas été dévoilé non plus.