Cadeaux de fin d’année

À malin, malin et demi

Le nouveau roman de l’auteur des Sortilèges du Cap Cod, nous plonge à nouveau au cœur de la ville de North Bath (New Jersey, États-Unis), terrain de jeu favori de l’écrivain où Douglas Raymer est chef de la police. Depuis la mort accidentelle de sa femme, ce policier élu à la tête de son district vit dans un brouillard à peine égayé par la présence de son assistante, la jeune Charice, policière noire fière de son identité. De l’autre côté de la ville, un septuagénaire passe sa retraite sur un tabouret de bar. Sully connaît tout le monde tels Carl, le magnat de la ville ; Jerome, le frère de Charice ; Alice, la femme du maire ou Janey, menacée par son ancien mari cogneur. En quarante-huit heures d’un été torride, tout ce petit monde à la dérive va se retrouver bouleversé… Avec sa virtuosité coutumière, Richard Russo signe une comédie humaine féroce et déjantée qui oscille entre Philip Roth et David Lodge, posant sur ses personnages un regard caustique mais jamais cynique.

À malin, malin et demi de Richard Russo (Editions La Table Ronde – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Jean Esch).

 

Les sables de l’Amargosa

Cette fable écologique au réalisme inquiétant se déroule dans un futur proche alors qu’une terrible sécheresse a fait de la Californie un paysage d’apocalypse. Fuyant Central Valley devenue stérile, les habitants ont déserté les lieux. Seuls quelques résistants marginaux sont restés, prisonniers de frontières désormais fermées, menacés par l’avancée d’une immense dune de sable mouvante qui broie tout sur son passage. Parmi eux, Luz, ancien mannequin, et Ray, déserteur, ont trouvé refuge dans la maison abandonnée d’une starlette de Los Angeles. Jusqu’à ce que le regard d’une fillette réveille en eux le désir d’un avenir meilleur. Emmenant l’enfant, ils prennent la direction de l’Est où un sourcier visionnaire aurait fondé avec ses disciples une intrigante colonie… Magnifiée par une langue d’une beauté épurée, ponctuée de scènes mémorables, ce roman fascinant d’une brûlante actualité réinvente le roman de l’errance dans la lignée de John Steinbeck et Cormac McCarthy.

Les sables de l’Amargosa de Claire Vaye Watkins (Editions Albin Michel – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Sarah Gurcel).

 

Dernières nouvelles

Cet ultime livre de Jim Harrison décédé en 2016 se compose de trois magnifiques nouvelles. Avec Les Oeufs, Jim Harrison peint une femme blessée dans sa chair et isolée dans une ferme du Montana, pourtant bien résolue à avoir un enfant, émouvant personnage féminin dans la veine de Dalva. Le Chien est la toute dernière aventure du célèbre personnage Chien Brun, son héros favori qui se revendique sang mêlé, frondeur, insolent, force de la nature et sans filtre. Enfin, dans L’affaire des bouddhas hurlants, l’ancien inspecteur Sunderson, mène l’enquête autour d’une secte bouddhiste. Fidèle à son personnage de vieux sage avec un goût immodéré pour la pêche, la chasse, l’alcool et les jolies femmes, Sunderson ne résiste pas aux avances d’une jeune fille un peu trop délurée. Un personnage inoubliable, véritable double littéraire de l’auteur, qui décide de se supprimer au terme du récit. Soit le flamboyant crépuscule d’un écrivain américain majeur.

Dernières nouvelles de Jim Harrison (Editions Flammarion – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent).

 

Une bonne école

Ce roman touchant se déroule en 1941 à la Dorset Academy, un campus sélect du Connecticut qui forme les fils de la haute bourgeoisie, parents et enseignants répétant à l’envi que c’est une «bonne école.» Pourtant, à son arrivée à l’internat, William Grove découvre l’envers du décor : lui, le fils nerveux d’un couple divorcé, se retrouve projeté dans un climat de «libido à l’état pur», ou les garçons les plus populaires règnent en maîtres. Même les professeurs ressemblent à des lions en cage – en particulier Jack Draper, invalidé par la polio, témoin impuissant de la liaison qu’entretiennent au grand jour sa femme et le prof de français. Et puis il y a Edith Stone, le fantasme de tous les élèves, qui est prête à vivre son premier amour… Avec ce roman choral, Richard Yates signe une émouvante chronique de ses années de jeunesse, jetant un regard nostalgique sur les petites et grandes humiliations de l’adolescence.

Une bonne école de Richard Yates (Robert Laffont – Traduit de l’anglais (États-Unis) par Aline Azoulay-Pacvon).