En Hauts-de-France
Crise du logement : «Le pire est devant nous»
Alors que le logement en Hauts-de-France connaît une crise sans précédent, les acteurs majeurs de la filière (FPI ; FFB ; chambre des notaires) accompagnés de Xavier Bertrand, président de la Région Hauts-de-France, et du préfet Bertrand Gaume, tirent la sonnette d'alarme et se mobilisent afin d'impulser une nouvelle dynamique.

À l’initiative de la Fédération des Promoteurs Immobiliers (FPI) et de la Région Hauts-de-France, une réunion de crise a eu lieu le 13 juin dernier. Objectifs ? Se mobiliser pour impulser une dynamique collective et communiquer sur les dispositifs actuels autour du logement afin de participer à relancer le marché régional, actuellement en panne. Les acteurs ont à leur tour pris la parole pour alerter sur la situation actuelle. «Nous vivons une situation incroyable. Les investisseurs particuliers sont divisés par six au niveau national. En Hauts-de-France, nous ne vendons plus rien, c’est presque le désert. Une année normale affiche 2 400 ventes aux investisseurs en Hauts-de-France, nous n'étions qu'à 70 ventes en avril dernier. Donc même en multipliant par trois trimestres, nous n'atteindrons que 210 ventes... C’est totalement catastrophique !», alerte Pascal Boulanger, président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers de France (FPI).
Les Hauts-de-France souffriraient
même plus que les autres régions. «Notre
situation est plus mauvaise que la moyenne nationale. Une
partie de l’économie régionale est fragilisée. Ce n'est pas
parce qu’on est tournés vers les batteries électriques et les
datacenters que nous oublions le BTP. Il faut sonner la mobilisation
et communiquer pour présenter un plan d’actions à la rentrée et
rendre les dispositifs plus fluides et plus efficaces sur le
territoire», insiste Xavier Bertrand, président de la Région.
Un
panel de nouveaux dispositifs encore trop méconnus
Parmi
les causes principales de la crise de l'immobilier, les acteurs de la
filière pointent l'arrêt de la loi Pinel. L'impact est en effet
important si l'on en croit les chiffres : les
investisseurs ont baissé de 75% à l'échelle des Hauts-de-France.
Leur motivation d'achat, pour beaucoup, était
d'aller chercher une réduction d'impôts, et celle-ci compensait
finalement la taxation du logement qui est importante (TVA de 20%).
Les partenaires du logement soulignent désormais les nouveaux
dispositifs encore peu connus chez
les investisseurs.
L'extension
du prêt à taux zéro
pour tout type de logement en fait partie (la
maison était sortie de ce dispositif, ndlr).
L'exonération de taxation de donation pour l'achat d'un logement
neuf, soit 100 000 euros de don, qui vient s'ajouter au
dispositif d'origine des 100 000 euros en 15 ans sans taxation
par donateur. Cette loi peut également participer à aider une
partie de la clientèle. Et enfin le
dispositif LLI (logement locatif intermédiaire),
qui a été étendu aux particuliers. «L'avantage avec le LLI est que
l'on peut acheter avec une TVA réduite à 10% contre 20%. Ce qui veut dire que le LLI vous coûte 22% moins», résume Pascal Boulanger. «C'est
le pendant du PINEL», insiste Jean-Michel Sède. La seule contrainte est qu'il faut
conserver le bien a minima 15 ans.
«En
Hauts-de-France, on connaît moins les mesures favorables aux
investisseurs. C’est une question de système grippé car il y a
une méconnaissance des dispositifs», regrette Pascal Boulanger.
Impact
sur l'emploi
Cette situation alarmante commence à se faire ressentir sur l’emploi régional. Sur les 128 000 emplois en Hauts-de-France jusqu'au mois mars, «on en avait perdu 1 000. Et aujourd'hui encore, nous constatons une sérieuse baisse» explique Benoit Loison, président de la FFB Hauts-de-France, avant de pointer un autre constat : «Le nombre de liquidations judiciaires a doublé sur les 24 derniers mois». «Les zones les plus compliquées en région sont la MEL. Les chiffres y sont catastrophiques sachant qu'elle était jusqu'à présent la turbine de la région», alerte de son côté Olivier Camau, directeur régional de la Banque des Territoires HDF. L'incertitude plane donc plus que jamais sur la filière régionale. «Nous sommes en panne depuis quatre mois, les foncières ne viennent pas, elles se tournent vers l’immobilier de bureaux. Le pire est devant nous», regrette le président national de la FPI.
