Delivrone : le service de livraison par drones prend son envol à Rouen

Après l'ouverture d'une première ligne régulière, la start-up rouennaise Delivrone installe un vertiport au centre hospitalier de Verneuil-sur-Avre.

Déjà 12 000 kilomètres ont été parcourus par le service de transport par drone. © Delivrone
Déjà 12 000 kilomètres ont été parcourus par le service de transport par drone. © Delivrone

Actualité chargée pour la jeune entreprise rouennaise Delivrone. La start-up, incubée à Innovapole et aujourd'hui hébergée au Village by CA, entre en effet en phase de développement. Après avoir mis en fonctionnement une première liaison de transport par drone entre Verneuil-sur-Avre et L'Aigle, elle devrait installer dans les jours qui viennent son premier vertiport.

L'idée est née suite au Covid. Le confinement a en effet donné un élan majeur au concept de livraison à domicile, et s'est rapidement posée la question de sa décarbonation. "A ce moment-là, il y avait une grosse demande, se rappelle Gautier Dhaussy, cofondateur de Delivrone. Mais une étude Amazon disait aussi que 70 à 80 % de nos colis font moins de 3 kilogrammes".

Dans ce contexte, utiliser des véhicules de plusieurs tonnes pour transporter de petits colis, "il y a une vraie inefficience, poursuit Gautier Dhaussy. Avec Pierre Lebel, mon associé, nous sommes assez vite arrivés à la conclusion qu'il fallait automatiser, pour décarboner le transport, surtout dans les zones rurales."

Une première ligne entre services d'urgences et laboratoire

Le drone s'est rapidement imposé comme une solution. Et contrairement à ce que pensaient les deux entrepreneurs, c'est le milieu médical qui, le premier s'est montré intéressé. Et pas forcément pour gérer des interventions d'urgence, comme la livraison d'un défibrillateur par exemple. L'enjeu est davantage dans l'efficacité des services.

Ainsi le centre hospitalier de Verneuil-sur-Avre a été séduit afin de gérer le transport des prélèvements vers le laboratoire d'analyses. C'est comme cela "que nous avons ouvert en octobre la première liaison régulière de drones médicaux en France, entre Verneuil-sur-Avre et L'Aigle, raconte le dirigeant de Delivrone. Elle assure cinq rotations par jour, cinq jours par semaine."

Gain de temps, efficacité et décarbonation

Le drone, qui a une capacité de transport de 3 kilogrammes, transporte de petits colis de moins d'un kilogramme. Des prélèvements de sang (12 grammes) ou de tissus principalement, dans des conditions minutieusement contrôlées pour s'assurer qu'aucune détérioration du matériau n'a lieu. "Parce que, bien entendu, il ne faut pas que le moyen de transport, même s'il est plus rapide et plus propre, ait un impact sur l'échantillon, ou fausse le résultat", poursuit Gautier Dhaussy.

Déjà 12 000 kilomètres ont été parcourus par le service. Et l'idée fait des émules. "On a une quinzaine de projets aujourd'hui en France pour des établissements de santé, à la fois des hôpitaux et des laboratoires de biologie médicale." Une fois le couloir aérien validé par les autorités, une première expérimentation est lancée dans l'établissement jusqu'à l'ouverture d'une ligne régulière. Si les lignes sont dans un premier temps en trajets programmés, l'objectif est d'aller progressivement vers du trajet à la demande, avec un drone capable de partir immédiatement après le prélèvement. "Nous avons tous attendu longuement dans un service d'urgences. Si on peut gagner du temps et gagner en efficacité…" remarque l'entrepreneur.

Un vertiport au centre hospitalier de Verneuil-sur-Avre

Le centre hospitalier de Verneuil-sur-Avre a été séduit afin de gérer le transport des prélèvements vers le laboratoire d'analyses. © Delivrone

Pour y parvenir, Delivrone a aussi imaginé un vertiport – un garage à drones – qui doit permettre une meilleure gestion de la maintenance des drones. Le premier exemplaire devrait être opérationnel dès le mois de mai au centre hospitalier de Verneuil-sur-Avre. "Ce serait une première en France", se félicite Gautier Dhaussy. "L'idée, c'est de mettre en place de la technologie supplémentaire pour que le drone soit prêt et opérationnel en toute circonstance."

Le déploiement de nouvelles lignes ainsi que la mise en service du premier vertiport ne sont pas sans conséquences pour Delivrone. Actuellement forte de 10 salariés, elle embauche de manière significative et envisage a minima de doubler les effectifs d'ici fin 2026. Une croissance pour le moment financée en fonds propres (avec des soutiens de BPI France et de la région Normandie), mais qui pourrait nécessiter des financements externes. "On a un profil de société qui est adapté aux levées de fonds. Là aussi, ce sont des sujets sur lesquels nous travaillons…" conclut le chef d'entreprise.

Pour Aletheia Press, Benoit Delabre