Durieu navigue vers un avenir radieux
Basée à Caudry, la PMI familiale qui a fêté ses 100 ans en 2023, conçoit des produits de haute technicité (peintures, vernis, lubrifiants, détergents...) destinés à protéger et embellir des supports. Le groupe Durieu, qui réalise 40% de son chiffre d'affaires à l'international, intervient dans de nombreux domaines, notamment sur les paquebots de croisière.

L'histoire de Durieu est digne d'un film. «Mon arrière grand-père a perdu toutes ses économies pendant la guerre puisqu’il faisait de l’import-export de houblon en provenance des États-Unis et le bateau a été coulé... Toute la fortune familiale s’est alors retrouvée au fond de l’océan», raconte Thibault Durieu, quatrième génération à la tête de l'entreprise familiale.
La suite s'écrit à Paris, dans une toute petite rue au
fin fond du 17ème arrondissement. «Mon arrière
grand-père a redonné un patrimoine à la famille en redémarrant
une activité autour des pièces automobiles pour les garages et mon
grand-père en a fait un business autour des produits lubrifiants
dégrippants». L'intéressé lance alors le premier dégrippant
sur le marché français ! La génération suivante se positionne sur
l'anticorrosion. «On a fait un recentrage de la société autour
de cette typologie de produits, et la société est donc arrivée en
très bonne forme dans les années 90».
Durieu est aujourd'hui spécialisée dans la cosmétique des
matériaux destinés à la protection, l'entretien et
l'embellissement des supports comme le métal ou le bois.
«Notre objectif est de les protéger contre les
agressions externes, que ce soit les intempéries ou les attaques
fongiques ou bactériennes», précise le chef d'entreprise.
Durieu Peinture s'est positionnée sur un marché de niche :
l'entretien des paquebots de croisière. «Les paquebots
circulent dans des zones où l'on a des UV ultra forts, de l’humidité
et du sel en permanence. Ce sont des cocktails qui donnent de la
corrosion et de la destruction de surface. Nos produits répondent à
cela, et c’est ainsi que nous sommes entrés sur le marché
américain. Petit à petit, nous essayons d’ouvrir le spectre», explique le dirigeant.

Indépendance
et restructuration en 2008
Thibault
Durieu reprend les rênes de la société familiale en 2001. Il
participe à la transformation de la société, la rend complètement
indépendante et internationale. «Chaque génération a
apporté sa touche. La société était complètement différente
quand je suis arrivée aux commandes, six fois plus petite avec une
trentaine de collaborateurs». La
particularité à l'époque est que l'entreprise se trouve sous
licence américaine. «Nous fabriquions des formules
sous leur contrôle pour une distribution vers la France puis petit à
petit, nous avons étendu notre périmètre». 2008 marque
un tournant majeur dans l'histoire de Durieu, qui devient totalement
indépendante en rachetant toutes les licences. «Ce qui nous a
amenés à construire un labo en R&D en France, et à se restructurer
pour assurer la pérennité de la société avec, notamment, le
recrutement d’ingénieurs». Soit un total de dix personnes actuellement.
Investissements
importants à venir à Caudry
En
2012, l'entreprise, qui est à l'origine basée en région parisienne
(site conservé à Bondoufle), fait le choix de s'implanter à Caudry. Ce site devrait monter en puissance et faire l'objet
d'investissements importants. L'entreprise prévoit en effet 7
millions d'euros d’investissements sous deux ans pour basculer de
plus en plus vers l’industrie 4.0. «Si on ne le fait pas,
on va avoir des soucis pour se projeter à l’international car la
compétition est forte».

Une
entreprise tournée vers l'international
Aujourd'hui, l'export représente 40% de son CA. «L’histoire de l’export est excitante. On a semé des petites graines un peu partout en fonction des opportunités qui se présentaient à nous ; ça a été vraiment un virage qui s’est construit au cours des 15 dernières années». Tout ce qui est exporté est essentiellement du made in France fabriqué à Caudry ou en région parisienne. Si l'Europe reste le premier marché, suivent les États-Unis et l'Asie. «Nous restons un petit acteur dans notre filière car on est positionnés sur des marchés de niche. En revanche, il y a peu de sociétés de notre taille à pouvoir dire qu'elles vendent à travers 60 pays», s'enthousiasme le patron. Le groupe compte également des filiales de distribution : deux en Espagne, une en Belgique, une au Royaume-Uni et une aux États-Unis.
Désormais, les
demandes affluent du monde entier, de l'Australie au Pakistan.
«L'idée est de servir à la fois le BtoB et le BtoC. Nous
avons un spectre très large...».

La
RSE au cœur de la politique
Durieu
place la R&D au centre de sa politique. «J’ai écrit
la première charte environnementale de la société en 2007, à
une époque où l'on ne parlait pas encore d’environnement comme
aujourd'hui». L'entreprise tente de réduire au maximum
son empreinte environnementale. Comment ? En travaillant
énormément sur le biosourcé. «Lorsqu’on a fêté notre
centenaire, on a sorti le premier dégrippant biosourcé à hauteur de 97%.
Cela a été une résonance particulière car la société a démarré
dans les années 30 avec ce produit là ! C'est un beau clin d’oeil
à l’histoire». Depuis, ce produit baptisé le rustol
est passé d’un taux de 48% à 92 % de biosourcé. «Tous
les efforts de R&D se concentrent pour optimiser et arriver sur
une empreinte environnementale la plus légère possible», conclut le dirigeant. «On se doit d’être toujours
confiants lorsqu’on dirige une société. C’est un environnement
complexe avec des règles de plus en plus contraignantes, mais on a la
chance nous de trouver de l’oxygène avec l’international. Nous
accélérons donc sur ces segments-là pour arriver à s’extraire
de ces pressions».