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Emploi des cadres : la confiance s’érode, la prudence s’installe
À l’approche de la fin d’année, le marché de l’emploi cadre reste en demi-teinte. Selon le dernier baromètre de l’Apec du 4ᵉ trimestre 2025, les entreprises comme les cadres abordent 2026 avec une confiance fragilisée. Entre climat économique morose, instabilité politique et investissements en berne, la prudence domine de part et d’autre avec des intentions d’embauche au plus bas et des intentions de mobilité qui stagnent côté cadres.
Seules 8 % des entreprises envisagent d’embaucher des cadres au quatrième trimestre, soit deux points de moins qu’il y a un an. Le recul est particulièrement marqué dans les ETI et grandes entreprises : 43 % d’entre elles prévoient de recruter, contre 50 % un an plus tôt. Cette tendance baissière se poursuit trimestre après trimestre depuis le début de l’année, confirmant les prévisions prudentes de l’Apec , Association pour l’emploi des cadres, publiées au printemps dernier. Le déficit de confiance des entreprises constitue un frein majeur à la relance de l’investissement – et donc à la création de postes.
Un climat des affaires englué dans la morosité
En cause, un climat des affaires dégradé depuis dix-huit mois consécutifs. L’industrie et le commerce de détail apparaissent particulièrement atones, tandis que les services ne profitent que d’une timide éclaircie. Malgré une croissance française qui résiste (+0,8 % de PIB attendu sur l’année), les fondamentaux économiques demeurent faibles : consommation des ménages molle (+0,5 %) et investissement des entreprises en recul (-0,9 %). L’Apec note que la confiance reste minée par « l’instabilité politique » et la succession de chocs d’incertitude. Pour les dirigeants, la visibilité sur les carnets de commandes se réduit : la confiance recule de six points en un an, tous secteurs confondus. L’industrie, la construction et les services à forte valeur ajoutée figurent parmi les plus touchés. Dans les TPE et PME, la préoccupation se déplace vers la trésorerie, souvent fragilisée par les retards de paiement.
Cadres : une mobilité en panne
Du côté des cadres, la confiance s’érode également. Seuls 18 % d’entre eux se disent confiants dans l’économie française, soit une chute de dix points en un an. Un quart (24 %) s’inquiètent désormais pour la pérennité de leur emploi, une proportion en hausse de trois points. Cette crainte est particulièrement marquée chez les moins de 35 ans (30 %) et dans les PME. Dans ce contexte, la mobilité se fige : 49 % des sondés jugent risqué de changer d’entreprise (+3 points sur un an). Ils sont aussi plus nombreux à penser qu’il leur serait difficile de retrouver un poste équivalent (58 %, +2 points).
L’aversion au risque s’exprime particulièrement chez les jeunes cadres. Traditionnellement plus mobiles, ils ne sont plus que 16 % à envisager de changer d’entreprise dans les trois mois à venir, contre 20 % un an plus tôt. Même l’attrait d’une meilleure rémunération s’effrite : seuls 38 % pensent pouvoir négocier un salaire supérieur, en cas de mobilité externe (-5 points). Les perspectives de carrière s’assombrissent également. Seuls 57 % des cadres se disent optimistes sur leur évolution professionnelle (-4 points), un recul plus net encore chez les 35-54 ans (-8 points). Les difficultés à se projeter dans un nouveau poste, conjuguées à la baisse de confiance dans les entreprises, contribuent à un gel relatif des mobilités. Ce climat de prudence pourrait peser sur la fluidité du marché de l’emploi cadre dans les prochains mois, estime l’Apec.
* Etude réalisée par la direction Données et études (DDE) de l’Apec. Elle repose sur deux enquêtes menées du 1er au 15 septembre 2025 : une enquête en ligne auprès d’un échantillon de 2 000 cadres et une autre téléphonique auprès de 1 000 entreprises.