Enedis : la transition écologique au cœur de la stratégie
Le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité joue un rôle majeur dans la stratégie nationale visant à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Comment cette entreprise à mission relève-t-elle les défis de la transition énergétique sur notre territoire ? Éléments de réponse avec Véronique Pauly, directrice régionale d’Enedis en Picardie.

Quelles sont les missions et valeurs qui guident Enedis ?
Enedis est le gestionnaire du réseau de distribution d'électricité sur 95% du territoire français. Depuis juin 2023, nous sommes devenus la première entreprise à mission du secteur de l'énergie. Cela signifie que nous ne sommes pas une entreprise comme les autres : nous voulons avoir un impact positif sur tous les territoires, qu'ils soient urbains ou ruraux. Par ailleurs, nous avons l'ambition d'être le service public préféré des Français au service de la transition écologique, ce qui implique d’être exemplaires dans toutes nos actions.
Quels sont les grands axes du «Projet industriel et humain», initié en 2020 par Enedis ?
La stratégie d’Enedis a été construite en écoutant les attentes des parties prenantes : nos salariés, bien sûr mais également nos clients, producteurs, industriels et les collectivités locales qui nous confient leur réseau. Très vite, nous nous sommes fixé des objectifs pour répondre à ces attentes : réduire les délais de raccordement pour les consommateurs ou les producteurs, rétablir l’électricité pour 90% de nos clients en 48 heures en cas de tempête, améliorer la satisfaction de nos clients. Et, enfin, réduire notre empreinte carbone de 20% en 2025.
Quels sont les grands projets menés en 2024 qui ont contribué à ces objectifs ?
En 2024, nous avons réalisé, par exemple, nos premiers chantiers bas-carbone, ce qui représente une centaine de kilomètres de travaux concernés. Concrètement, pour raccorder nos clients, nous devons creuser des tranchées pour passer des câbles. Sur 20 chantiers, nous avons fait le choix de réutiliser des terres excavées plutôt que de les évacuer par camions et de rapporter de la terre neuve*. Cela évite de nombreux allers-retours de camions et donc les émissions de dioxyde de carbone qui vont avec.
Nous avons également beaucoup travaillé sur la mobilité électrique. D'abord la nôtre, en «verdissant» notre flotte : aujourd'hui, plus de 33% de nos véhicules légers sont 100 % électriques. Nous sommes d'ailleurs la région de France qui a parcouru le plus de kilomètres en électrique ! Nous avons aussi soutenu l'implantation de bornes de recharge électriques partout en Picardie, en accompagnant aussi bien des initiatives portées par des collectivités que des opérateurs privés.
Un autre axe majeur a été le raccordement des énergies renouvelables. La Picardie est la première région productrice d’ENR avec près de 4 gigawatts raccordés à notre réseau, dont 96% d'éolien. Mais 2024 a marqué un tournant : nous observons désormais que la dynamique solaire dépasse celle de l'éolien. Cette progression concerne tous les segments, de l’autoconsommation individuelle et collective aux hangars agricoles, en passant par de grandes fermes photovoltaïques.
Allez-vous engager d’autres chantiers pour continuer à accompagner la décarbonation des usages ?
Pour accompagner l’électrification de notre région, nous prévoyons la construction de huit nouveaux postes sources d’ici 2030 et nous allons aussi renforcer les postes existants. Nos investissements dans ce domaine augmenteront de 30% ces deux prochaines années. Ils sont essentiels pour continuer à raccorder les ENR, mais aussi pour accompagner les industriels qui souhaitent passer des énergies fossiles à l’électricité. C'est le cas par exemple des sucriers, des fonderies, des verreries qui ont donc besoin de capacités d'électricité beaucoup plus importantes.
En 2025, nous poursuivrons notre action sur les trois grands volets que sont le raccordement de la production des énergies renouvelables, l’accompagnement de la mobilité électrique et la décarbonation des usages. Nous nous préparons également à travailler de nouveaux sujets comme le stockage de l’énergie ou l’hydrogène. Un autre défi majeur sera le développement des flexibilités. La situation étant parfois tendue entre les capacités de production et les besoins, nous cherchons à réguler intelligemment les appels de consommation ou la production sur le réseau.
Face à cette forte croissance, avez-vous des enjeux en matière de recrutement, sur le court comme le long terme ?
Nous prévoyons cette année 60 embauches en Picardie : 40 en CDI et 20 en alternance. Nos besoins vont du CAP jusqu'au Bac +5, avec une majorité de métiers techniques, mais aussi des métiers tertiaires. Pour préparer sereinement l’avenir et anticiper nos besoins, nous avons aussi signé des conventions avec trois lycées picards : Édouard Branly à Amiens, Condorcet à Saint-Quentin et Marie Curie à Nogent-sur-Oise. Ces partenariats, baptisés «École des réseaux pour la transition énergétique», permettent aux élèves de consacrer 30% de leur formation aux réseaux électriques. Nous formons les enseignants, équipons les salles de travaux pratiques, accueillons les jeunes en stage pendant 18 semaines et leur assignons des mentors. À la fin de leur parcours, s'ils le souhaitent et que tout se passe bien, nous les embauchons. Cette année, nous démarrons également une collaboration avec deux BTS électrotechnique sur le même principe.
*Le réemploi de terres excavées est contraignant. Il nécessite, notamment, de connaître leur nature pour s'assurer de répondre aux exigences de performance de remblaiement inscrites dans le règlement de voirie.
En chiffres
Enedis en Picardie :
- 814 salariés répartis sur 11 sites dans la Somme, l’Oise et l’Aisne.
- 115 millions d'euros investis sur le territoire en 2024
- 60 embauches prévues en 2025, 40 en CDI et 20 en alternance