Facturation électronique : le compte à rebours est lancé
La réforme de la facture électronique s’annonce comme un vrai tournant pour les cabinets d’expertise comptable. Entre adaptation des pratiques et formation des équipes, la préparation s’intensifie. Jacques Thomé, expert-comptable au cabinet BDL, décrypte les enjeux.
C’est une petite révolution administrative qui s’annonce pour septembre 2026. La généralisation de la facturation électronique concernera toutes les entreprises françaises, des TPE aux grands groupes. «C’est une réforme majeure, surtout pour les petites structures. Elle va transformer notre manière de travailler», explique Jacques Thomé, expert-comptable au cabinet BDL à Cambrai.
L’objectif de la réforme est double : simplifier les échanges administratifs et renforcer la lutte contre la fraude à la TVA. Aujourd’hui, entre les factures reçues par mail, par courrier ou via les portails fournisseurs, les circuits se sont complexifiés. «La facture électronique mettra fin à ce désordre. Chaque entreprise disposera d’un canal unique, une plateforme dédiée, pour recevoir et émettre ses factures. Ce sera plus fluide et plus sûr», explique-t-il.
Informer, rassurer, accompagner
Si la réforme a été repoussée à 2026, c’est aussi pour laisser le temps aux entreprises de s’y préparer. Mais sur le terrain, l’expert-comptable cambrésien constate que le sujet peine encore à s’imposer. «À part les gens déjà concernés, la plupart attendent. Tant qu’ils ne seront pas confrontés, ils repousseront.» Face à ce constat, le cabinet BDL a pris les devants. «Nous multiplions les actions de sensibilisation : petits déjeuners, afterworks, newsletters… Nous voulons éviter que les clients se retrouvent perdus au dernier moment». Les grandes entreprises seront prêtes mais le tissu local aura besoin d’un accompagnement personnalisé. «C’est notre rôle de les aider à franchir le pas, de les guider dans ce changement», détaille encore l’expert.
Une transformation aussi pour les cabinets
La facture électronique ne bouleverse pas seulement les habitudes des clients, elle redéfinit aussi le métier d’expert-comptable. «L’objectif n’est pas de supprimer nos missions, mais de les faire évoluer. Moins de saisie, plus d’analyse et de conseil», insiste Jacques Thomé. Au sein de BDL, les collaborateurs seront formés dès novembre à la facture électronique et à l’intelligence artificielle. «Nous voulons les amener à parler rentabilité, trésorerie, retraite, plutôt que de courir après une facture oubliée. C’est une vraie montée en compétences.»
Le cabinet a d’ailleurs commencé à moderniser sa relation client, en envoyant chaque mois un récapitulatif du chiffre d’affaires accompagné d’un graphique. «Les clients adorent, certains découvrent pour la première fois leur évolution de chiffre d’affaires. C’est tout bête, mais ça change tout». Selon l’expert, un client sur deux ne connaît pas son chiffre d’affaires.
Demain, la facturation électronique permettra de concentrer les échanges sur des sujets de fond : performance, gestion, stratégie. «Nous voulons déplacer les questions polluantes du passé vers des discussions plus utiles pour nos clients. La relation sera plus qualitative, plus proche de leurs besoins réels», estime Jacques Thomé.
Et pour ceux qui traînent encore des pieds ? «Ils n’auront pas le choix. Les chefs d’entreprise râlent souvent, mais ils s’adaptent toujours. Cette réforme ne leur fera pas perdre de temps, bien au contraire».
Maéva Asperti - Aletheia Press