Start-up
G-Equipment : L’art de sécuriser les productions
Relancer la fabrication de machines-outils en France, actuellement sous-développée. C’est le défi que s’est lancé Alex Grojean en créant en 2021, à Commercy, G-Equipment (sans le e -à l’anglaise). L’enjeu est de concevoir des équipements optimisés qui allègent la charge des opérateurs et renforcent l’efficience et la compétitivité, dans le cadre de productions de pièces
grands volumes.
Le marché de la machine-outil représente 3 % du PIB allemand et emploie plus d’un million de personnes, selon les données 2023 du syndicat professionnel des constructeurs de machines et d’équipements Outre-Rhin. Si la tendance est la même en Italie, ce n’est pas le cas en France qui malgré les ambitions affichées de réindustrialisation depuis quelques années ne parvient pas à insuffler une même dynamique ; la faute au retard pris depuis plusieurs décennies. C’est dans ce contexte qu’Alex Grojean a pourtant souhaité s’engager, partant d’un constat simple : «on est trop souvent confronté à des produits non aboutis qui ne répondent pas à toutes les exigences.» Lui a donc choisi d’apporter des solutions qui sont mises au service de la compétitivité et de l’efficience de l’entreprise mais également du confort de l’opérateur. À l’heure où les exigences clients visent aujourd’hui le 0 PPM ; valeur indiquant le nombre de pièces non conformes dans un procédé, l’outil vient soutenir le contrôle qualité et ainsi réduire le risque de défauts. Pour passer de la théorie à la pratique, Alex Grojean n’a pas eu à chercher longtemps pour identifier son premier client. Il s’est naturellement rapproché de son frère, Maxime, patron de la start-up Gaming Engineering créée en 2019 et spécialisée dans la conception et la production de solutions innovantes d'assemblages. Les difficultés de l’un ont offert des opportunités à l’autre de développer ses machines et outils qu’il a pu améliorer grâce à un suivi quotidien permettant «d’aller plus loin et plus vite avec un produit désormais abouti.» L’association entre les deux frères et les deux start-up constitue une «zone de sécurisation commune et une accélération du succès.»
La place centrale de la R&D
Dans la machine spéciale, «la R&D a une place centrale. L’enjeu est de construire des briques technologiques qui seront ensuite réutilisées dans un catalogue», analyse Alex Grojean. Pour y parvenir, les compétences de G-Equipment ont donc été mobilisées tant du côté matériel que des logiciels de contrôle. Selon le dirigeant : «Les machines performantes doivent permettre d’atteindre une plus-value avec une surveillance de la production, une autonomie des machines et enfin une meilleure qualité de production.» Dans cette quête de réduction des pertes et du taux de défaut, l’opérateur ne peut évidemment pas agir seul. Alors pour contrebalancer la formule bien connue : «l’erreur est humaine», la conception d’outils doit faciliter sa prise de décision afin que le technicien reste focus sur sa valeur ajoutée et que son attention ne soit pas perturbée. Gaming Engineering profite ainsi aujourd’hui de tout un environnement favorable grâce aux conceptions de G-Equipment que ce soient des logiciels qui ont été développés et qui permettent aux techniciens, grâce à une voix, de suivre tout un protocole. Ainsi, au lieu de passer quinze minutes sur ces contrôles, tout est vérifié en trois minutes chrono. Autre avancée technologique avec le lotifieur qui offre la possibilité de diviser la production en lots et ainsi de minimiser les défauts, quand la machine de tri optique va justement grâce à des prises d’images réduire à néant le risque d’erreur. Autant d’innovations qui ont permis à Gaming Engineering de décrocher des marchés sur la fabrication de pièces spécifiques quand aucun sous-traitant ne pouvait répondre et aucune machine n’existait sur le marché. Alex Grojean est parvenu à relever le défi, en imaginant une machine spécifique remplaçant une armée d’intérimaires qui ont dû contrôler près d’un demi-million de pièces à la main, en attendant la mise en service de ce nouvel équipement et du logiciel de tri-optique.
La course à l’efficience
Au moment où Gaming-Engineering voit son projet de première usine aboutir enfin, G-Equipment va être mise à contribution avec la volonté de développer de nouvelles fonctionnalités, de s’engager au cours des deux prochaines années dans une course à l’efficience autours de machines performantes. «Quand on atteint le 0 PPM, ce n’est pas le Saint-Graal. La qualité de la production est un marathon qui s’engage sur le long terme», tient à rappeler le jeune patron. Si actuellement sa société ne communique pas et ne dispose même pas d’un portail, c’est pour une bonne raison. Le développement d’une start-up industrielle demande du temps. Des étapes sont à respecter. Le plus important est de savoir répondre présent quand une offre industrielle se présente. Là, pendant deux ans, la bande passante est remplie. Quand l’usine de Gaming Engineering sera opérationnelle à Commercy, G-Equipment bénéficiera d’une vitrine -bien réelle- et pourra alors à son tour penser son développement et ses locaux.