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Getlink mise sur l’énergie solaire pour alimenter ses trains

Getlink prépare un projet solaire ambitieux visant à alimenter ses trains à l’aide de 80 000 panneaux solaires à l'horizon 2028. Le point sur cette initiative.

80 000 panneaux solaires seront installés sur le parking d'Eurotunnel. © Aletheia Press / M.Asperti
80 000 panneaux solaires seront installés sur le parking d'Eurotunnel. © Aletheia Press / M.Asperti

Eurotunnel s’apprête à installer un parc de 80 000 panneaux solaires d’ici 2028, une première mondiale visant à alimenter directement ses trains. Trois sites ont été retenus sur l’emprise de la concession : Coquelles (35 hectares), Fréthun (13 hectares) et Peuplingues (7 hectares). L’objectif : réduire l’empreinte carbone et diversifier ses sources d’énergie, tout en développant une compétence unique en matière de haute puissance électrique.

«Au total, 55 hectares de foncier seront valorisés pour produire une énergie locale, durable et sans impact sur le domaine public», explique Yann Leriche, PDG d’Eurotunnel. Les sites choisis se situent principalement sur d’anciennes friches ou des espaces ferroviaires inutilisés, sans impact pour le public. Par ailleurs, certains parkings seront équipés d’ombrières photovoltaïques, permettant de produire de l’électricité tout en offrant de l’ombre aux voyageurs.

Transformer le solaire en énergie ferroviaire

C'est un projet novateur au niveau national comme mondial. «Ce qui n’a jamais été fait, c’est d’utiliser de l’électricité faite par des panneaux solaires pour alimenter un système électrique de traction, et donc d’alimentation du tunnel», insiste le directeur général du groupe. Le défi est immense. Les panneaux produiront 48 GWh par an, soit l’équivalent de 12 % de la consommation du réseau de traction ferroviaire.

Pour garantir un approvisionnement constant, Getlink continuera de se ravitailler à 80% grâce au réseau RTE, alimenté lui-même par EDF (venant principalement de la centrale de Gravelines), mais aussi via un contrat d’achat d’électricité solaire auprès d’un tiers (PPA). «L’autoconsommation totale n’est pas envisageable : il faudrait installer encore plus de panneaux. De toute façon, le solaire ne produit pas en continu. La nuit ou par temps couvert, les performances chutent», explique Yann Leriche.

Le PDG insiste sur l’importance du mix énergétique. «Nous sommes déjà un transporteur décarboné, mais nous voulons aller plus loin : un kilowattheure issu d’EDF correspond à 52 g de dioxyde de carbone, alors qu’un kilowattheure solaire en émet deux fois moins.» Le projet s’inscrit également dans une stratégie de diversification énergétique, essentielle dans un contexte où l’achat d’électricité devient plus complexe pour les gros consommateurs.

Une volonté de rester local

Contrairement à la pratique courante, Eurotunnel ne confie pas ce projet à un prestataire externe. «La technologie de conversion du courant est chez nous, elle continuera à rester chez nous, sur le territoire. Nous voulons continuer à piloter, parce que nous voulons développer une compétence qui n’existe pas ailleurs», explique Yann Leriche. La question d’un éventuel brevet pour protéger ce savoir-faire est en cours de réflexion de la part des créateurs. Les études de faisabilité sont encore en cours, mais Eurotunnel prépare déjà le dépôt des permis nécessaires à l’installation des panneaux solaires.

Le calendrier prévoit une première phase administrative jusqu’en 2026, consacrée à la préparation des contrats, des cahiers des charges et aux consultations. La construction s’étendra de juillet 2026 à août 2028. Tandis que la mise en service progressive se déroulera de février 2027 à septembre 2028.

Un parc solaire de ce type est conçu pour durer 30 ans. «Passé ce délai, la capacité de production baisse d’environ 20 %. Il nous faudra alors décider si nous remplaçons les modules ou si nous procédons à des remises à niveau», conclut Yann Leriche. Eurotunnel espère devenir un modèle international. «On espère bien un jour être une référence et pourquoi pas l’exporter», conclut avec enthousiasme Yann Leriche.

Pour Aletheia Press, Maéva Asperti