L'agglomération de Chauny, un territoire qui repart vers l'avant
Proche du Saint-Quentinois, de l'Oise et de la Somme, la communauté d'agglomération Chauny Tergnier La Fère est la seconde du département de l'Aisne en nombre d'habitants. Ce territoire, historiquement industriel, touché par des délocalisations, tente de renouer avec cette histoire et veut profiter de sa situation géographique pour attirer à nouveau des entreprises. Dominique Ignaszak, président depuis 2020, fait le point sur la politique menée.

Quelle est la configuration de l'agglomération de Chauny-Tergnier-La Fère et quels sont ses atouts ?
L'agglomération comporte 48 communes et compte près de 56 000 habitants, c'est la seconde agglomération de l'Aisne en nombre d'habitants. Elle est située assez idéalement à un carrefour entre l'Oise et la Somme, et bien placée pour aller vers le Nord. Ses atouts sont l'économie avec la Vallée de l'Oise qui était la vallée de la chimie et de l'industrie, qui a souffert il y a 20 à 30 ans de délocalisations de grosses entreprises comme Thomson Nexans ou en chimie, Elf-Atochem qui est partie. Ce sont des milliers d'emplois qui ont été supprimés et cela a été le moment le plus dramatique de notre territoire. Derrière ça, il a fallu remonter.
Aujourd'hui, nous sommes repartis économiquement, les anciennes entreprises du secteur comme Maguin à Charmes, Choquenet à Chauny, Maréchalle pesage à Chauny, ont su se maintenir et même se développer. Nous n'avons plus de grosses entreprises mais plein de petites sociétés qui fonctionnent bien, d'autres s'installent et je dis toujours qu'un emploi gagné, c'est extraordinaire, il faut se battre à l'emploi près. La richesse d'un territoire passe par son économie. Qui dit économie dit emplois et des gens qui consomment sur place.
Quelles sont les actions mises en place pour soutenir l'économie locale ?
Nous mettons en place des aides économiques depuis de nombreuses années pour les entreprises, nous avons mis en place des pépinières et hôtels d'entreprises à Chauny, Charmes, La Fère et des villages d'entreprises avec le parc d'activités Chauny-Tergnier-La Fère, cela amène de l'emploi. Nos pépinières et villages sont remplis. Nous avons de belles sociétés qui s'étendent comme Camille Fournet à Tergnier qui fait de la maroquinerie et embauche régulièrement, et Vabel Cosmétique qui met en conditionnement des parfums et recrute également. Ce sont 300 à 400 employés, ce n'est pas rien. Nous avons aussi l'entreprise Voxens-Stelliant, un centre d'appels qui se développe avec plus de 150 personnes ou encore Metal industriel qui va changer de site. Nous avons eu la chance aussi que la SNCF réinvestisse dans son centre essieux à Tergnier, cela maintient l'emploi sur le territoire. Nous avons aussi à Beautor, l'entreprise Drekan Electromécanique, qui s'agrandit. Ces entreprises ont parfois du mal à trouver du personnel formé.
La formation, est-ce un souci sur le territoire ?
Oui, trouver du personnel formé, compétent est compliqué. Sur la maintenance industrielle, il y a des besoins mais aussi au niveau des cadres en chimie et en chaudronnerie. Nous avons un peu de mal à faire venir ce type de profils, ils préfèrent habiter dans de grandes villes ou centres urbains. Ce qui nous manque vraiment sur le territoire et on sent que c'est un handicap, c'est d'avoir un centre de formation aux métiers de l'industrie ou une école spécifique de formation. On aurait des jeunes qui viendraient sur le territoire, ça dynamiserait avec des logements, une spirale positive se mettrait en place. La formation est plutôt sur les grandes villes comme Saint-Quentin. Les entreprises qu'on rencontre nous parlent beaucoup de ces difficultés de recrutement. Elles demandent avant tout des gens courageux qui savent se lever, qui sont motivés, qui ont ces savoir-être.
Quelles sont vos ambitions en termes d'emploi ?
Nous voulons être partout sur les salons, dans les revues pour faire connaître notre territoire. Avec France Invest, nous recevons des porteurs de projets régulièrement et ils communiquent également sur notre agglomération. Nous recevons tous les porteurs de projets même ceux qui ne créent pas énormément d'emplois et ils ont une réponse directe. Nous donnons 10% de l'investissement pour une entreprise qui bâtit sur notre territoire donc nous pouvons donner, par exemple, au maximum jusqu'à 100 000 euros pour une entreprise qui investirait un million d'euros.
L'atout que nous avons, c'est le prix du m² qui est très attractif : sur notre zone à Tergnier, nous sommes à 10€ le m², ce qui est bien moins cher qu'à Saint-Quentin ou Compiègne. Nous avons aussi contrairement à d'autres territoires, du foncier disponible. Alors que la loi ZAN restreint les extensions des zones économiques, c'est vraiment un argument. Et puis nous sommes très accessibles avec un accès direct sur la 2x2 voies qui mène à l'autoroute. Nous aimerions aussi avoir la RN31 qui mène vers l'Oise et Noyon qui soit mise en 2x2 voies parce que ça n'est pas un atout. Le département de l'Oise qui en a quasiment la totalité, ne va pas forcément mettre de l'argent sur cette route hélas et les budgets se restreignent. Cela reste pénalisant pour nous.
Vous êtes proches du chantier du Canal Seine-Nord Europe, est-ce un atout ?
Nous sommes proches avec un port intérieur qui va être construit à Nesles et à la fois loin, nous ne voyons pas tellement les effets pour le moment de ce chantier, cela passe un peu au-dessus de nous. On espère que dans les mois et années à venir, on va en profiter en termes d'emplois et d'activité notamment. Et puis on espère que ce canal à grand gabarit va permettre de réduire le trafic de poids-lourds.
Vous veillez également au développement des services ?
Oui, nous avons une politique de rénovation de l'habitat importante partenariat avec l'Etat et l'Anah (Agence nationale de l'habitat) et cela permet aux particuliers de rénover leurs logements, de lutter contre l'habitat indigne et contre la précarité énergétique. Cela permet aussi de faire travailler les entreprises locales et c'est une boucle vertueuse. L'OPAH-RU (Opération Programmée d’Amélioration de l’Habitat et de Renouvellement Urbain multisites), c'est 126 000 euros par an. À coté de cela, nous veillons à apporter du service à la population à travers les France services et c'est attendu par les habitants. Les gens viennent se renseigner pour leur carte grise, leur pièce d'identité, on remplace un peu l’État parce qu'il n'y a plus rien... Et vous ne pouvez pas dire à tout le monde d'aller sur internet parce que beaucoup de gens ne savent pas bien l'utiliser. À Chauny, nous avons agrandi le France services tellement la demande est forte. Le service le plus demandé, c'est les retraites avec la Carsat mais aussi la CAF, beaucoup de gens dépendent d'aides sur notre territoire.
Nous avons aussi développé les centres de loisirs qui couvrent désormais l'ensemble du territoire, ce qui n'était pas le cas. Nous avons mis en place la location de vélos électriques pour les habitants, nous avons ajouté de nouvelles lignes de bus également. Nous avons aussi créé deux maisons de santé pluridisciplinaires à Sinceny et à Saint-Gobain, nous lançons une deuxième tranche à Sinceny pour 1,5 million d'euros. Ces MSP sont importantes pour le maintien du réseau de santé, celle de Sinceny est remplie de professionnels de santé.
Quelle est votre vision du territoire pour les prochaines années ?
On espère continuer à le dynamiser économiquement et remplir le parc d'activités de Tergnier, anciennement la zone Evolis. Il nous faut encore travailler l'attractivité du territoire, l'identifier et le démarquer pour attirer entreprises et emplois. C'est notre combat de tous les jours. C'est un job passionnant qui nécessite d'être présent tous les jours et je suis content de m'y consacrer totalement. On ne peut pas être à la fois dans une mairie, à la région et président d'une communauté d'agglomération si on veut bien faire les choses.
En chiffres
- 55 567 habitants
- 48 communes
- 1210 entreprises
Un espace pédagogique de gestion des eaux pluviales
La communauté d'agglomération Chauny Tergnier La Fère est devenue territoire pilote pour la lutte contre les inondations. Dans le cadre d’un contrat avec l’Agence de l’Eau Seine Normandie, un projet d’espace pédagogique a été lancé à Chauny pour former aux techniques alternatives, sensibiliser aux problèmes de gestion de l’eau et promouvoir de nouveaux projets liés à l’adaptation aux changements climatiques. Au total, dix installations sont à découvrir.
