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La Cour des comptes alerte sur la santé financière d'EDF

Dans un rapport adressé à la commission des finances, l'institution s'inquiète des perspectives financières de l'énergéticien public, appelant à une répartition claire de l'effort financier entre État, EDF et clients. 

La Cour des comptes en France s'inquiète de la santé financière d'EDF. © Sameer Al-Doumy
La Cour des comptes en France s'inquiète de la santé financière d'EDF. © Sameer Al-Doumy

Dans un rapport adressé à la commission des finances de l'Assemblée nationale, la Cour des comptes s'inquiète des perspectives financières de l'énergéticien public EDF, appelant à une répartition claire de l'effort financier entre ce dernier, l'État et les clients. Dans ce rapport, l'institution chargée de contrôler le bon usage des deniers publics observe qu'EDF est «confronté à d'importantes incertitudes sur sa capacité de financement à long terme», alors qu'il fait face à des besoins d'investissement atteignant 460 milliards d'euros entre 2025 et 2040.

Dans ce contexte, le modèle de financement d'EDF devrait, pour préserver une trajectoire financière soutenable pour le groupe, «être défini à partir d'une répartition claire de l'effort financier entre l'État, désormais actionnaire unique, EDF et les clients finaux», estiment les magistrats. Dans le détail, EDF prévoit d'allouer 90 milliards d'euros à la maintenance et la prolongation du parc nucléaire existant, 115 milliards d'euros pour la construction de 14 EPR 2 (dont 75 pour les six premiers), 15 milliards d'euros pour le parc hydraulique ou encore plus de 100 milliards d'euros sur le réseau d'Enedis, gestionnaire du réseau de distribution d'électricité.

Dans le même temps, la rentabilité d'EDF va être davantage exposée «aux aléas d'évolution des prix de marché de l'électricité», avec la fin du système régulé dit Arenh, prévue fin 2025. EDF entend remplacer ce système par des contrats de moyen et long terme avec les fournisseurs d'électricité et les entreprises, dont les industriels très énergivores. La Cour des comptes note par ailleurs que la capacité d'EDF à investir va être conditionnée par les performances opérationnelles du parc nucléaire et la réussite de la prolongation de sa durée de vie.

Partage des risques

L'instance préconise alors de fixer, préalablement à la décision finale d'investissement du programme des EPR2, les modalités de partage des risques entre l'État et EDF. Le devis final d'EDF sur son programme EPR2 doit être connu à la fin de l'année. La Cour des comptes appelle également à préciser la politique de dividendes qui sera appliquée à EDF et préconise au groupe de procéder à une revue stratégique des investissements, participations et filiales. Des cessions, totales ou partielles, de participations et filiales constitueraient un levier de financement du programme d'investissements du groupe, notamment «dans des scénarios de prix les plus défavorables», argumentent les magistrats de la Cour des comptes.

Depuis son arrivée début mai, le PDG d'EDF Bernard Fontana a déclaré vouloir donner la priorité aux investissements et actifs (nucléaires, renouvelables, etc.) en France alors que le groupe doit répondre à un vaste programme de relance du nucléaire voulu par l'État français. Lors d'une audition le 30 avril dernier devant les députés, il avait notamment déclaré : «Pour que l'équation tienne, il faudra, selon moi, donner la priorité aux investissements en France et être attentifs à la rentabilité et au partage des risques pour les engagements à l'international». «Des cessions pourraient être envisagées, alors qu'EDF s'engage dans un programme historique d'investissements», avait-il encore indiqué.

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