La recyclerie d'Oisemont, exemple concret du soutien de l'Europe
Dans le cadre du Joli Mois de l’Europe, le conseil départemental de la Somme a visité la recyclerie de Oisemont, portée par l’APFE. Une visite teintée d’inquiétude face à la possible renationalisation du Fonds social européen + en 2027.

Initié en 2013, le Joli Mois de l’Europe a vocation à mettre en lumière les initiatives locales bénéficiant d’un soutien européen. «On a trop souvent l’impression que l’Union européenne est une énorme machine technocratique, très éloignée des préoccupations des citoyens. Elle est, au contraire, très présente dans notre quotidien. Il est important de le rappeler régulièrement», explique Isabelle de Waziers, première vice-présidente du Département de la Somme, en charge des finances et de l’Europe.
Pour illustrer les effets concrets des politiques européennes à l’échelle locale, la collectivité organise donc, autour du 9 mai – Journée de l’Europe célébrant la paix et l’unité sur le continent –, des visites de structures bénéficiant de fonds européens. Après les Astelles et la Recyclerie du Vimeu, Isabelle de Waziers s’est rendu à la recyclerie d’Oisemont, structure gérée par l’APFE, l'Association de promotion et de formation à l’emploi.
Un soutien actif à la réinsertion
Les Départements sont chargés de la gestion du Fonds social européen + (FSE+), dont l’objectif est d’aider les citoyens les plus précaires à retrouver une insertion professionnelle. «Il contribue réellement à la cohésion sociale et au développement de notre territoire. Grâce à lui, nous accompagnons nos ateliers et chantiers d’insertion», précise Isabelle de Waziers. Dans le cas de l’APFE, ce fonds soutient deux recycleries, un chantier d’aménagement des espaces publics (lié par une convention avec la mairie de Poix-de-Picardie), le chantier itinérant AC2i, ainsi qu’un chantier de transport solidaire. «Sans ce soutien, qui nous permet d’employer 64 salariés en insertion et une douzaine de permanents, je pense que nous n’arriverions pas à survivre», souligne Sandrine Boulanger, coordinatrice des chantiers d’insertion de l’APFE.
À la recyclerie d’Oisemont, qui propose un large choix d’objets de seconde main, huit personnes bénéficient actuellement d’un accompagnement renforcé. La structure peut compter sur le soutien de plusieurs partenaires, comme la ville de Poix-de-Picardie, le Département, ou encore des subventions ponctuelles de l’ADR ou d’EDF pour l’achat de matériel. De son côté, le FSE+ a permis, en 2024/2025, de financer l’accompagnement individualisé vers l’emploi (97 330 € auxquels s'ajoute une participation complémentaire de 215 470 €), de soutenir l’encadrement technique et l’accompagnement socioprofessionnel des ACI (81 694,50 €). LE FSE+ contribue également à hauteur de 60% au salaire d’un chargé de relations entreprises, soit 1 400 €.
Vers une renationalisation du FSE+ ?
Si la gestion du FSE+ par les Départements est assurée jusqu’en 2026, l’État peut décider de renationaliser cette compétence à partir de 2027. «C’est une très, très grosse inquiétude. Nous avons d’ailleurs signé une déclaration commune avec les cinq Départements des Hauts-de-France, la Région, la métropole européenne de Lille et la métropole d’Amiens pour alerter le gouvernement, mais aussi l’Europe», confie Isabelle de Waziers, qui insiste sur la pertinence de l’organisation actuelle. «Nous sommes à l’écoute des acteurs locaux, que nous connaissons parfaitement. Nous mesurons la valeur du travail accompli», ajoute-t-elle, craignant qu’une renationalisation n’entraîne une réorientation partielle des fonds.
Isabelle de Waziers rappelle par ailleurs que les dépenses sociales, dont l’insertion, représentent actuellement 65% du budget du Département. «Si demain, on nous retire le FSE+, in fine, une partie des actions ne seront plus financées. Et derrière cela, ce sont aussi des expertises qui disparaîtraient, alors qu’elles permettent à des personnes de retrouver un emploi», s’insurge-t-elle. Une inquiétude partagée par Sandrine Boulanger, qui redoute de devoir chercher de nouvelles sources de financement, revoir l’organisation de la structure, voire réduire le nombre de personnes accompagnées. «Pour nous, les conséquences seraient immédiates», conclut-elle.