La zone de Port-Jérôme cultive le concept de symbiose industrielle
La bioraffinerie de Tereos à Lillebonne se prépare à fournir son nouveau client et futur voisin ; Futerro. Une dynamique territoriale dont sont venus s'enquérir Hervé Morin et Virginie Lutrot, le 7 novembre.
«Je n'étais jamais venu. C'est pourtant une entreprise emblématique du territoire.» Le président de la Région, Hervé Morin était en visite à l'usine Tereos de Lillebonne le 7 novembre dernier, accompagné de Virginie Lutrot, présidente de Caux Seine Agglo. Pas d'annonce, ni de scoop. Mais une bonne raison tout de même : l'arrivée annoncée du belge Futerro sur la zone industrialo-portuaire de Port-Jérôme. «Un dossier sur lequel on doit s'investir tous les jours», souffle Hervé Morin. Si cette arrivée concerne autant Tereos, c'est parce que l'agro-industriel fournira demain le dextrose nécessaire à la fabrication de l'acide polylactique (PLA), base du biopastique produit par Futerro.
200 000 tonnes de blé supplémentaires
«Voilà un exemple parfait du concept de symbiose industrielle, s'est félicité l'élu régional. C'est la présence de Tereos qui a conduit Futerro à choisir la France plutôt que les Etats-Unis pour l'implantation de son usine. C'est la présence d'autres industriels qui en fait un projet légitime.» Au total, ce sont 150 000 tonnes de dextrose qui devront transiter, par un pipe-line d'un peu plus d'un kilomètre, entre les deux usines.
Pour atteindre ces volumes, Tereos investit plusieurs millions d'euros dans celle qui reste la plus grosse bioraffinerie du groupe (350 millions d'euros de chiffre d'affaires et 180 salariés). Objectif : transformer 200 000 tonnes de blé supplémentaires, soit une hausse de 20 % par rapport à l'activité actuelle. «Aujourd'hui, nous transformons 800 000 tonnes de blé par an. Avec ce partenariat, nous devons monter au million de tonnes», précise Pascal Noël, directeur de l'usine Tereos Lillebonne.
Le blé restera majoritairement normand, comme c'est le cas depuis le rachat de la société d'éthanol de synthèse (Sodes) par Tereos en 2004, qui s'approvisionne chez Senalia. «Les approvisionnements ne poseront pas de problème. On ne manque pas de blé en France», sourit Pascal Noël.
Dextrose, solubles de blé et e-SAF

L'entreprise espère, en revanche, beaucoup de l'extension du terminal fluvial de Radicatel. 50 % de ses approvisionnements se font en effet par le fleuve depuis Rouen. Et 50 % de sa production quittent l'usine par la même voie. «Ce sont les pellets de gluten que l'on expédie par le fleuve. 65 000 tonnes par an, soit un bateau par semaine», compte Pascal Noël. En-dehors du développement de ce débouché "dextrose", Tereos explore d'autres pistes, notamment des solubles de blé destinés à produire une "protéine animale durable", mais aussi du e-SAF, du kérosène de synthèse biosourcé pour alimenter les aéroports parisiens.