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Le budget de la Sécu adopté à l'Assemblée, victoire cruciale pour Lecornu

Les députés ont adopté de peu mardi le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026, une victoire cruciale pour le Premier ministre Sébastien Lecornu, qui gagne son pari dans une Assemblée sans majorité et sans avoir utilisé le 49.3.

Le Premier ministre Sébastien Lecornu. © AFP
Le Premier ministre Sébastien Lecornu. © AFP

Les députés ont adopté de peu (247 voix contre 234) mardi 9 décembre au soir le projet de budget de la Sécurité sociale pour 2026. Le Premier ministre Sébastien Lecornu gagne ainsi son pari dans une Assemblée sans majorité et sans avoir utilisé le 49.3. Il a salué une "majorité de responsabilité" qui a permis l'adoption du texte, et des députés exerçant de "manière nouvelle leur rôle de législateur", en l'absence de 49.3, retiré de l'équation en échange d'une non-censure des socialistes. "Cette victoire est d'abord celle du Parlement", a abondé le patron du PS Olivier Faure, l'autre responsable politique qui aurait été particulièrement impacté par un échec. L'issue du vote était particulièrement incertaine du fait du refus affiché par les dirigeants des Républicains et d'Horizons de soutenir le texte.

Macronistes et PS pour, la droite divisée

- Et malgré les critiques acerbes du patron du parti Bruno Retailleau, 18 députés LR ont voté pour le texte (3 contre, 28 abstentions). 

- "Ce budget n'est pas à la hauteur des enjeux qui se dressent devant nous", a pour sa part estimé le chef du groupe Horizons Paul Christophe. 

- Au bilan le projet de loi a été soutenu très largement par Renaissance et le MoDem (unanimement pour), le PS (63 pour, 6 abstentions) et les indépendants de Liot (20 pour, deux abstentions).

- Le gouvernement a aussi multiplié les gestes ces derniers jours pour obtenir la clémence des écologiste, qui se sont majoritairement abstenus. 

- A contrario, l'alliance RN-UDR et les Insoumis ont été unanimes dans leur opposition. Mathilde Panot, cheffe du groupe LFI, dénonçant un "changement d'alliance" des socialistes, et appelant les écologistes à renverser leur position d'ici le vote définitif.

Lire aussi : Budget de la Sécu : le gouvernement multiplie les mains tendues

Lecornu renforcé 

Nommé il y a trois mois à Matignon, Sébastien Lecornu sort provisoirement renforcé de ce scrutin à haut risque. Alors que la question de son départ aurait immanquablement été posée par un rejet, sa méthode des "petits pas", élaborant des compromis au jour le jour pour passer les obstacles un par un, s'est finalement montrée payante.

Pour l'Assemblée, qui fonctionne sans majorité absolue depuis 2022, il s'agit aussi d'une étape dont beaucoup doutaient qu'elle puisse être franchie, alors que l'examen s'est fait dans des délais contraints et un hémicycle ultra-fragmenté.

Si le texte est définitivement adopté, le déficit de la Sécurité sociale prévu l'année prochaine est estimé à 19,4 milliards d'euros. Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu, au grand dam notamment d'Horizons.

Au-delà de la Sécurité sociale, qui célèbre ses 80 ans, l'enjeu porte aussi sur toute la séquence budgétaire. Au gouvernement, on considère que l'adoption du budget de la Sécu pourrait entraîner une dynamique positive pour celui de l'Etat, actuellement au Sénat et sensiblement plus difficile à faire adopter, en l'absence d'une mesure aussi forte que la suspension de la réforme des retraites. "Ce sera difficile", a d'ailleurs reconnu mardi Sébastien Lecornu.